Maurice (Maurice) le dimanche 04 février 2007 - 09h43:
cacouboulou ce que je veux dire qui depasse ton premier degre; c'est que si les Lumires que la France a apporte; malheureusement en meme temps que le protectorat en 1881 les HARISSIENS auraient connu la DIMMITHUDE de 1860 lire cet article
Lu sur Canadian Jewish News : “Dans le monde arabo-musulman, c’est le pire de l’islam qui arrive aujourd’hui”, lance en entrevue l’un des meilleurs specialistes de l’islam et de la culture arabo-islamique, l’ecrivain et poete Abdelwahab Meddeb. Auteur de plusieurs essais tres remarques sur l’islam et l’islamisme, dont La maladie de l’islam (editions du Seuil 2002), ce brillant penseur musulman, natif de Tunis, vient de publier aux editions de Seuil un livre de reflexions remarquable, Contre-Preches. Chroniques. Un requisitoire cinglant contre l’islamisme radical. Entretien.
Par Elias Levy
Canadian Jewish News
epuis plusieurs annees, vous etes l’un des rares intellectuels musulmans adenoncer la perniciosite du discours islamiste.
Abdelwahab Meddeb: Le discours islamiste est tellement elementaire qu’il n’a pas besoin d’etre deconstruit. Deconstruire l’islam peut-etre, mais pas l’islamisme, parce que l’islam c’est un peu plus sophistique. On ne peut deconstruire que les discours sophistiques. La rhetorique islamiste, il faut la denoncer tout betement, c’est tout.
C.J.N.: Selon vous, l’islamisme est en train de faire des ravages dans le monde arabo-musulman.
A. Meddeb: C’est le pire de l’islam qui arrive aujourd’hui. C’est loin d’etre une fatalite. Les gens veulent atout prix nous dire que l’islamisme c’est l’islam. Je ne partage pas ce point de vue, mais il se trouve que les echecs, les clotures, les possibilites epuisees ou evitees ont conduit au pire. En ce debut du XXIe siecle, c’est la pire interpretation de l’islam qui est en train de triompher. L’islamisme est une interpretation possible de l’islam qui a existe atravers l’Histoire, qui a ete tres souvent minoritaire, qui a ete par moments mise en oeuvre au niveau etatique. C’est ce pire-laqui arrive desormais. J’ai beaucoup de craintes pour l’avenir immediat. J’ai tres peur. Je pense qu’on n’a pas encore atteint le pire et qu’au pire il y a encore pire.
C.J.N.: L’ideologie islamiste ne puise-t-elle pas sa legitimite dans les echecs cuisants qu’ont connus ces dernieres decades les pays arabo-musulmans?
A. Meddeb: Absolument. La pire interpretation de l’islam ne triomphe qu’avec l’echec. Je suis tombe recemment sur le texte d’un clerc egyptien, Chahrawi, qui n’est meme pas considere comme un extremiste mais qui fait partie de ceux qui ont ete profondement marques par la lecture islamiste de l’islam. La lecture rigoriste que les islamistes font des textes coraniques est en train de contaminer le sens commun islamique. Chahrawi benit la defaite du president egyptien Nasser en juin 1967. “Sans cet echec de Nasser, l’islam pur n’aurait jamais prospere”, dit-il. La victoire du mouvement laïc arabe aurait ete le tombeau de toutes les entreprises des interpretes islamistes de l’islam.
C.J.N.: Au niveau politique, les pays arabo-musulmans ne sont-ils pas confrontes aun grand dilemme: des qu’ils jouent avec pusillanimite la carte de la democratie, les partis islamistes remportent haut la main les elections? Ne s’agit-il pas d’ un cercle vicieux?
A. Meddeb: Ce n’est pas un cercle vicieux, c’est un manque de savoir faire politique et un manque de maîtrise de la politique comme technique. Il faut savoir tirer la leçon que nous enseigne l’Histoire des nations. Hitler est arrive au pouvoir par la voie democratique. Apres l’effondrement du IIIe Reich et la fin du national-socialisme, l’Allemagne, completement defaite, a cree juridiquement une Loi fondamentale. Deux clauses cardinales de la Loi fondamentale allemande stipulent que: si un parti politique ne fonctionne pas democratiquement, il ne peut pas pretendre au jeu democratique, et si un parti politique ne croit pas ala democratie et al’alternance, il ne peut pas participer au jeu democratique.
Si des dispositions elementaires de ce type-laavaient ete inscrites dans la lettre du droit en Algerie comme en Palestine avant de proceder ades elections, on aurait pu immediatement decreter la non-constitutionnalite d’un comportement politique totalement irrationnel. Le Front Islamique du Salut -FIS- en Algerie participa aux elections tout en declarant sans ambages dans ses meetings: “La democratie nous n’y croyons pas, le jour ounous arriverons au pouvoir tout cela sera extirpe, ça n’appartient pas al’islam”. Les islamistes algeriens ont participe acette joute electorale et l’ont gagnee. En Palestine, le meme scenario s’est produit. elire le Hamas, c’etait mettre fin ala viabilite politique de l’Autorite Palestinienne. Les Musulmans doivent cesser d’etre naïfs et de se raconter des histoires sordides!
C.J.N.: L’antisemitisme n’est-il pas l’un des principaux credos de l’islamisme?
A. Meddeb: Il convient de rappeler que l’antijudaïsme s’est exerce dans la tradition islamique atravers la frequentation de Juifs doublement amoindris: par l’exil qui les excluait de la souverainete et par le statut juridique inferieur qu’accordait l’islam aux minorites constituees par ceux qu’il appelle les “Gens du Livre”. Tandis que l’antisemitisme actuel s’exerce face ades Juifs qui ont retrouve en Israel une souverainete dont le prix fut la quasi-desertion des cites issues de l’arabite et de l’islam. Cet antisemitisme a pour sujet un Juif absent, qui n’est plus connu, dont la presence immemoriale est oubliee. Il s’agit de la haine d’un Juif fantasmatique, nourri par les images televisuelles montrant une puissante et feroce force soldatesque, qui, aux yeux de la grande majorite des Musulmans, tue sans etat d’âme des freres desarmes qui en sont reduits alancer des pierres.
C’est pour cette raison que la lutte contre l’antisemitisme tel qu’il se manifeste aujourd’hui en Terre d’ islam doit proceder aune anamnese et restaurer la memoire de la convivance judeo-arabe, sans occulter les evenements qui ont accompagne le commencement islamique. atravers l’implication de sujets islamiques dans les manifestations antisemites actuelles, en France et ailleurs, la pedagogie pour lutter contre leur emergence devrait etre elargie au referent islamique proprement dit pour gagner en efficacite. Peut-etre conviendrait-il d’enrichir la substance didactique de cette pedagogie en rappelant les moments heureux, de reussite juive, dans l’histoire de l’islam.
C.J.N.: La “convivencia” judeo-arabe en Terre d’islam n’est-elle pas un mythe?
A. Meddeb: Le probleme a ete doublement surdetermine par la question coloniale et l’acculturation des Juifs autochtones, que je comprends du reste personnellement puisque moi aussi je suis un occidentalise, un acculture, meme si je garde un lien tres fort avec la culture islamique. Toute personne qui opte pour la modernite, trahit la culture traditionnelle alaquelle il appartient. C’est une condition, mais dans le contexte colonial c’etait problematique, c’etait surdetermine. Cette realite sociale incontournable a separe une bonne partie des Juifs du corps national.
S’ajoute aussi une autre surdetermination: la question d’Israel, qui a ete tres difficile. Cette concurrence de deux nationalismes, vecue par le monde arabe comme quelque chose d’intempestif puisqu’on etait au temps des decolonisations, a ete perçue comme un phenomene colonisateur. Il y a un enorme travail aconduire sur soi pour interioriser profondement la legitimite d’Israel et, dans le cadre de cette legitimite, la creation d’un etat palestinien apaiserait probablement les consciences. Il faut qu’on sorte totalement de la primaute de la reference islamique dans des etats modernes pour que nous retrouvions la convivance avec les Juifs dans des pays comme la Tunisie ou le Maroc, oules Communautes juives autochtones, qui etaient tres importantes, ont fortement participe aussi bien al’histoire qu’ala culture de ces contrees.
C.J.N.: L’islamisme ne se nourrit-il pas de la misere sociale et economique qui sevit aujourd’hui dans la majorite des pays arabo-musulmans?
A. Meddeb: Oui et non. Regardez par exemple l’Arabie Saoudite, qui est un pays tres prospere,
mais profondement marque par une interpretation islamiste. Les Saoudiens sont coinces, ils ne savent pas quoi faire entre leurs alliances occidentales et leur dignite d’etat, qui recuse le terrorisme. Mais, en meme temps, le terrorisme islamiste ce n’est que le passage al’acte de ce qui est depose comme valeur dans la tete de chaque Saoudien, aussi pacifique qu’il puisse etre. Si l’on croit acertains versets coraniques, on n’a qu’aaller tuer des Juifs et des Chretiens laouil en trouvera, ne cessent de claironner aux Saoudiens les islamistes. Je pense que l’antidote principal et essentiel c’est de ne pas etre intimide, de ne pas etre marque par la lâchete et d’avoir le courage de faire une critique radicale et tranchante de l’islamisme. Une critique qui n’abdique pas face ala terreur. Nous savons que l’Histoire a ainsi fonctionne. Meme si au depart nous avons affaire ades textes qui circulent dans un cercle tres limite, toute l’Histoire s’est faite dans ce jeu d’osmoses et de vases communiquants entre l’elite et le peuple. Il ne faut pas que l’elite qui pense abdique. C’est mon point de vue, c’est pour cela que je n’abdique pas.
C.J.N.: L’islamisme ne fait-il pas chaque jour de plus en plus d’emules en France et en Europe?
A. Meddeb: En France, la situation est complexe. Il y a la question explosive des banlieues, oudes jeunes beurs arabes se sentent abandonnes par tout le monde. Or, des qu’il y a abandon, le message islamiste est tres facile atransmettre. Mais laencore, ce n’est pas une fatalite, le jeu democratique permet d’etre actif. Des jeunes des banlieues sont conscients de ce qui se passe. Plusieurs d’entre eux sont parvenus ase depetrer de ce bourbier en reussissant brillamment dans leurs etudes. L’ecole, le travail, le retour al’esprit republicain peuvent aider les choses en France. Je ne suis pas tres pessimiste, meme si je sais que les islamistes ont mis en oeuvre une strategie de conquete qui commence par la conquete des consciences au sein des communautes islamiques d’Europe. Il y a aujourd’hui toute une strategie islamiste al’echelle de l’Europe qui essaie de jouer afond la carte de la democratie, de voir ouse trouve les failles, de grignoter dans l’edifice du Droit… Nous devons etre tres vigilants.
Mais ce qui m’inquiete le plus, c’est la situation qui prevaut dans des pays comme le Maroc ou la Tunisie, qui ont des potentialites d’ouverture tres fortes, et oul’islam officiel ne se detache pas d’une maniere aussi tranchee que je le souhaiterais de la propagande islamiste. J’aurais voulu voir les Marocains et les autres Maghrebins manifester massivement leur horreur dans les rues de Casablanca, de Rabat, de Tanger, de Tunis… au lendemain de l’attentat tres meurtrier perpetre par des islamistes dans une station de train de Madrid. Force est de rappeler que plusieurs Maghrebins, surtout des Marocains, ont participe acette tuerie abominable.
C.J.N.: Le debat houleux sur la creation de Tribunaux islamiques au Canada vous a beaucoup choque.
A. Meddeb: Ce debat irreel m’a scandalise au plus haut point, mais ça c’est votre folie canadienne. J’ai personnellement soutenu une Iranienne qui a mene un enorme combat contre l’instauration de tribunaux Charia au Canada. Je vois ce que les Canadiens font avec les Indiens, cette soi-disant defense de l’anthropologie. C’est idiot! Il faut faire tres attention, il ne faut pas etre dans le culte de la difference pour la difference. Toute difference n’est viable que si j’ai avec elle en partage une part de mon identite. Quand j’etais au Canada, le debat portait sur le Droit des Indiens, qui permettait au chef d’une tribu d’empocher toutes les subventions gouvernementales qu’il recevait. Un Droit anachronique et totalement lesant, surtout pour les femmes indiennes.
Je veux bien qu’on respecte les differences, mais dans le cadre du partage de certaines valeurs, qui elles ne sont pas negociables.
C.J.N.: Croyez-vous en un islam des Lumieres?
A. Meddeb: Bien sûr que j’y crois. Mais le terme “islam des Lumieres” est devenu un cliche. Je ne sais pas si c’est un terme qui convient. Ce que je sais par contre, c’est qu’apartir d’un islam, et sans brader sa croyance islamique, je vois la possibilite d’une autre evolution. Aujourd’hui, c’est le pire qui est advenu. Prenons par exemple la question du Droit dans le monde arabo-islamique. Le Droit des etats musulmans est tres loin de la Charia. Or, il y a aujourd’hui une volonte farouche de vouloir atout prix revenir ala Charia, qui ne peut etre qu’insuffisante comme dispositif juridique pour gerer la complexite des societes musulmanes. C’est une grande regression. Encore une fois, je vous dis que l’islamisme prospere sur des echecs qui ont ete terribles.