Hanouka tombe cette année le même jour que Noël mais ça n'a rien à voir

Si Juifs et Chrétiens célèbrent une de leurs fêtes les plus importantes ce 24 décembre, c'est uniquement le fruit du hasard mais certains symboles se croisent.

Gary Assouline - Social Media Editor, Le Huffington Post

 

RELIGION – Le judaïsme et le christianisme sont deux religions distinctes mais liées par un fondement commun: l'ancien testament. Pourtant, ce samedi 24 décembre, il n'est pas question de Bible mais simplement de coïncidence heureuse, puisque la fête de Hanouka et de Noël tombent le même jour.

 

Hanouka, Noël... Ces deux fêtes majeures pour les deux religions n'ont rien en commun. Enfin presque. Il faut creuser dans le terreau fertile de la symbolique pour trouver des similitudes. Mais parlons d'abord de l'histoire.

 

Vers 175 avant l'ère chrétienne, la Judée est sous domination du roi de Syrie Antiochus IV Epiphanie. Ce tyran qui voulait imposer la culture et la religion grecque aux Juifs voit ce peuple se soulever. A sa tête, Juda Macchabé mène la révolte et parvient à rétablir la domination du judaïsme et à reconquérir le Temple de Jérusalem. Miracle: la seule fiole d'huile retrouvée qui n'avait pas été brisée par les soldats du roi a illuminé le lieu sacré pendant huit jours au lieu d'un seul.

 

Chaque soir pendant une semaine, les familles juives allument un chandelier à huit branches pour se souvenir qu'un miracle a eu lieu dans cette région biblique située dans l'actuelle Cisjordanie que les Israéliens appellent encore Judée.

Lumière contre obscurité

Si en 2016, Hanouka et Noël tombent le même jour, c'est uniquement le fruit du hasard: le calendrier hébraïque qui se base à la fois sur les cycles lunaires et solaires change chaque année les dates des fêtes juives.

"Hanouka est une demi-fête juive et n'est même pas biblique, c'est une institution humaine, explique au HuffPost Maurice Ruben-Hayoun, spécialiste de l'histoire juive. En hébreu, le mot 'Hanouka' veut dire 'inauguration': pour les Juifs, c'est donc une sorte de renaissance après la destruction".

Et comme dans toute célébration religieuse, la symbolique prend une part importante dans la fête. "Hanouka n'est pas une fête contraignante qui empêche les pratiquants de fumer ou d'utiliser l'électricité comme c'est le cas pour Shabbat ou Kippour, explique l'écrivain. C'est une fête de réjouissance".

Comme à Noël, la notion de naissance ou de renaissance est présente. Si les Juifs ne célèbrent pas la naissance de Jésus Christ (qui célébrait lui-même Hanouka), cette période de célébrations hivernales symbolise comme pour d'autres cultes le triomphe de la lumière sur l'obscurité, de la vie sur la mort, alors que la nature disparaît dans l'hiver.

"Les symboliques du chandelier à neuf branches et du sapin de Noël sont également liées", explique Maurice Ruben-Hayoun. Cette 'hanoukia' (chandelier) qui ne s'éteint pas pendant huit jours a la même signification que le sapin qui ne meurt pas alors que les autres arbres perdent leur verdeur pendant l'hiver".

Les cadeaux de Hanouka

Comme pour Pâques qui s'est désacralisée pour devenir une fête où l'on chasse lapins et œufs en chocolat, la tradition des cadeaux de Noël a été reprise par certains fidèles juifs qui ont assimilé cette coutume.

"Avant le milieu du XIVe siècle en Europe, les familles juives devaient expliquer à leurs enfants à quoi rimaient les réjouissances de Noël. Ils ont instauré la donation de cadeaux qui est même devenue un mythe chez les non-juifs qui lient le terme 'Hanouka' au mot 'cadeaux', rajoute Maurice Ruben-Hayoun. C'est en partie vrai, mais si certaines familles offrent un cadeau par jour après l'allumage des bougies, l'histoire de Hanouka est toujours racontée le premier jour de la fête".

Cette porosité de la fête des lumières, comme certains l'appellent en France, s'est exportée notamment aux Etats-Unis où des familles fêtent ce qu'ils appellent "Chrismukkah", contraction de "Christmas" et Hanouka. Popularisée par la série "The O.C", cette célébration est l'occasion de prolonger les célébrations de fin d'année, notamment pour les familles issues de couples mixtes juif-catholique.

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