Choûdat Itrou Soudète Ytro ou Choûdat Itrou ou fête des pigeons fait partie intégrante du folklore juif tunisien, On connait la légende qui raconte cette épidémie de diphtérie (simessilinou) et qui touchait les garçons à une époque ou les moyens thérapeutiques n’existaient pas, Elle cessa le jeudi du chabbat Ytro, Baroukh Hachem, Et depuis ce temps là, on fête cette libération de façon fort sympathique, comme d’ab chez les Tunes, avec boukha et adam hout, Faut-il préciser que le Garçon est roi chez les Tunes : Aaïch ouldi ! Ponctue chaque phrase, Pour les djerbiens, la signification est assez différente ; pour motiver les jeunes garçons, on leur achète un pigeon le dimanche de Ytro pour les inciter à l'étude de la Thora, mais ce pigeon était sur la table le jeudi, vedette de la joyeuse Séouda, La fête commémore évidemment la lecture des dix commandements, mais pas seulement : c'est le symbole fort de l'invitation de Ytro par son beau-père Moché, Ces commandements universels étaient non seulement partagés, mais aussi solennisés par l'invitation des édiles goyim de la ville, avec traduction adéquate de certains d'entre eux, Ainsi, bien que les dix commandements soient lus trois fois dans la Thora, ils revêtaient grâce à Ytro une coloration absolument festive, contrairement au ton solennel de Chavouot, A Tunis, la fête ne passait pas inaperçue loin de là, Le jeudi après-midi était férié dans l'école de l'Alliance Israélite et les Talmudé Thora de Tunis, Dès le début de la semaine de Choûdat Itrou, on se procurait un ou plusieurs pigeons, Ce sympathique volatile, voué au sacrifice servait de kappara, On l'apportait au Chohet, pour nous c’était Aazar, figure emblématique des chohtim de Tunis, accompagné de son fidèle aide tunisien, Une fois l'oiseau cachérisé, mes parents le désossaient et l’emplissaient d’une délicieuse farce du genre de celle de la poule de Kippour, en y ajoutant ce jour-là des pistaches, Le soir de la fête, nar elkhmiss, le jeudi, pour éloigner le aïn araa, il était servi dans un potage de vermicelles, On allait à la Hara, le quartier juif deTunis ou fleurissaient des boutiques qui vendaient des gâteaux miniatures : petits makrouds, petites deblas, micro-yoyos, souabaa elajlia ou doigts de fée, On y trouvait également toutes sortes de micro-confiseries colorées semi transparentes : oiseaux, poissons,petits bougeoirs, décoration scintillante, Tout cet ensemble se retrouvait le soir sur la table,recouverte d'une belle nape blanche, sans oublier les petits pains façonnés par la maman et cuits au four, Les plus nantis commandaient une pièce montée sur laquelle trônait le nom de l’heureux garçon, Ce jeudi soir, tant attendu, la table était somptueuse, garnie de toutes ces friandises dans des récipients miniatures, elle faisait vraiment « le bonheur des yeux » Hein qu'elle est belle la table que j'ai préparé pour toi ? Mais oui maman ! Ce soir-là, même si on faisait des bêtises, on n’était pas puni, Ménaïche ala ouldi, Dans la majorité des familles le garçon n'était pas fêté la première année, pour ne pas imposer la Ââda, autrement dit l'habitude de devoir répéter la fête chaque année : ainsi, dans certaines circonstances on n'était pas tenu de fêter Itro, Aujourd’hui le coquelet a remplacé le pigeon, mais la fête garde toute sa splendeur chez les Tunes, et c’est vraiment un jour de joie, alors kmara am akhor, Les filles n’étaient pas en reste puisqu’elles avaient leur fête quelques semaines auparavant avec Roch Hodech elbnates, Robert Blassin/Belhassen
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