Musulmans, juifs et catholiques en harmonie
Le reportage de Louis-Philippe Ouimet
Dans un petit centre commercial de L'Île-des-Soeurs, une mosquée, une synagogue et une église catholique se sont installées à quelques mètres les unes des autres. Des membres de différentes confessions religieuses partagent donc presque le même toit pour se rassembler et pour prier. Inévitablement, les fidèles des trois communautés se croisent et discutent.
Un texte de Louis-Philippe Ouimet
Ces échanges interconfessionnels seraient utiles pour renforcer l'esprit de communauté auprès des fidèles. « Le fait qu'on soit sous un même toit avec une synagogue et une église, ça donne une meilleure chance pour l'esprit communautaire », avance Mourad Benjennet, architecte et coadministrateur de la mosquée al Jazira.
Trois lieux de culte, un objectif
Le centre Chabad de L'Île-des-Soeurs, qui abrite une branche du mouvement Chabad-Lubavitch, a été inauguré en grande pompe. Plusieurs juifs orthodoxes apprécient leur nouveau voisinage. « [Vivre] à côté de nos frères catholiques et musulmans, c'est une chose absolument nécessaire à avoir ces jours-ci », dit Albert Kudsizadeh qui fréquente la synagogue.
Tout juste à côté, à l'église catholique Sainte-Marguerite-Bourgeoys, l'abbé Jean-Victor Tshumu abonde dans le même sens. « Moi, je trouve que c'est l'expression ou la réalisation de la prière du Christ qui a prié son père pour l'unité de tout le monde », croit-il.
Des projets communs
Très rapidement, un véritable dialogue s'est installé entre les nouveaux voisins. À tel point que des membres des trois communautés religieuses ont décidé de se mettre ensemble pour ouvrir un centre de collecte de meubles et de vêtements pour réfugiés, situé à quelques rues des lieux de culte.
« On a commencé ça dans un petit garage et au moment où les trois communautés ont commencé à travailler ensemble, on leur a demandé si on pouvait s'aider », explique Dora Douik, du Centre de collecte pour les réfugiés syriens.
En peu de temps, le centre a dû déménager ses activités dans des locaux plus grands en raison de son succès plus important que prévu. La collecte et la répartition des biens se font dorénavant dans un local de 3000 pieds carrés de L'Île-des-Sœurs, auparavant occupé par une entreprise pharmaceutique.
Je pense qu'il y a 20-25 ans ça n'aurait pas été possible. Faut être honnête. La religion catholique était très restreinte, on se regardait sans se reconnaître. On a mis beaucoup par exemple sur le mieux-vivre ensemble.
Roger Légaré, coadministrateur de l'église Sainte-Marguerite-Bourgeoys
Alors qu'ailleurs dans le monde, les trois grandes religions monothéistes continuent d'alimenter des conflits, les fidèles de L'Île-des-Sœurs ont choisi de donner un nom symbolique à l'espace public adjacent aux trois lieux de culte. L'espace s'appellera dorénavant la « place de l'Unité », pour souligner l'harmonie qui existe entre les différentes communautés. Les instigateurs du projet espèrent que l'endroit profitera à ceux qui veulent échanger et apprendre à mieux se connaître.
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