Une foule jeune et joyeuse de dizaines de milliers d'homosexuels, transsexuels et leurs sympathisants a défilé vendredi au son de la musique dance à Tel-Aviv, au cours de la plus grande Gay Pride du Moyen-Orient.
Une dizaine de chars surmontés d'hommes légèrement vêtus et de femmes en bikini se trémoussant au rythme de la musique dans la chaleur et l'humidité ont pris la direction de la plage pour une gigantesque fête au bord de la Méditerranée, ont constaté les journalistes de l'AFP.
L'un des chars, représentant un ancien bateau de guerre à voiles, a été construit par le personnel de l'ambassade britannique, a indiqué la représentation diplomatique sur son site internet.
Les organisateurs disaient attendre près de 200.000 participants, dont 30.000 venus exprès de l'étranger pour ce qui est devenu un rendez-vous annuel de la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels), dans une ville louée comme une rare oasis de tolérance dans la région.
La police a déployé des centaines d'hommes pour sécuriser le défilé, a dit un porte-parole, Micky Rosenfeld.
Cette marche des fiertés présentée par la municipalité comme la plus importante parade non seulement au Moyen-Orient mais en Asie s'était donnée cette année pour thème la "visibilité bisexuelle", détournant le tube des Beatles pour s'intituler Let It B.
Israël est reconnu comme un pays avancé en matière de visibilité et d'égalité pour la communauté LGBT, jusqu'au sein d'institutions comme l'armée. Le mariage homosexuel, sans y être illégal, n'y est pas possible, faute d'institution habilitée à le prononcer. Mais il est reconnu quand il a été contracté à l'étranger.
Les autorités israéliennes mettent volontiers en avant des évènements comme celui de Tel-Aviv pour promouvoir l'image d'un pays respectueux des différences, et favoriser le tourisme.
- Un 'pilier' économique -
Depuis sa première édition en 1998, la Gay Pride attire de très nombreux touristes qui passent le week-end ou la semaine à Tel-Aviv, où tout, de la plage aux centres commerciaux en passant par les hôtels et les clubs gays, vit au rythme des festivités.
Tel-Aviv considère comme son "ADN de faire une place à tout le monde", dit Eitan Schwartz, patron de Tel-Aviv Global, une entreprise liée à la municipalité qui finance la Gay Pride.
"Le tourisme gay est l'un des piliers de notre économie", ajoute-t-il.
Maya Gatman, 17 ans et déjà une habituée depuis cinq ans, se réjouit d'une "ambiance incroyable".
Mattan Segev, 36 ans, est, lui, venu non seulement pour faire la fête mais pour réclamer davantage de droits, en matière d'adoption ou de mariage.
"Il y a évidemment une différence entre ce qui se passe en Israël et ce qui se passe dans les pays musulmans autour de nous", dit-il, "mais je ne vois pas pourquoi nous devons nous comparer à eux".
"Israël se considère comme faisant partie des pays européens ou de l'Occident. Si c'est à l'Occident que vous nous comparez, le constat est très différent", ajoute-t-il.
Une adolescente de 16 ans avait été mortellement poignardée par un juif ultra-orthodoxe opposé à l'homosexualité lors d'une semblable marche en 2015 à Jérusalem, beaucoup plus religieuse que Tel-Aviv.
Une partie de la communauté LGBT d'Israël refuse cependant qu'on se serve de sa cause, et répugne à se prêter à ce qu'elle dénonce comme du "pinkwashing", détournement de l'anglais "whitewashing", qui consisterait à dissimuler sous une couche de rose les réalités israéliennes, à des fins politiques aussi bien que commerciales.