L’Iran à la présidence du Forum social du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, par Jacques Saada

L’Iran à la présidence du Forum social du Conseil des droits de l’homme de l’ONU

 

 
Il y a un an à peine, en mars 2022, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU recevait le rapport dévastateur de Javais Rehman, son rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République Islamique d’Iran. Une condamnation très documentée sur les agissements du pays des mollahs. Un an plus tard, le 10 mai 2023, l’Iran accède à la présidence du Forum social du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
 
Permettez que je m’insurge.
 
L’Iran est 177e sur 180 au chapitre de la liberté de la presse au classement 2023 de Reporters sans frontières.
 
L’Iran est 2e au classement mondial du nombre d’exécutions en 2021 (après la Chine). Parmi les 314 personnes exécutées, au moins dix femmes et trois mineurs. Rappelons qu’en vertu du droit iranien, les petites filles peuvent être condamnées à mort dès l'âge de 9 ans, contre 15 pour les garçons.
 
La peine de mort peut être décrétée sans accès à un avocat et moyennant des aveux forcés obtenus sous la torture et sans enquête ultérieure sur ces allégations. Sans compter qu’une seule et même personne peut à la fois être juge d’instruction, procureur et juge.
 
On peut être condamné à mort pour avoir participé à des manifestations, comme celles qui se déroulent depuis la mort en détention de Mahsa Amini, arrêtée pour port « inapproprié » du voile islamique. Quel courage que démontrent ces femmes qui osent défier le pouvoir autocratique qui les étouffe!
 
En Iran, on peut être condamné à mort pour avoir critiqué la religion. On vient d’y pendre Yousef Mehrad et Sadrollah Fazeli Zare pour ce motif. Et personne n’a oublié la fatwa contre Salman Rushdie.
 
Les autorités iraniennes continuent de traiter les femmes comme des citoyennes de seconde zone, notamment en ce qui concerne le mariage, le divorce, la garde des enfants, l'emploi, la succession et l'accès aux fonctions politiques. L'âge minimum légal du mariage pour les filles est toujours fixé à 13 ans.
 
Il est interdit aux femmes de chanter en public. Le port du voile est obligatoire. Si une femme se trouve à bord d'un véhicule en étant "mal ou non voilée", la voiture peut être confisquée. Le viol conjugal et les violences au sein du foyer ne sont pas considérés comme des crimes et ne sont donc pas punissables.
 
Les relations sexuelles lesbiennes sont passibles de 100 coups de fouet et, à la quatrième récidive, les deux femmes risquent la peine de mort. Les relations librement consenties entre personnes de même sexe constituent une infraction passible de peines allant de la flagellation à la condamnation à mort. L’adultère est passible de lapidation jusqu'à ce que mort s'ensuive.
 
La Constitution iranienne stipule que la vie d'une femme ne vaut que la moitié celle d'un homme. Le témoignage d’une femme vaut la moitié de celui d’un homme. Pour un même délit, les réparations à verser à un homme seront le double de celles que recevra une femme.
 
Il est interdit aux femmes d’étudier la biologie, la littérature anglaise et soixante-quinze autres filières universitaires, sous prétexte qu’elles ne leur donneront aucun débouché professionnel.
 
Le gouvernement de la République islamique d’Iran continue de restreindre la liberté d’expression et le droit à l’information, de réprimer ses opposants politiques, de permettre la détention arbitraire, d’avoir recours à la torture, d’infliger des châtiments cruels, comme la lapidation, les amputations et la peine capitale, y compris pour les mineurs, de pratiquer la discrimination envers les femmes et les minorités (baloutches ou kurdes, notamment).
 
Et je n’aborderai pas ici le rôle de l’Iran dans les entreprises terroristes de déstabilisation du Moyen-Orient, ou son négationnisme de l’Holocauste, par exemple.
 
La récompense onusienne à ce grand délinquant? La présidence de la Commission sur la prévention du crime et la justice pénale, le mois dernier, puis la présidence du Forum social du Conseil des droits de l’homme ce mois-ci. Tout cela avec le silence assourdissant, sinon l’aval, de l’occident.
 
Décidément, après la présidence tournante de la Russie du Conseil de sécurité en avril et celles de l’Iran à ces instances, l’ONU fait vraiment tout ce qu’il faut pour rester crédible. Je plains très sincèrement António Gutteres, un homme éminemment dévoué et respectable, mais impuissant, à la tête d’une organisation en train de se noyer dans ses contradictions et ses inepties.
 
Hon. Jacques Saada - Ancien ministre canadien
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