« Habiba Msika, l’aimée de tous », un nouveau film de Sarah Benillouche
La réalisatrice franco-tunisienne Sarah Benillouche tourne, actuellement, à Tunis un documentaire sur l’artiste Habiba M’sika, intitulé Habiba M’sika, l’aimée de tous. Elle a choisi le Théâtre municipal de Tunis–où la chanteuse et comédienne était montée sur les planches dans les années 50 lors de représentations théâtrales, pour filmer les témoignages d’un grand nombre de personnalités artistiques, à l’instar des actrices: Fatma Ben Saïdane, Raja Ben Ammar, Amira Chelbi, Soumaya Boualagui, Amira Rezgui et parmi les chanteuses : Sonia M’barek, Amel Mathlouthi, Olfa Souissi, la danseuse Malek Sebaï, ainsi que les historiens Kastali et Hamrouni qui a écrit un livre sur Habiba M’sika et aussi le chroniqueur Tahar Melligi.
Sarah Benillouche revient sur les pas de Habiba M’sika en découvrant tout à fait par hasard son histoire de femme libre dans les années 20. «J’ai été étonnée qu’une femme soit comédienne et chanteuse à cette époque. J’ai vu qu’elle représentait quelque chose dans l’imaginaire de ceux qui ont voulu apporter leur témoignage, c’est alors que je me suis lancée dans la réalisation du film», explique-t-elle. Le film se veut une quête : «Je me suis dit que peut-être à travers elle je pouvais retrouver un lieu qui est ce pays que j’ai quitté enfant, la mémoire de mes grands-parents et la musique de cette époque».
Libre, belle et célèbre
Habiba M’sika représentait la femme libre, belle, riche et célèbre et adoptait un mode de vie fantasque. Elle déchaînait les passions des hommes qui ont croisé son chemin comme l’Irakien Baghdadi, le Tunisois Chedly, le Français Raoul et le juif tunisien Mimouni qui, dans un élan de folie amoureuse, a mis fin à sa vie de manière tragique en la brûlant vive chez elle à Testour. La réalisatrice Selma Baccar a retracé sa vie dans un long métrage de fiction La danse du feu (1995). «J’ai trouvé son film très intéressant. Je voulais qu’elle apporte son témoignage, mais malheureusement elle est très engagée en ce moment», nous dit Sarah Benillouche.
Habiba M’sika, l’aimée de tous n’est pas une biographie, encore moins un film historique ou pédagogique, «c’est tout juste un documentaire impressionniste» où la cinéaste tente de reconstruire la vie de la célèbre vedette. «Malheureusement, les contemporains de Habiba M’sika sont tous morts. Le seul musicien encore vivant, âgé aujourd’hui de 90 ans, est Salah Mehdi. Il y a aussi Ezzedine Madani qui connaît bien son histoire», avoue-t-elle. Comment retrouver ses traces? Et comment des artistes ou des personnes intéressés par l’artiste pourraient l’incarner aujourd’hui avec leur vision sur cette époque et ce personnage ? L’auteur du film leur a donné rendez-vous au Théâtre municipal où Habiba M’sika a joué et fait scandale pour voir un peu de façon très libre ce que chacun raconte sur elle aujourd’hui.
«De son travail au théâtre, il n’y a aucune trace, pourtant elle a drainé les foules à une période où les pièces étaient adaptées en arabe classique, comme les pièces de Shakespeare dans lesquelles elle campait souvent des rôles masculins. C’est le côté audacieux et transgressif du personnage qui m’a interpellée», indique Benillouche qui a, par ailleurs, demandé aux chanteuses Sonia M’barek et Amel Mathlouthi d’interpréter de façon informelle et a capella, un fragment des chansons de Habiba M’sika. Le film, dont le tournage dure une semaine, est produit par une télévision régionale en France et les productions du Golem de Muriel Levy qui a été à l’origine du projet. Après une tournée dans les festivals, il sera disponible sur DVD. La réalisatrice souhaiterait également le montrer en Tunisie.
Neila G.
LaPresse.tn
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