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Pour un dialogue entre les Religions d'Abraham

Pour un dialogue entre les Religions d'Abraham

 

 

Un véritable dialogue entre les trois religions d'Abraham implique la prise en compte des données suivantes:

  1. Ces trois grandes religions s'érigent sur le même socle et se réfèrent à des sources communes, Abraham étant l'ancêtre de tous leurs fidèles, toutes leurs ethnies, langues, cultures et sectes confondues. C'est l'olivier au tronc plein de sève pour nourrir ses trois branches mégales.

  2. Quelle que soit la nature du Patriarche et quelle qu'en soit l'historicité, il occupe une place importante dans le vécu matériel, affectif et spirituel des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans.

  3. Abraham sortit d'Ur, grande cité mésopotamienne, pour un très grand voyage culturel: On peut y reconnaître le pâtre et l'agriculteur. Sur la scène de l'histoire, nous le voyons quitter la vieille cité suméro-accadienne, s'appuyant sur sa houlette et, dans sa besace, des graines et des boutures multiples. Il eut soin de les choisir et d'en faire un thesaurus; il eut, sûrement, à psalmodier la geste de Gilgamesh et de ceux qui avaient eu le mérite d'engager des scribes pour la fixation des écritures syllabiques sur des tablettes d'argile tendre, à l'aide de roseaux dûment taillés. On mettait ces supports, chargés de messages, d'images et de symboles, au four pour en garantir la pérennité. On s'en servait pour gérer les affaires des hommes, tant pour le Profane ou que pour le Sacré. Abraham avait sans doute entendu parler d'Hammourabi et de son code, qui reconnaissait à la femme la qualité d'un être humain à part entière et assurait la protection de la veuve, de l'enfant et de l'esclave.

Quel sacré voyageur! Dans son imaginaire, il y a la cité royaume, la société organisée, des structures urbaines avec le palais, le temple et toutes les autres structures nécessaires à la vie des hommes, qu'il s'agisse du privé ou qu'il s'agisse du socio-religieux. Abraham savait sûrement lire les textes cunéiformes. Avait-il pris quelques tablettes pour en adapter le contenu aux nécessités et aux besoins de ses nouvelles et lointaines patries? C'est très possible. C'est même probable! En effet, La Bible, Les Evangiles et Le Coran recèlent des souvenirs que l'on ne peut décrypter qu'à la lumière du legs mésopotamien. A ce propos, il faut rendre hommage à ceux qui ne cessent d'interroger la terre pour qu'elle restitue ce qu'elle renferme. Mais le dialogue inter-religieux, pour réussir, implique à notre humble avis le respect de certains principes dont nous mentionnons ceux qui nous paraissent fondamentaux.

  1. Les trois religions abrahamiques partagent un socle commun : Abraham, le legs sémitique, ou plutôt égypto -sémitique.

  2. Les trois religions et les autres se présentent comme des faits religieux qu'il faut connaître et reconnaître avec la plus grande sympathie et une haute considération. Pour réussir toute gestion du social il faut retenir que le social ne pourrait être dissocié de sa dimension religieuse.

  3. La religion est un outil destiné à permettre l'accès au Sacré dont tous les hommes sont hantés depuis les temps immémoriaux ; ne peut-t-on pas invoquer l'expérience religieuse d'une communauté néandertalienne qui, il y a 50.000 ans, à El-Guettar, au Sud-Ouest de la Tunisie, non loin d'une source, érigea un tumulus pour rendre hommage à la Puissance, responsable de cette source sans laquelle la vie eût été impossible.

  4. Au niveau du Sacré, les hommes de toutes les ères et tous les cieux se rencontrent.

  5. Si le Sacré relève de la structure, la religion se présente comme une voie pour y conduire.

  6. Toutes les religions s'avèrent conjoncturelles, si bien qu'être Juif, Chrétien, Musulman, Bouddhiste ou animiste, relève d'un simple accident de l'histoire.

Par un système éducationnel particulièrement démocratique et par des programmes universitaires dûment ciblés, la Tunisie pourrait bâtir une société pluraliste, ouverte, accueillante: Nous sommes pleinement persuadés qu'aujourd'hui, nous sommes mieux pourvus pour faire en sorte que l'Islam ne soit pas un obstacle à d'autres lectures et à des interprétations nouvelles de ses textes. Une critique rationnelle et sans parti pris, se doit d'abolir les tabous. L'école tunisienne devrait faire comprendre aux élèves, dès leur plus tendre enfance, qu'il est dangereux de recourir à des lectures et à des interprétations faites pour d'autres temps et d'autres générations. il y a donc lieu de distinguer entre le texte et son interprétation entre le structurel et le conjoncturel.

Pour un dialogue entre les religions et les cultures et pour neutraliser toutes les tendances xénophobes, il faut se défaire de tous les préjugés, faire confiance à l'autre le respecter tel qu'il est, le reconnaître avec toutes ses différences et faire tout ce qui est de nature à garantir la Justice, la Paix et l'égalité : voilà le principal droit de l'homme. Vouloir, c'est pouvoir. Ensemble, nous pourrons aller au-delà de l'utopie.

Professeur émérite des universités

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