Portrait : Marco Mouly, le roi de l’arnaque

Portrait : Marco Mouly, le roi de l’arnaque

 

Il est l’auteur du « casse du siècle », la plus grande fraude fiscale jamais réalisée en France, en 2008 . Entre arnaques, prison et cavale, Marco Mouly revient sur sa vie d’escroc.

Dans le café parisien où nous sommes installés, on l’arrête pour le saluer ou prendre une photo avec. Malgré une vie faite d’arnaques, de prison et de conflits avec l’État, les gens adorent Marco Mouly. On le surnomme « Marco l’élégant ». « Les gens m’aiment parce que je suis sans filtre. Je passe du temps avec eux et c’est toujours dans la bienveillance » sourit-il.  

Enfance difficile

Né en Tunisie, Mardoché Mouly arrive en France avec sa famille dans les années 1960. Dès son plus jeune âge, il avait un appétit pour l’argent. Il a grandi avec sa mère. Ils étaient 8 à vivre dans un 20m² à Belleville. À douze ans, Marco promet à sa mère qu’elle ne manquera plus jamais d’argent. « C’est là que tout a commencé, ma vie était tracée » affirme-t-il. À l’école, le Tunisien d’origine n’était pas épanoui. « Les profs ne m’aimaient pas et je ne suis pas resté plus de vingt-quatre heures dans une école ».  À 12 ans il quitte son établissement scolaire et ne compte pas poursuivre ses études. Il a d’autres ambitions, qui le feront devenir Marco Mouly, l’arnaqueur. 

20 ans et déjà escroc

Âgé de 20 ans, Marco trouve un travail dans le secteur de la publicité et une idée lui vient. Bien que totalement illégale, elle lui rapporte beaucoup d’argent. Marco Mouly se met à collecter de l’argent auprès de quelques-uns de ses clients en leur vendant de faux encarts publicitaires. C’est sa première arnaque.  « J’ai compris le système très jeune » ironise-t-il. Quelles conséquences ? Une condamnation à 13 mois de prison. Une peine qui ne l’empêchera pas de poursuivre dans les affaires d’extorsion d’argent.

Passé la trentaine depuis peu, Marco Mouly voit plus grand. Il s’aventure dans une nouvelle arnaque, ambitieuse et risquée, mais qui lui fera devenir millionnaire très rapidement.  Cette arnaque, c’est celle à la TVA. Marco Mouly achète des téléphones portables hors taxe à l’étranger au sein de l’Union Européenne avant de les revendre en France avec la TVA. Au lieu de reverser les 20% de TVA à l’État, Marco les placent sur des comptes à l’étranger. « Ça a été ma plus grosse affaire parce que c’est resté sur dix ans. Je ne sais même pas combien j’ai gagné, ça ne s’arrêtait jamais ». Son train de vie se met alors à changer radicalement. Marco Mouly s’offre un appartement de 300 mètres carrés près du parc Monceau, et enchaîne les nuits dans les prestigieux palaces de la Côte d’Azur. Cependant, la police prend connaissance de cette escroquerie à la TVA  et arrive à ses trousses. Marco passe six mois derrière les barreaux en 2004. Sûrement pas assez pour arrêter « Marco l’élégant » qui s’apprête à faire le casse du siècle.  

Casse du siècle 

La plus grande fraude fiscale jamais réalisée en France est l’affaire de Marco Mouly. Elle remonte à octobre 2008 lorsque la Commission européenne a mis en place les quotas d’émission pour les entreprises, destinés à lutter contre le changement climatique. Ces quotas peuvent être échangés entre les entreprises européennes en fonction des quantités de CO2 qu’elles émettent. Avec ses complices, le désormais expert des escroqueries créent des sociétés fictives qui achètent des droits d’émissions de CO2 sans taxe dans un pays étranger, et les revendent en France avec la TVA, qu’il garde pour lui bien-sûr. Comme pour l’arnaque des téléphones. « C’était presque trop facile » raconte Marco. Plus d’un milliard et demi d’euros sont détournés en France sur le marché des droits à polluer. « Je ne regrette rien parce que demain, si c’est à recommencer, je ne sais pas si je recommencerai ». 

« J’ai acheté le bonheur »

Pour extorquer autant d’argent, Maroc Mouly disposait de comptes bancaires offshore à Hong Kong, en Lettonie ou encore à Chypre.  Avec ses millions, Marco Mouly achète des bijoux place Vendôme, des Rolls-Royce et des Lamborghini, un appartement vue sur la Tour Eiffel, et même un restaurant à six millions d’euros. « L’argent ne fait pas le bonheur… mais là j’ai acheté le bonheur ». Mais en juin 2009, il est rattrapé par l’État. « À un moment il faut payer ta dette » dit il.  Il est condamné à huit ans de prison en 2016. Pas une option pour Marco qui fera une cavale de 5 mois avant d’être retrouvé et écroué en 2016. « La prison m’a énormément changé. Elle m’a permis de m’assagir et de prendre du recul parce que je ne savais pas que j’avais fait autant de mal dans ma vie. Elle m’a aussi fait prendre conscience que j’avais déçu mes enfants et que j’avais raté ma vie en tant que père ».

283 millions d’euros

l’État exige encore à Marco Mouly de rembourser 283 millions d’euros. Il n’a pas l’air inquiet. « Je vais rembourser, car je veux être quitte avec l’État. Je me donne deux ans. J’ai déjà remboursé à peu près 87 millions d’euros grâce à une boîte que j’ai monté et qui est déjà cotée en Bourse » explique le désormais célèbre escroc.

Carton sur Netlfix 

Ces derniers mois Marco a été très en lumière. Netflix lui a proposé de faire un documentaire pour raconter son histoire. Pendant le tournage il était en semi-liberté : dehors le jour et en prison la nuit. Résultat : Les rois de l’arnaque se classe numéro deux mondial sur la plateforme de streaming.

Le 14 septembre dernier, un livre sur sa vie, La cavale, écrit par Julie Madar, est paru aux éditions Harper Collins.

  Marco Thiollier

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