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La communaute Maltaise de Tunisie

Ce jeune cocher maltais attend son client devant la Casbah

La communaute Maltaise de Tunisie

 

 

 

L'émigration maltaise au début du XIXe siècle était motivée par une série d'épidémies, de chocs économiques et des problèmes liés à la haute densité de population exaspérée par un notable manque de ressources naturelles. Un à deux milles Maltais partaient chaque année entre 1818 et 1832. Ils choisissaient surtout les rivages de l'est et du sud de la Méditerranée. Déjà dans les années 1840, 20.000 Maltais vivaient en Algérie, en Tunisie, en Égypte, à Constantinople, en Grèce ou à Tripoli. Approximativement 15 % de la population Maltaise vivait outre-mer à cette époque. Cette migration était caractérisée par un haut degré de spontanéité et de mobilité. Les migrants partaient pour une ville tunisienne par exemple, se dirigeant ensuite vers l'Algérie ou l'Égypte. Il y avait aussi un taux très élevé de retour au pays : à peu près 85 % des émigrants des années 1840 à 1890 sont retournés à Malte.

 

Les chiffres de la population européenne en Tunisie du XIXe siècle montrent le volume de l'immigration en Europe, mais  ne sont pas très exacts. Les témoins contemporains nous donnent des chiffres divers. Après avoir analysé ces sources et les registres de catholicité de Ste. Croix, M. Ganiage a estimé qu'au milieu du XIXe siècle, il y avait 6 à 7.000 Maltais en Tunisie qui comprenaient 60 % de la population européenne. Il y avait aussi 4.000 Italiens et quelques 250 Grecs pendant la période 1850–1860. Dans les villes côtières, les Maltais ont été largement majoritaires. À Sfax par exemple, ils représentaient 77 % de la population catholique entre 1841 et 1879 et on en comptait 900 en 1885 sur un total de 1200 catholiques (Soumille 1993).

 

Devant l’explosion démographique et la diminution des ressources, de nombreux Maltais, en général très pauvres, avaient quitté leur île à bord de barques, et avaient abordé les côtes d’Afrique du Nord, en particulier celles de la Tunisie qui étaient les plus proches. Ils s’y étaient fixés et, leur langue étant proche de l’arabe, ils s’étaient installés, en ce qui concerne Sfax, soit dans la médina, soit à proximité des remparts qui l’entouraient. 

 

 

Exerçant de petits métiers (pêcheurs, matelots, cochers, chevriers), car on comptait près de 85% d’illettrés parmi eux, il semble qu’ils n’aient eu, avant l’établissement du protectorat, que peu de rapports avec les autres Européens.Dès qu’ils en avaient la possibilité, ils ouvraient de petits commerces : cafés, épiceries… 

 

Curieusement, alors qu’ils arrivaient d’une île essentiellement agricole, peu devinrent agriculteurs au départ, peut-être à cause du manque de financement pour acquérir des terres.

L’ascension sociale des Maltais, qui étaient sujets britanniques, s’est paradoxalement faite avec l’arrivée des Français dont les navires transportant les troupes de débarquement avaient, pour la prise de la ville en 1881, été guidés par des Maltais auxquels la France fut reconnaissante.

 

A l’exception de quelques familles (Barbara, Bartolo, Damato, Farrugia, Gili…) qui avaient bien réussies car souvent déjà propriétaires urbains en 1867, la majorité de la collectivité maltaise demeurait, en 1881, au bas de l’échelle sociale, tant par son statut socio-économique que dans sa représentation culturelle.

 

C’est l’action du cardinal Lavigerie qui va amener les Maltais de Tunisie dans le camp français. 

 

Leur francisation prit sa source dans l’article 1 du décret du 8 novembre 1921 stipulant que " est français tout individu, né dans la Régence de Tunisie, de parents dont l’un, justiciable au titre d’étranger des tribunaux français du Protectorat, est né lui-même dans la Régence ", et dans la loi du 20 décembre 1923 qui suivit. 

 

La plupart des familles maltaises, établies souvent depuis le début de la deuxième moitié du XIXe siècle, optèrent pour la nationalité française. Le nombre de Maltais à Sfax qui s’était stabilisé autour de 1 300 en 1 911, diminua alors : en 1936, 427 seulement, avaient conservé la nationalité britannique. Certaines familles connurent alors une évolution sociale assez importante, leur catholicité très forte étant le moyen de s’apparenter au groupe colonial français, et de s’européaniser.

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