La brick à l’œuf (racontée à des français de souche dans les années 70/80), par Jacques Sdika
Mais oui, vous connaissez maintenant les bricks comme vous avez découvert le merguez et le couscous…Seulement pour moi, la brick à l’œuf c’est ma madeleine de Proust.
Vous me direz : c’est trop gras, c’est plein d’huile. Quand vous essayez d’en préparer vous-même, ça gicle partout, sur la cuisinière, sur le carrelage, partout ! Il faudra nettoyer méticuleusement pour ne laisser aucune trace de cette cuisine de sauvage.
Quand vous en mangez, vous y mettez forcément les doigts. Vous êtes vraiment des primitifs ! servez-vous de couverts comme tout le monde ! seulement voilà, je voudrais bien qu’on m’apprenne à manger les bricks autrement…
C’était le rituel du jeudi après-midi : je préparais mes devoirs et mes leçons dans l’arrière boutique, rue de la Grande Mosquée. Mon oncle Pinhas, avec une patience infinie contrôlait mon travail jusqu’à ce que mes leçons fussent sues à la perfection. Alors, ça demandait beaucoup de temps. Alors, il fallait faire ingurgiter quelque chose de consistant à ce jeune garçon qui s’échinait à la géographie. Une brick à l’œuf devenait indispensable. Je ne quittais pas mon repaire et immuablement, les vivres arrivaient : la brick avec sa sauce piquante et un morceau de pain. Je dévorais alors consciencieusement mon festin. Des années plus tard mon professeur de Terminale notait dans mon bulletin « élève remarquable en Géographie » s’il avait su que c’était grâce à la « potion magique » !
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