Un 11 septembre israélien, par David Bensoussan
Dans ses mémoires Bibi. My Story publiées en 2022, Benjamin Nétanyahou a fait part de sa décision de ne pas engager un assaut généralisé contre le Hamas à Gaza. La raison invoquée est que cela pourrait causer des centaines ou des milliers de pertes israéliennes et palestiniennes ; une réplique mesurée lui semblait donc préférable. Ce fut le cas en 2012, en 2014 et en 2021.
Après les incidents du 7 octobre 2023 et l’assassinat de centaines de civils israéliens, une telle considération ne tient plus debout. Israël ne pourra pas faire dans la dentelle, d’autant plus que les représailles israéliennes à Gaza viseront également à dissuader le Hezbollah libanais de se lancer dans la guerre.
Le Hamas
Le Hamas est une organisation qui prône la destruction de l’État d’Israël et dont les leaders s’identifient à la mouvance des Frères musulmans. Lorsqu’Israël s’est retiré de la bande de Gaza, le Hamas a imposé son autorité sur la population gazaouie et a glorifié les assassinats suicides. Il est poussé à la radicalité par l’Iran, qui l’arme en missiles meurtriers qui sont lancés aveuglément sur les populations civiles.
En déclenchant un massacre d’une ampleur inégalée, le Hamas a voulu remettre la Palestine à l’ordre du jour et torpiller le processus de paix en voie d’être finalisé entre Israël et l’Arabie. Tout comme les accords d’Abraham rétablissant les relations entre Israël et certains pays sunnites, le processus de paix met en second plan l’accord final avec les Palestiniens. Qui plus est, le chef de l’Autorité palestinienne est au courant des tractations en cours et ignore complètement le Hamas qui est l’ennemi juré du Fatah.
En déclenchant un massacre sans pareil, le Hamas espère une réaction israélienne de plus grande ampleur de façon à huiler la propagande anti-israélienne avec des vidéoclips savamment montés qui cherchent à enflammer la rue arabe.
Un blocus imaginaire
Les médias ont largement fait état du blocus de Gaza par Israël en omettant de mentionner que Gaza partage également une frontière avec l’Égypte ! Les denrées y entrent librement. Les cultures agricoles laissées par les Israéliens ont été détruites ou négligées. Mais il est évident que les matériaux de construction qui y sont envoyés servent en priorité à la fabrication d’armes et de tunnels souterrains. Le Hamas jouit de l’aide financière du Qatar et de l’aide militaire iranienne. Le type de soutien obtenu après les nombreuses visites des dirigeants du Hamas en Turquie et en Russie n’est pas clair.
Personne ne comprend la déficience du renseignement israélien — pourtant reconnu comme efficace — et de l’armée qui a mis du temps à réagir. Dans les circonstances actuelles, les analystes israéliens écartaient l’éventualité d’une telle attaque en ces temps-ci.
Le gouvernement israélien — qui comprend des ministres néophytes en matière politique — et l’armée auront à répondre de ce désastre. Le souci majeur d’Israël d’éviter des dommages collatéraux chez les Gazaouis continuera-t-il à prévaloir dans les circonstances présentes ?
D’une part, le conflit actuel met en évidence que le processus de paix israélo-palestinien est encore bloqué. Il le sera encore longtemps tant que l’enseignement de la haine systématisée qui prédomine encore dans les médias et les institutions palestiniennes perdurera.
De l’autre, il vient souligner que les frontières exiguës d’Israël doivent être défendues de façon bien plus hermétique ; que toute concession territoriale constitue un danger existentiel pour Israël et que les slogans de destruction d’Israël ne sont pas une simple rhétorique.
Le rôle de l’Iran
Bien des médias arabes montrent des foules en liesse dans leur pays. Les dirigeants iraniens félicitent ceux du Hamas qui, comme eux, veulent la destruction d’Israël. Le Hezbollah libanais qui leur est affidé dispose d’un nombre de missiles capables de paralyser pour un temps l’État d’Israël et sa faconde ne semble guère prendre en considération les dommages matériaux et humains qu’encourrait en retour le peuple libanais.
Bien des pays occidentaux ont commencé à se réarmer après l’invasion de l’Ukraine par la Russie ; le spectre d’un sort similaire les obsède. L’attaque encourue par Israël vient mettre en exergue l’autre spectre du terrorisme dans leur propre territoire.
Les illusions de paix qui ont suivi la chute du mur de Berlin s’estompent. Le terrorisme d’al-Qaïda et du Hamas ajoute une dimension de désenchantement. Le temps est aux mesures rigoureuses accompagnées d’un appel au bon sens.