LA BIRKAT COHANIM à Tunis, par Claude Sitbon

LA BIRKAT COHANIM à Tunis, par Claude Sitbon

Les sociologues appellent les Juifs très assimilés, les Juifs de Kippour. Un jour, lors d’un colloque, j’avais forgé une expression : j’avais dit que chez les Tunes on les appellerait les Juifs de la Seoudat Ytro - la fête des garçons - et de Roch hodech elbnat -la fête des filles.

Pourquoi cette expression car chez les Tunes on tient énormément à la tradition, aux coutumes c’est ce dernier fil rouge qui les relient au judaïsme...

Ainsi à Pessah, à un moment de leur histoire, les Tunes ont été obligés de manger du riz et bien ils ont fait de cette coutume une loi. Les rabbins leur disaient : el minhag yerlebe el dine qui veut dire la coutume a force de loi.

Une fois que vous savez cela, vous comprendrez que pour les Tunes qui ont célébré Kippour à Tunis, en Tunisie, le moment le plus fort était, au moment de la neila, la birkaat cohanim sous le taleth familial.

On se retrouvait tous, avec nos beaux habits, sentant la main paternelle, se retrouvant des fois après s’être bagarrés, frères et soeurs, dans une magie unique d’émotion, de sérénité et d’un bonheur tel qu’il représente notre madeleine, notre paradis perdu. La Méditerranée traversée, cette coutume continua à être conservée avec un rare bonheur jusqu’au moment où la communauté juive française devint plus orthodoxe et ils décidèrent pour les Tunes que c’était la loi qui primait.

Et c’est un combat dans certaines synagogues qui verra, hélas, la disparition de ce moment d’éternité, dilemme véritable.

Dans Regards sur les Juifs de Tunisie, paru chez Albin Michel, que j’ai écrit avec Robert Attal, à la page 20, nous avons publié une photo datant de 1955, montrant sur le parvis de la Grande synagogue de Tunis, la birkat cohanim illustrant la réalité juive en Tunisie.

On est en droit de se demander si tous les grands rabbins et sages de Tunisie ont laissé perpétuer cette belle coutume, n’est-ce pas insulter leurs mémoires que de supprimer ce fil tenu, qui pour de très nombreux Tunes est le dernier lien avec la communauté.

C’est une grande responsabilité qu’ont pris certains rabbins en oubliant que le minhag, la coutume, a force de loi tout au long de l’histoire. Je vous dis, que moi, à ce jour, à Tunis, Sarcelles, Jérusalem, Herzlia je conserve cette belle coutume.

Claude Sitbon

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Suite à la publication d'une photo de la bénédiction des Cohen le jour de Kippour à la synagogue de la rue de la Loire à Tunis 

J'ai écrit : "…Je continue à faire la bénédiction à Keter Tora à Natanya ... Envers et contre tous ... Depuis les 23 ans que notre syna existe...
KMARA 'AM AKHOR"
A cela Miro Haddad a écrit : "…Moi aussi mais on se fait engueuler comme si on avait violé quelqu'un …"
Voici ma position à ce sujet …
Chers amis … Quand un homme bénit sa femme et ses enfants, filles et garçons, il ne viole personne ...
Allez expliquer à ces gueulards que beaucoup d'ex-jeunes (filles et garçons) qui ont grandi sous le Talith de leurs pères, gardent des souvenirs indélébiles de leur enfance juive même si ces mêmes personnes ne sont pas aujourd'hui religieuses.
Ce sont ces petits détails, très importants, qui ont fait que nous trouvons auprès du judaïsme sépharade une grande gamme de "gris" entre les religieux ("noir") et les non-croyant ("blanc") d'origine juive.
C'est ce judaïsme tunisien tolérant, sans être réformiste loin de là, qui a permis à des dizaines de milliers de juifs de continuer à l'être, bien qu'ils n'aient de compte à rendre à personne.
Il y a un peu plus d'un an, le ministre israélien de l'éducation, Naftali Bennett a perdu son père. Lors de l'oraison funèbre il avait dit aussi cela à la mémoire de son père défunt : "… Papa, tu ne sais peut-être pas quel plaisir et comme on s'amusait, mon frère et moi, quand nous étions sous ton Talith lors de la Bénédiction des Cohen. On riait, on se taquinait … mais nous nous souviendrons toujours de ces moments "sous ta protection" …".
Chers amis, continuez à bénir vos familles en essayant d'éviter pour le mieux toute provocation. Respectez les autres et j'espère qu'ils vous respecteront … Sans toutefois négliger les coutumes.
Cette bénédiction est un moment d'union familiale, un moment de proximité du père, un moment de chaleur affective et physique, un moment sécurisant pour l'enfant, un moment qui n'a pas d'egal et que nous devons sauvegarder.
Et ne l'oublions pas, c'est au moment où on arrive presque à la fin de ces 25 heures de jeûne.
Chana Tova et très bonne continuation des fêtes.

Victor Hayoun

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