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Vins de Tunisie : la renaissance d'un vignoble antique

Vins de Tunisie : la renaissance d'un vignoble antique

 

 

Dans ce pays musulman où, paradoxalement, la culture du vin perdure depuis l’Antiquité, ce secteur est une pépite pour l’économie. D’autant que les vins n’ont jamais été aussi bons qu’aujourd’hui.

Le vignoble tunisien compte sept AOC. Elles sont principalement situées autour du Cap Bon, de Tunis et de Bizerte.

La Révolution de jasmin, ce premier printemps arabe qui a balayé la dictature de Ben Ali, va-t-elle redéfinir les relations entre politique et viticulture tunisienne ? Tout comme dans les autres pays du Maghreb, le vin est prohibé par la religion musulmane mais entré dans les mœurs des populations ; une schizophrénie qui date de la période coloniale, où vignerons français et italiens ont relancé une production viticole de masse, des vins médecins propres à améliorer des coupages avec les vins européens alors dévastés par le phylloxéra. On obtenait ainsi des vins de table qui, depuis l’indépendance de la Tunisie, ne se sont pas remis de la perte de ces approvisionnements.

Il faut dire que dans le Maghreb, et surtout dans l’actuelle Tunisie, la vigne règne depuis l’Antiquité. Phéniciens, Carthaginois, Romains et Byzantins l’ont toujours cultivée. Le Carthaginois Magon, père d’un fameux traité d’agronomie, continue à être célébré au travers d’étiquettes à sa mémoire, symbole du renouveau des vins tunisiens. Car cette viticulture revient de loin !

Le vin en Tunisie, un secteur économique important

Collectivisation, gestion par un office d’État, fuite des vignerons européens, production de masse, le vin tunisien s’enfonçait dans la médiocrité. Les années 90 vont tout changer, avec une nouvelle politique qualitative, l’injection de capitaux, la modernisation des outils de production et l’arrivée d’investisseurs étrangers au travers de partenariats privés, mais surtout la création de cuvées haut de gamme qui remportent des médailles dans les concours internationaux.

Les vins sont consommés pour 70 % en Tunisie, par les touristes mais aussi par la population locale. La chute brutale de la fréquentation touristique, les attaques des salafistes qui veulent bannir ce liquide haram (péché), les mises à sac d’épiceries vendant du vin, les tentatives de main-mise du bref ministère islamiste de l’Agriculture sur l’outil de production des Vignerons de Carthage, pourtant de droit privé, n’étaient pas faites pour éclaircir l’avenir. Mais au moment où les vins n’ont jamais été aussi bons, le récent virage démocratique tombe à point pour couronner les efforts entrepris.

Avec le départ des islamistes du pouvoir, il y a des motifs d’espoir. La viticulture représente un secteur économique important, avec une mine d’emplois et surtout une source de taxes propres à renflouer les caisses d’un État en difficulté, le pragmatisme devrait l’emporter. Des taxes d’ailleurs en constante augmentation (TVA, droit de consommation, droits exceptionnels sur les effervescents), ce qui ne rebute pas encore les clients des supermarchés où toute la production s’expose, une vente libre qui ne disparaît qu’en période de ramadan. Avec l’adoption de la nouvelle constitution et la fermeture de la parenthèse islamiste, puis le retour progressif des touristes, la Tunisie se dirige vers plus de démocratie et de tolérance. Le vin devrait s’en trouver conforté.

LA DÉGUSTATION DE VINS TUNISIENS

> LES VIGNERONS DE CARTHAGE (UCCV)
Créée en 1948, cette union de neuf caves coopératives représente les deux tiers de la production nationale. C’est aujourd’hui un ensemble à la pointe des techniques viticoles et de vinification, sous l’impulsion de Belgacem D’Khili, ingénieur œnologue de l’Agro de Montpellier, l’artisan d’une belle réussite. Remise en état du vignoble, introduction des méthodes modernes et d’un matériel performant, traçabilité, certification ISO, nous sommes bien ici dans le XXIe siècle. Outre la production de ses adhérents, cette union possède des domaines comme Magon et Royal Azur (des partenariats avec le groupe allemand Langulht qui a initié l’introduction de pinot noir), Reine Elissa (avec cinq associés dont le Belge Pierre Degroote) ou Clipea. La cave La Fontaine aux Mille Amphores est une ancienne unité de production de l’époque coloniale restaurée en centre de visite et dégustation, ainsi qu’un lieu d’élevage pour les grands vins rouges et le tout nouveau vin effervescent. Un véritable témoignage des pratiques d’autrefois dans un site à vocation œnotouristique. La loi interdit hélas la vente aux particuliers de passage.

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