« Tunisie Plurielle » : une collection pour raviver les mémoires invisibles des communautés grecques, espagnoles et juives

« Tunisie Plurielle » : une collection pour raviver les mémoires invisibles des communautés grecques, espagnoles et juives

 

Trois nouveaux ouvrages de la collection Tunisie Plurielle, publiés en juillet 2025 par la maison d’édition Santillana, ont été présentés jeudi soir à la Médiathèque de l’Institut français de Tunisie. Ces titres mettent en lumière les trajectoires historiques de trois communautés longtemps marginalisées : espagnole, juive et grecque.

La rencontre, animée par le professeur Habib Kazdaghli, directeur de la collection, s’est tenue en présence de Sameh Metoui, auteur de l’ouvrage en arabe sur les rabbins juifs à l’époque coloniale, de Spiro Ampelas, traducteur du livre sur la communauté grecque (intervenu par visioconférence), et de Hatem Louati, cofondateur de Santillana. 

Les ouvrages présentés — La Communauté Grecque de Tunisie (16e–21e siècle) d’Antonis A. Chaldeos, Les réfugiés espagnols en Tunisie – L’exil républicain de Béchir Yazidi, et Les Rabbins juifs en Tunisie à l’époque de la colonisation française de Sameh Metoui — proposent une relecture critique de l’histoire tunisienne à travers les voix de communautés souvent absentes des récits dominants. 

Pour le professeur Kazdaghli, ces mémoires invisibles constituent « une petite histoire vaincue » par la « grande histoire », mais elles sont essentielles à la compréhension de l’identité tunisienne dans sa pluralité. Il rappelle que les migrations vers la Tunisie ont été nombreuses, citant notamment l’arrivée de milliers de Siciliens par la mer, autrefois sur des voiliers. 

La collection Tunisie Plurielle ne cherche pas à réhabiliter des présences controversées, mais à restituer la complexité des parcours humains qui ont façonné le pays. Elle s’inscrit dans une volonté de reconnaissance, de transmission et de dialogue, en mettant en lumière les continuités historiques et les croisements culturels. 

Ces trois titres viennent s’ajouter à une série déjà amorcée avec Les Pères blancs en Tunisie (2025), Les Juifs, nos frères en la patrie (2024) et Les Italiens de La Goulette (2024). D’autres ouvrages sont en préparation, consacrés aux communautés maltaise, russe et serbe. 

Fondée en 2024, Santillana rend hommage à David Santillana (1855–1931), juriste tunisien et rapporteur du Code des obligations et des contrats, premier code civil du pays. Fidèle à cet héritage, la maison se consacre à la recherche en sciences humaines et sociales, en offrant un espace éditorial dédié à la pensée critique et au dialogue interdisciplinaire. 

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