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Mon hommage à Monsieur le Rabbin Roger Chiche, par Dr Robert blassin/Belhassen

 

Mon hommage à Monsieur le Rabbin Roger Chiche

 

 

Il y a  une cinquantaine d'années un jeune homme se présentait à la maison, à Tunis, dans le bureau de comptabilité de mon père, en lui demandant, Monsieur Belhassen, je suis religieux, je respecte le shabbat, et je voudrais travailler, et je ne trouve pas d’emploi compatible. Mon père, devinant certainement à qui il avait à faire, supposant les qualités  de coeur et d'âme, lui dit simplement: "installe-toi, mon fils, tu es chez toi".

Quelques minutes plus tard, Monsieur Chiche, appelait mon père Papa et ma mère Maman.

Nous avions un frère de plus et mes parents, le plus reconnaissant et le plus fidèle des fils.

 

Ainsi commence  une profonde amitié qui n'a jamais cessé de durer.

Roger a fait partie de notre vie et celle de ma famille dans tous les épisodes heureux et malheureusement plus tristes. Toutes le Séoudot, les brits, les mariages il était là, sans invitation,nous éclairait de son sourire.

Roger a été pour moi, constamment une école de bonté, de sagesse et de tolérance infinie.

 

Sur la bonté il ne savait pas ce que c'était de ne pas aimer quelqu'un. Toujours ouvert aux demandes,  toujours disponible, sans jamais se compromettre.

 

Roger a eu la chance de rencontrer Richard Chetboun, qui l'a aimé et respecté, et qui a su le défendre constamment contre vents et marées. Et nous, le kahal, il nous était également indispensable, et je ne connais personne qui ait fait la faute d’atteindre sa dignité. Même dans les moments les plus difficiles, il est resté notre Rav, et tous se disputaient l'égard à lui prodiguer, l'aide à lui apporter. Il faudrait citer, comme disait Roger, "chacun par son nom" pour n'oublier personne. J'espère votre indulgence à ce sujet. Une mention spéciale à Yoram, qui a su trouver sa place avec combien de délicatesse.

 

Quel que fut son état de santé,  même dans les moments où la maladie s'acharnait sur lui, il  avez l'élégance de demander sincèrement aux autres comment ils allaient. Ceci était absolument remarquable quand on sait les  les difficultés que l'on peut avoir lorsque notre corps ne peut plus suivre et les inquiétudes immenses qui'il suscite. "Etquel ala Rabbi, ya ouldi" "Ne compte que sur Achem, mon fils" avait-il l'habitude de dire.

 

Oui, cet amour, et cette connaissance de la Thora, faisaient partie de son être, c'était un sage tranquille. Il connaissait le Din, et toutes les coutumes religieuses de sa Tunisie natale.

"Ya Robert, n'oublie pas la Bchicha !"

La lecture de la Thora, était un bonheur.

Pas rancunier, même au moment où il perdait son sang-froid, quelques minutes après, il retrouvait le sourire  et avait tout oublié, tout pardonné.

 

Pourvu d'une mémoire absolument remarquable, il se souvenait de tout et de tous. Et tous les fidèles qui montaient à la torah savaient qu'ils étaient appelés avec les repères de la bonne filiation avec les bénédictions, qui, pour leurs garçons, qui, pour qui leurs garçons et leurs filles, sans  jamais une confusion.

 

Comme l'a dit l'un d'entre nous, il avait la faculté de le faire croire que nous étions uniques, et qu'il nous préférait aux autres.  En fait,  bien sûr, il aimait chacun d'entre nous et c'est bien pour cela que nous avions la faiblesse de croire qu'il nous aimait de façon exclusive.

 

Dire qu'il était modeste, est un euphémisme.  Jamais en avant, il avait l'intelligence de laisser dire les autres en préservant son libre-arbitre et en se gardant bien de se laisser induire en erreur par un discours bien conduit .

Pour lui, nous sommes tous des Bné Israël,  et il n'y a aucun sectarisme à notre égard : traditionalistes, Loubavitch, Juifs de Kippour, tous ses enfants, qu’il savait recouvrir de son talith lors de la Birkat Hacohanim, qu’il accomplissait quoi qu’il put arriver.

 

Cher Roger, tu étais l’un des rares piliers restants de notre jeunesse. Qui va nous bénir ? Qui va nous réconforter de son sourire ? Qui va nous interpeller en judéo-arabe ? Qui va nous rappeler ce que nous devions faire ? Qui va nous conforter en ce que nous sommes ? « Mchit ou khalitna » « Nous restons abandonnés »

 

Là où tu es, près d’Achem, étends sur nous ta bénédiction.

Nous t’avons tant aimé…

 

 

Robert Meir Belhassen/Blassin

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