Pèlerinage de la Ghriba: l'occasion pour les juifs tunisiens de renouer avec leur terre ancestrale

Pèlerinage de la Ghriba: l'occasion pour les juifs tunisiens de renouer avec leur terre ancestrale

La synagogue de la Ghriba en Tunisie rassemble les pèlerins juifs du monde entier après deux ans d'interruption.

Par : Amira Souilem

En Tunisie, c’est cette semaine que se tient le pèlerinage juif de la Ghriba à Djerba. Comme chaque année, des juifs du monde entier se recueillent dans la plus vieille synagogue d’Afrique. La tradition veut qu’elle abrite des fragments du premier temple de Salomon détruit par les Babyloniens. Un rituel qui est aussi l’occasion pour les pèlerins de renouer avec la Tunisie. Un pays que certains ont dû quitter à contre cœur.

Il en a rêvé toute sa vie. Revoir le quartier où ses parents ont grandi. Humer l’air de cette Tunisie dont ils lui ont tant parlé. Tsion Cohen est Américain. Accompagné de ses deux fils, le septuagénaire a fait le voyage depuis le Connecticut pour accomplir le pèlerinage de la Ghriba : « Il y a quatre-vingt ans en arrière, mes parents vivaient ici. J’ai cherché à me rapprocher de leurs origines, à revoir la maison où ils ont grandi. Cet endroit représente mon passé. Tout a commencé ici en Tunisie. C’est le voyage d’une vie. Je me sens bien. »

Comme lui, 3 000 étrangers ont fait le déplacement. Temps fort du rituel, les moments de prières dans la synagogue vieille de 2 500 ans. L’occasion d’y allumer des bougies et de faire des vœux.

Communauté dispersée

Ruth qui vit en Italie vient tous les ans ici avec ses amis : « On prie pour les personnes malades, pour ceux qui ne sont pas mariés ou qui n’ont pas d’enfants. On cherche à s’apaiser en venant ici ».

Forte de plus de 100 000 âmes, la communauté juive tunisienne s’est dispersée dans le monde entier après l’indépendance et les différentes guerres israélo-arabes.

Joseph Bellaïche a quitté la Tunisie en 1956. Installé à Paris, il revient tous les ans à la Ghriba. Lors d’un concert de musique liturgique juive tunisienne, il se sent soudain submergé d’émotions : « C’est un bonheur pour moi ça. C’est nos sources, c’est notre vie. On ne peut pas l’expliquer, c’est une déchirure terrible, mais grâce à Dieu, on est en train de la recoudre un petit peu ».

Développer le tourisme cultuel

René Trabelsi est l’un des organisateurs du pèlerinage. Ce Tunisien juif a été ministre du Tourisme après la révolution. Il rêve de développer encore davantage le tourisme cultuel sur l’île de Djerba : « Ce pèlerinage a un potentiel de 20 000 pèlerins. Il faudrait qu’on s’ouvre un peu plus vers le monde pour permettre à tous les pèlerins, tous les juifs du monde entier d’accéder facilement à Djerba et à ce pèlerinage ».

Signe de l’attachement de cette communauté à la Tunisie - en plus de prières - c’est l’hymne tunisien que les pèlerins ont entonné à de multiples reprises.

 

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