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TEMPS ET CONTRETEMPS.

Envoyé par breitou 
Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
15 février 2013, 01:36
IL ÉTAIT UNE FOIS… LES TUNES

Un ouvrage de Jean-Pierre ALLALI
Éditions Glyphe
copyright © Temps et Contretemps

Jean-Pierre Allali est considéré comme l’un des meilleurs historiens de la Tunisie. Il parle de son pays natal avec nostalgie et ses lecteurs lui pardonnent parfois son parti-pris lorsqu’il cherche à enjoliver les souvenirs. Son dernier ouvrage a été édité avec une qualité graphique exceptionnelle à l'instar d’un ouvrage d’art.

L’histoire de la Tunisie, arrêtée à la fin des années soixante au moment de l’exil des derniers juifs tunisiens vers l’Europe et Israël, est agréable à suivre parce que le texte est parsemé de photos originales, d’images d’archives et de cartes postales d’époque quand il ne s’agit pas de reproductions de peinture. Jean-Pierre Allali a effectué un véritable travail minutieux de recherche historique qui nous plonge dans une histoire qui a été peu relayée et dont les témoins disparaissent avec le temps de l’exil.

Une communauté vivante

L’auteur nous conte la tradition tunisienne et juive qui explique la vivacité d’une communauté vivante qui, malgré ses racines profondes berbères attestées par l’image, a choisi la culture du colonisateur parce qu’elle ouvrait la voie à l’occidentalisation et au modernisme. Il nous rappelle que les juifs ont compté en Tunisie et qu’une partie d’entre eux a été à la pointe du sionisme en militant librement avec leurs journaux de propagande. Au terme de la lecture de l’ouvrage, se pose cependant la question de la motivation réelle de la fuite des juifs vers l’occident alors qu’ils étaient totalement assimilés et qu’ils n’avaient pas encore connu l’antisémitisme sévissant aujourd’hui avec les islamistes de la «révolution de printemps».

Jean-Pierre Allali arrive à transmettre une image subliminale de la Tunisie d’hier ancrée dans la mémoire des «Tunes» pour qu'elle se fixe en permanence dans l'imaginaire des juifs qui ont quitté leur terre historique pour l'aventure à l’étranger, en France et en Israël. Un livre à offrir à nos enfants et nos petits-enfants pour qu'ils comprennent l'attachement viscéral de cette centaine de milliers de juifs aux histoires du passé qui se racontent comme un récit d’extra-terrestres tant elle sont décalées par rapport au présent.

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Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
17 février 2013, 03:04
L’IRAN VEUT VENGER LA MORT DU GÉNÉRAL SHATERI


L’IRAN VEUT VENGER LA MORT DU GÉNÉRAL SHATERI

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


Général Hassan Shateri

Les détails de l’opération du 30 janvier 2013 sont encore nébuleux car Israël garde le mystère entier en ne communiquant pas ou en imposant une censure militaire. L'État juif craint une dissémination d'armes chimiques en provenance du régime de Bachar el-Assad. Cette attaque s'inscrivait également dans sa volonté d'éviter que le conflit syrien déborde sur les villes du Golan, donnant ainsi l'occasion à l'Iran et au régime syrien de faire diversion.



Éliminer les cadres
Général Qassem Soleimani

Mais cette attaque semble avoir eu un double objectif consistant à frapper les forces iraniennes au combat en Syrie et à éliminer les cadres iraniens qui collaborent avec le Hezbollah avec l’intention soit de sauver le régime de Bachar el-Assad, soit de préparer la relève du pouvoir par les islamistes en cas de chute du régime syrien. Le commandant des Brigades Al-Qods, le général Qassem Soleimani, se trouvait alors en Syrie, à la frontière israélienne, et il était le premier visé d’abord par un attentat au Golan syrien auquel il a réchappé et ensuite par la frappe d’un convoi d’armement.
L’Iran a publié un communiqué, le 16 février, annonçant qu’il a l’intention de se venger sur Israël pour l’assassinat d’un commandant des pasdarans en Syrie, de surcroit collaborateur du Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. Les iraniens avaient précisé au départ que Hessam Khoshnevis , allias Hassan Shateri, avait été tué en Syrie par les rebelles qui se battaient contre le président syrien soutenu politiquement et militairement par les iraniens. De leur côté, les rebelles accusaient la Garde révolutionnaire iranienne d’aider les troupes d’Assad à écraser le soulèvement qui dure depuis 22 mois déjà. L’Iran n’a jamais affiché ouvertement son soutien matériel au président Assad et dément toute implication de ses troupes en Syrie.
En fait il semble bien que, pour éviter toute confrontation avec les israéliens, les iraniens aient caché le jour et la date de la mort de Shateri qui a eu lieu le 30 janvier, à l’occasion de la frappe aérienne israélienne présumée contre un convoi d'armes destiné au Hezbollah au Liban. Le général iranien et deux officiers, roulant en voiture, ont été les objectifs réels de cette frappe aérienne. Les iraniens ont rapproché cet assassinat de celui à Damas du responsable de la sécurité du Hezbollah, Imad Moughniyeh, en février 2008, qui occupait les mêmes fonctions que le général Shateri.
Imad Moughnieh

La main présumée d’Israël

La précision très militaire de la conduite de l’opération et l’infiltration profonde en Syrie des membres du commando incitent les iraniens à attribuer la paternité de l’assassinat à Israël. On ne prête qu’aux riches bien sûr. Les détails de la mort de Shateri sont encore fragmentaires et seul l'envoyé iranien à Beyrouth, Ghazanfar Roknabadi, a envisagé un lien entre son assassinat et Israël. Ali Shirazi, représentant de Khamenei auprès de la force Al-Qods, armée de l'ombre du régime iranien, a estimé que cet assassinat renforçait la conviction de l’Iran de «s’attaquer à Israël».
Officiers iraniens d'Al-Qods

Shateri appartenait à cette unité d’élite Al-Qods, faction clandestine considérée comme le fer de lance de la «mollahcratie» de Téhéran, chargée d’agir pour promouvoir les acquis de la révolution islamique à l'étranger. L’agence iranienne ISNA a publié une menace : «Nos ennemis doivent aussi savoir que nous allons rapidement venger la mort de Haj Hassan Shateri perpétrée par les israéliens. Nos ennemis ne peuvent pas éteindre le peuple iranien avec ces actes stupides». Aucun commentaire israélien n’est venu étayer l’hypothèse de l’action de ses services sécuritaires dans cette action.

Cadre de haut niveau

Le service de presse de Gardiens de la révolution a déclaré que Khoshnevis avait été «martyrisé sur son chemin de Damas à Beyrouth par des mercenaires». En revanche on en sait plus sur les états de service de Khoshnevis, alias Shateri, qui a occupé une fonction d’ingénieur militaire pendant le conflit entre l’Iran et l’Irak, de 1980 à 1988, et qui a ensuite été envoyé en mission en Afghanistan. Il a été chargé des grands projets de reconstruction civile au Liban au cours de ces sept dernières années tout en aidant le Hezbollah libanais dans la construction de ses bases militaires et de ses blockhaus souterrains.
L’importance de la personnalité de Shateri a été attestée par l’imposante cérémonie funèbre du jeudi 15 février qui a été conduite par le ministre de la défense Ahmad Wahidi, le ministre des affaires étrangères Ali Akbar Salehi et le commandant des brigades Al-Qods le général Qassem Soleimani. Le général défunt était en effet missionné pour créer en Syrie une brigade de 10.000 miliciens, constituée paritairement avec des gardes révolutionnaires iraniens et des membres libanais du Hezbollah. Cette force avait pour objectif de renforcer la défense de Bachar Al-Assad autour de Damas et de sécuriser les axes routiers menant au Liban pour le transfert d’armes de haute technologie. Mais elle représentait effectivement un danger latent aux frontières d'Israël.
L’assassinat de Shateri n’a pas été revendiqué et il est probable qu’il ne le sera jamais même si l’Iran pointe du doigt les services du Mossad.
Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
20 février 2013, 03:13
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LES CARTONS DE POURIM

Conte (presque) imaginaire par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps




Le port de Tunis grouillait de monde en ce mois de décembre 1961. Le départ du bateau pour Marseille avait été annoncé pour la soirée mais les passagers avaient tenu à anticiper l’embarquement pour éviter une affluence inaccoutumée. La période s’étalant entre Noel et Jour de l’An était certes propice pour un départ en vacances mais la réalité était plus rude et, dans une certaine mesure, plus dramatique. La guerre franco-tunisienne de Bizerte, en juillet, suivie de l’intoxication manigancée et mise en scène par les agents du Mossad, avait conduit la grande majorité des juifs de Tunisie à quitter précipitamment le pays où ils avaient pris racine durant plusieurs générations.



Départ précipité

La décision était d’autant plus critique que les autorités tunisiennes n’autorisaient l’embarcation qu’avec les seuls effets personnels ou les quelques menus bijoux patiemment économisés au long d’une vie souvent étriquée. Les juifs n’étaient pas en danger de mort en Tunisie mais la situation pouvait devenir critique, disait-on, sans que l’on sache précisément comment identifier le « on ».
Il fallait beaucoup de courage aux émigrés pour prendre la décision douloureuse de tout quitter, la terre natale et les souvenirs, la famille et la boutique, de tout abandonner sur la foi d’une rumeur et de se diriger vers l’inconnu, cet inconnu dont les délices avaient été vantés et qui représentait la destination espérée de tout juif depuis des millénaires. Israël sonnait pour eux comme la cloche du bonheur, comme le havre de paix où ils allaient enfin pouvoir planter définitivement leur tente après tant d’années d’exil parsemées de joies et de pleurs.
Le chef de famille était moins préoccupé par les cartons bourrés des souvenirs des années d’insouciance plutôt que par l’excitation de ses trois garnements, dont l’ainé jouait déjà au chef à l’âge de six ans. Le premier de la lignée, Claude, avait déjà ce sentiment indéfinissable qui lui donnait le sens des responsabilités et, tel un chien de berger, il ramenait à la meute l’un de ses frères égaré, fatigué d’attendre dans un lieu inhabituel.

Fin de l’exil

L’installation en Israël ne fut pas aisée pour une famille qui se considérait bourgeoise en Tunisie alors que cette aisance était toute relative. Mais elle devait aller au bout de ses convictions et, pour cela, se contenter d’un deux pièces à Holon, à six, bien que ceux qui les avaient précédés, au lendemain de l’Indépendance, avaient bénéficié de l’avantage d’une baraque de bois, comme de lieu de transfert, en attendant les jours meilleurs programmés par les bureaucrates. Pour meubles, les cartons, entreposés au gré de l’espace, remplis des objets nécessaires à la vie de tous les jours et sauvés du regard terrible des douaniers tunisiens, servaient à la fois de table de nuit, de bibliothèque, de support de jeux, de tables de repas et souvent de sièges d’appoint.
Une sorte de camping de luxe s’insérait dans le quotidien de la famille G. dans l’attente des jours meilleurs et de la grâce du Protecteur. Cette petite nichée vivait cependant dans une chaleur humaine dont peu de riches pouvaient se prévaloir. L’argent n’achetait pas tout et ne réglait certainement rien. Seule la tendresse d’une mère courageuse pouvait compenser l’absence de biens matériels, souvent inutiles, pour se prévaloir d’un réel bonheur.

Pourim israélien

Le premier Pourim en Israël devait se fêter dans les règles, comme à Tunis, par tradition certes, mais surtout pour raviver les souvenirs du temps d’une certaine vie insouciante. Les enfants seraient ce jour là les rois, même si la vie était parfois, et par la force des choses, difficile. La famille avait pris l’initiative d’inviter tous les petits amis du gan ou de l’école primaire pour fêter, ensemble, cette première fête en Terre promise. Les déguisements étaient de rigueur et quelques chiffons bien ordonnancés devaient travestir ceux qui allaient régner durant une journée inoubliable. Yossi, Rami, Ilan, les amis intimes et tous les petits voisins avaient reçu leur carton d’invitation manuscrit selon le protocole établi.
Le thème était laissé à la liberté des invités mais les hôtes avaient d’office choisi l’apparat des gâteaux tunisiens. Les oreilles d’Aman, gâteaux aux formes originales ressemblant à un chapeau, celui du vizir d’Aman, symbolisaient la coutume de couper les oreilles des criminels. Mais un Pourim à la mode tunisienne ne se concevait pas sans les makrouds et yoyos au miel, les roses feuilletées et les bricks fourrées à la pâte d’amande. Les sucreries devaient rappeler le souvenir doux du pays natal abandonné. Pour une fois, la famille ne compterait pas les lires et, dès quinze heures, la fête devait exploser dans un bonheur partagé.

Gâteaux et miel

Cependant, à seize heures personne ne s’était encore présenté tandis que les enfants G. avaient du mal à contrôler leurs petites mains qui effleuraient la couche de miel des gâteaux aux amandes ; mais l’éducation stricte qu’ils avaient reçue leur imposait une montagne de patience.
Mandaté par sa mère pour s’enquérir de l’absence inexpliquée de ses petits amis, Claude revenait bredouille de sa démarche.
- Et alors ?
- Ils ne viendront pas, lança t-il en gardant le contrôle d’un visage impassible. Il était bien trop fier pour pleurnicher ou pour exprimer une certaine déception.
- Même Yossi, ton meilleur ami et pourquoi ?
- Il m’a dit qu’il ne voulait pas venir dans une maison où il n’y avait que des cartons.

Nasdaq

Le président de la société israélienne cotée à la bourse de New-York était débordé mais il gardait le calme qu’il savait maitriser de tout temps. N’était-il pas officier de réserve de Tsahal ? La presse, qui tenait à l’interviewer, était plus coriace que les ennemis qu’il avait eus à affronter pendant la guerre. Il n’était nullement impressionné par l’annonce, parue en cette année 2004 dans le plus grand journal économique des Etats-Unis, informant les lecteurs de la réussite d’une minuscule start-up israélienne. Elle constituait la prise de guerre de l’année avec ses centaines de millions de dollars déversés à pleines mains. Le petit Poucet, joyau du high-tech israélien, défiait alors les grands des télécommunications et son président offrait son sourire sur plusieurs colonnes de tous les journaux du monde. Il comptait parmi les dirigeants les plus méritants et les plus fortunés de l’année.
- Monsieur le Président, s’excusa la secrétaire, ce monsieur insiste. Il dit qu’il est votre ami d’enfance Yossi. Il tient personnellement à vous féliciter.
- Faites-le entrer.

La richesse et les souvenirs

D’un pas hésitant, l’invité observait autour de lui l’originalité des meubles qui avaient été conçus par un grand styliste new-yorkais.
- Comment vas-tu Claude ? Félicitations pour ta réussite et ta promotion. Justement si tu avais besoin de collaborateur, je suis ton homme. Mais je tenais d’abord à te féliciter pour le goût de tes meubles originaux new-look. Ils ont été conçus sous une forme originale, comme des cartons de déménageurs.
- Tu te souviens des miens à Holon ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles ?
- Eh bien grâce à toi, tu m’as donné le goût du combat et l’objectif de la victoire. Je m’étais dis que ma réussite, si elle avait lieu, serait dorénavant symbolisée dans mes bureaux par tout ce qui pourrait ressembler à des cartons de déménagement. Les chaises et les tables de réunions, et même mon bureau, rappelleraient les cartons que ma mère avait admirablement décorés pour nous servir de meubles, de bibliothèques et de sièges quand nous étions dans le besoin. Cela m’imposera de ne pas oublier d’où je viens, même si l’argent ne me manque plus. Mais de ces souvenirs, un seul me hante, l’absence de mes amis à mon premier Pourim en Israël.
Mais ce dont il était le plus fier, étaient les quelques meubles qu'il avait conçus et fabriqués de ses propres mains. Quand il voulait s'extraire des soucis de gestion, il avait appris l'ébénisterie pour s'en servir comme hobby quand d'autre font du sport ou jouent aux cartes. Il gardait le souci de fabriquer lui même ce qui devait remplacer un jour les cartons de Pourim.

Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
02 mars 2013, 06:33
Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
06 mars 2013, 02:21
APARTHEID : L’ART DE TRONQUER UNE INFO


APARTHEID : L’ART DE TRONQUER UNE INFO

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


Les médias occidentaux sont toujours à l’affut d’une info croustillante qui leur permet d’être lus sachant que tout ce qui touche aux palestiniens ou aux israéliens fait vendre du papier ou augmente le nombre de clics. Cela est d’autant plus révélateur que le dernier scoop a été repris en chœur sans être accompagné d'une explication officielle ce qui peut sembler pour le moins partial. La recette est habituelle, il suffit d’utiliser une expression choc, datant des années noires, pour marquer les esprits. Les mouvements pacifistes sont toujours prompts à réagir quand il s'agit d'Israël mais ferment les yeux sur les crimes commis en Syrie.

Informations occultées



Aucune autre nouvelle du même jour n’a trouvé grâce aux yeux des commentateurs. Le même jour, 42 soldats syriens étaient tués dans une embuscade tendue contre leur convoi. Le même jour, un réfugié syrien s’est pendu à Saïda parce qu’il était incapable de subvenir aux besoins de sa femme et de ses quatre filles, illustrant ainsi la détresse des réfugiés ayant fui la guerre civile dans leur pays et luttant désormais pour survivre sans aide ni travail. Le même jour, deux palestiniens étaient pendus sans jugement, comme des chiens dans une rue syrienne, pour faits de collaboration. Mais ces informations ne semblaient pas être dignes de figurer en première pages des journaux et ils ont préféré faire leur choux-gras avec une nouvelle tronquée volontairement, ou mal présentée, pour accuser Israël.

L’expression honteuse d’apartheid était lancée pour stigmatiser les méthodes israéliennes parce qu'elle est parlante et honteuse. 80.000 travailleurs palestiniens traversent tous les jours les frontières israéliennes pour subvenir à un demi-million des membres de leurs familles de Cisjordanie. Dès trois heures du matin, ils font la queue aux check-points pour être parmi les premiers à être embauchés par les entreprises du bâtiment ou de travaux publics. Et si par chance ils sont sélectionnés, ils ont deux heures de trajet en bus pour parvenir à leur lieu de travail. Cela fait des journées très longues pour gagner leur vie.
Travailleurs palestiniens en route dès l'aube


Les autorités israéliennes ont estimé devoir faciliter la vie de ces travailleurs de l’aube en affrétant pour eux un autobus spécial, direct vers leur lieu de travail, pour leur éviter l’omnibus qui parcourt plusieurs villes de Cisjordanie et pour leur permettre de rentrer chez eux plus tôt. Le ministre des transports a expliqué que "les nouvelles lignes ne sont pas des lignes séparées pour les palestiniens mais plutôt deux lignes dédiées destinées à améliorer les services offerts aux travailleurs palestiniens qui entrent en Israël par le passage d'Eyal".
Mais l'explication n'a pas convaincu et n'est pas génératrice de buzz. Mais ce qui est désolant c'est que les gauchistes israéliens crient avec les loups. Zahava Gal-On, la secrétaire générale de Meretz, le parti d'extrême gauche israélien, a demandé la «suspension immédiate des lignes séparées en Cisjordanie. La séparation dans les bus sur des bases ethniques était pratiquée par tous les régimes racistes dans le monde, et est inacceptable dans un pays démocratique». Alors le mot est lâché, c’est de l’apartheid. Si les travailleurs palestiniens s'estiment victimes d'apartheid, il leur reste toujours la solution de l'omnibus qui ne leur est pas interdite et qui rallonge leur trajet de plus d'une heure. Ils peuvent aussi tout simplement refuser les permis de travail pour éviter d'être des victimes expiatoires de l'apartheid israélien.
Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
07 mars 2013, 11:19
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KOL-ISRAËL : ISRAEL NE PLEURE PAS LA DISPARITION D’HUGO CHAVEZ

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


Le président vénézuélien Hugo Chavez, opéré à Cuba, se trouvait depuis plusieurs semaines dans «un état critique, mais stable». Il vient de mourir dans son pays après une agonie médicale de plusieurs semaines. Il n’était plus en état de gouverner malgré sa réélection à la tête de son pays, non validée par une prise officielle de fonction.
Il avait réussi au départ à tromper son monde car, sous ses allures de progressiste, il portait en lui les stigmates d’un dictateur. Il était à la tête d’un pays, regorgeant de pétrole, qui a souffert du trop-plein de richesse. Mais au lieu de favoriser dans son pays la naissance d’un modèle de démocratie et de privilégier le développement social, il a préféré choisir la voie de la dictature pour imiter les privilégiés de l’OPEP afin d’entrer dans la secte des féodaux du Moyen-Orient. Il avait si peu confiance dans les structures de son pays qu'il avait préféré se faire soigner par des médecins cubains.

Cliquer sur le lien pour écouter l'interview conduite par Maurice IFERGAN au journal de Kol-Israël du 6 mars 2013



Rapprochement arabe


Chavez et Omar Al-Bachir


La malédiction de la profusion des ressources naturelles a touché le Venezuela qui était pourtant un modèle de stabilité. Hugo Chavez décida, dès son arrivée au pouvoir, de bouder le clan des pays démocratiques pour rejoindre celui des dictateurs. Les bases sociales du pays s’opposaient pourtant à l’instauration d’une dictature mais il s’est appuyé sur les reculs sociaux pour museler l’opposition et affaiblir les partis. Il grignota progressivement les espaces de liberté jusqu’à interdire les plus grands médias de son pays.

Mais, en rejoignant les pays arabes producteurs de pétrole, il radicalisa son opposition à Israël dans une attitude qui n’entrait pas dans la tradition du pays. Il pensait que le passeport pour participer au cercle fermé de l’OPEP passait par le déni d’existence de l’État Juif. Et au comble du raisonnement, le Venezuela se chercha une nouvelle identité pour intégrer la Ligue Arabe. Il accepta dans un premier temps un strapontin d’observateur, en attendant de trouver des ancêtres «bien-pensants» qui lui donneraient son certificat d’arabité.
Synagogue de Caracas vandalisée

La volonté d’appartenance au monde arabe pourrait à elle seule expliquer l’insistance de Hugo Chavez à contrer Israël jusqu’à ne plus contrôler ses relents antisémites. Il voulait obtenir son ticket d’entrée dans le monde fermé des milliardaires de la Ligue arabe, créée le 22 mars 1945 par l’Egypte opposée à l’époque aux britanniques qui cherchaient à museler la région. Il a suscité en 2009 la vague d’antisémitisme, sans précédent, contre la communauté juive qui compte 25.000 personnes. La grande synagogue de Caracas avait été profanée quelques jours après un appel au boycott des magasins juifs. L’arche sainte et des livres de prières avaient été détériorés tandis que les murs étaient souillés de slogans antisémites. Hugo Chavez avait mollement rejeté la responsabilité de ces actes sur ses opposants politiques.



Axe irano-vénézuélien


Chavez et Ahmadinejad


Il s’était allié aux pires ennemis d’Israël. Le président Mahmoud Ahmadinejad, qui avait reçu en grandes pompes son homologue vénézuélien et qui avait accusé les pays occidentaux d’organiser l’isolation diplomatique de l’Iran, avait obtenu le soutien affiché d’Hugo Chavez : «Je dois profiter de l'occasion pour condamner ces menaces militaires dirigées contre l'Iran». Il avait alors contresigné le message d’Ahmadinejad destiné aux israéliens : «Les ennemis de nos peuples partiront un jour. C'est la promesse de Dieu, et la promesse de Dieu sera tenue». Ces deux pays, qui ont pour seul point commun d’être membres de l’OPEP, se sont donnés pour objectif de s’opposer à l’hégémonie américaine et à la présence israélienne au Proche-Orient. Le symbole de la visite d’Hugo Chavez consistait à prouver que l’Iran maintenait des liens exceptionnels avec plusieurs pays et que la volonté des Etats-Unis de l’isoler s’était transformée en échec.


Le revirement du président vénézuélien avait, en fait, pour but de masquer ses échecs en Amérique latine. Morales, le bolivien, lui avait damé le pion à gauche, le Pérou et le Mexique l’ignoraient et son initiative bolivarienne avait fait chou-blanc. Alors qu’il rêvait d’enflammer l’Amérique du Sud à l’instar d’un Ché Guevara plus charismatique, il était contraint de chercher ailleurs ses nouveaux alliés dont les noms suffisaient à démontrer la vanité de sa démarche. Il organisa alors une tournée auprès de plusieurs dictateurs pour s’inspirer de leurs méthodes : l’Iran d’abord pour parler de nucléaire avec Ahmadinejad puis la Biélorussie, la Corée du Nord et enfin la Syrie pour tenter d’obtenir son certificat de «conversion arabe».



Manque de volonté internationale



Les occidentaux ne semblaient pas intéressés à changer le cours des choses car les régimes dictatoriaux sont propices à leurs intérêts fondamentaux. Ils leur ouvrent le droit à une exploitation tranquille des ressources naturelles dans des pays forts, donc stables, qui peuvent s’opposer aux revendications de révolutionnaires cherchant à déloger les «pilleurs de ressources».

Le Venezuela, comme les pays pétroliers arabes, ne fait pas bon ménage avec Israël puisqu’il mêlait sa politique anti-israélienne d’antisémitisme. La raison principale veut qu’Hugo Chavez rejette tout ce qui touche de près ou de loin à la démocratie. Or Israël est le seul point de fixation démocratique dans une région qui ne l’est pas et qui ne cherche pas à l’être malgré les révolutions arabes qui ont ouvert des horizons nouveaux mais qui ont déçu. Il faut donc combattre tout pouvoir du peuple sinon le détruire.

Pour garantir leurs approvisionnements, les démocraties se montrent très complaisantes à l’égard des dictateurs tenants du pétrole. Elles tardent à pointer du doigt ces pays où la liberté a été confisquée, où l’opposition est muselée et où les prisons regorgent de politiques. Hugo Chavez et son ami Ahmadinejad ont vite assimilé ce postulat pour pouvoir se permettre de développer des critiques permanentes à l’encontre des Etats-Unis et d’Israël.

Israël ne versera aucune larme pour Hugo Chavez car il ne pourrait pas avoir, à sa place, de pire opposant. Il faut souhaiter que son remplaçant soit plus lucide sur les véritables amis du pays et de sa population et qu'il puisse, au moins, adopter une position de neutralité vis-à-vis d’Israël.
Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
07 mars 2013, 11:21
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jeudi 7 mars 2013

LES LOBBIES OU LA DICTATURE PARFAITE

Par Jean SMIA
copyright © Temps et Contretemps

Loin de la caricaturale image du dictateur façon Amin Dada, Sadam Hussein ou Kim Jong-Il, les lobbies ont phagocyté les institutions européennes et installé une dictature parfaite, avec, en prime, un alibi de démocratie : c'est nous qui votons mais c'est eux qui dirigent.

Structures opaques

Il existe à Bruxelles, aux abords des institutions européennes, 2500 structures opaques qui emploient 15.000 lobbyistes, et il y en a bien plus à Washington. On voit que la plupart d'entre eux ont un train de vie enviable, mais personne ne sait qui les paye, ni le mode précis de leur rémunération. Sont-ce des commissions ? Si oui, pourquoi le motif de cette récompense n'est pas public ? Sont-ce des forfaits de «mission» ? Alors pourquoi l'objet de la mission reste secret ? À moins que ce soit nous, européens, qui les payons pour des «comptes rendus» et «études» sur des positions à prendre pour des sujets à l'ordre de la session ?

On sait que les grands groupes économiques, financiers et industriels financent ces officines.

Mais comment, sur un plan comptable, ces paiements entrent dans une nomenclature ?

Lorsqu'un agent commercial ou un apporteur d'affaire doit justifier au fisc ses revenus, il doit fournir les éléments d'appréciations des services rendus (contrat de mission, justification de bonne fin, etc..), mais pour les lobbyistes on n'a aucune information. Si un paiement n'a pas de justification légale, réelle et confirmée, c'est soit une fausse facture, soit un détournement d'actif.

Lois de Bruxelles

En France, comme en Europe, nous élisons des gens pour que s'appliquent, chez nous, les lois votées à Bruxelles. Ce qui fait qu'il suffit d'influer sur Bruxelles pour gérer la France et l'Europe. Étant donné que les simples citoyens ne disposent pas de lobby pour contrebalancer ces dévoiements, que nos députés européens sont des humains donc perméables à toute sorte de chants de ces sirènes, les lobbies peuvent, en toute tranquillité, modeler l'Europe au gré de leurs employeurs. On retrouve, à l'échelle du gouvernement de l'Europe, un schéma identique à celui que les laboratoires pharmaceutiques ont mis en place dans notre ministère de la santé : ce sont leurs salariés qui y donnent leur avis sur l'autorisation de commercialisation de leurs médicaments.

À Washington, il y a aussi encore plus de lobbies, mais aux États-Unis, le président dispose d'un fort pouvoir exécutif. Élu au suffrage universel, il est, à lui seul, le lobby des simples citoyens. Le président de l'Europe, lui, doit demander la permission pour inaugurer des chrysanthèmes. C'est ainsi que la dictature des lobbies s'est installée.

Deux fictions semblent tendre vers le prémonitoire : Aldhous Huxley avec son «meilleur des mondes» où tout est préprogrammé, et Harry Harisson avec «soleil vert» où l'opulence d'une poignée côtoie l'extrême pauvreté de masses sur une planète aux ressources alimentaires épuisées.

Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
22 mars 2013, 02:41
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LE DOUBLE MESSAGE DE BARACK OBAMA

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

Obama à Yad Vashem

Barack Obama est arrivé au Proche-Orient avec un double discours, différent mais non contradictoire, l’un pour les israéliens et l’autre pour les palestiniens. S’il a bien exhorté les deux parties à reprendre les négociations de paix, il a surtout conseillé aux palestiniens de lever leur préalable de l’arrêt des constructions dans les implantations. Les deux messages se distinguaient à la fois sur la forme et sur le fond.

Reprise des négociations

Discours devant les jeunes

Il a certes critiqué la politique dans les implantations, la définissant comme «non constructive et inappropriée», mais il a insisté sur le principe que cette question ne devrait être résolue que dans le cadre de négociations bilatérales : «Quand tout est réglé d'avance, les négociations deviennent inutiles. Il est important de travailler à ce processus, même s'il y a des blocages dans les deux camps».

Le discours d’Obama devant les étudiants israéliens se voulait optimiste. Il a reconnu que les jeunes pouvaient paraitre «sceptiques sur la paix mais il les a poussés à exiger de leurs dirigeants politiques qu'ils prennent des risques. Vous devez créer le changement que vous voulez voir. Regardez vers l'avenir que vous souhaitez pour vos propres enfants, un avenir dans lequel un État juif et démocratique est protégé et accepté, pour cette fois et pour tous les temps». Il faisait allusion aux réticences israéliennes. Il avait en effet compris que Benjamin Netanyahou n’avait accepté le principe de «deux États pour deux peuples» que du bout des lèvres. Alors il a cherché à exploiter la division de l’opinion israélienne en deux clans antagonistes dont l’un est favorable à la solution de la question palestinienne.
Obama à Ramallah

La télévision a montré deux Obama, l’un à Jérusalem et l’autre à Ramallah comme s’il ne s’agissait pas de la même personne. Autant une atmosphère décontractée régnait avec Netanyahou, illustrée par leur promenade en bras de chemise sur le tarmac de l’aéroport Ben Gourion et l’usage multiple du surnom de Bibi, autant la cérémonie avec Mahmoud Abbas était empreinte de froideur protocolaire caractérisée par une entrée rapide des deux dirigeants à l'intérieur du complexe présidentiel de Ramallah.

Repenser la méthode

Si Obama a insisté pour dire que les États-Unis devraient «repenser» leur méthode pour résoudre le conflit, il n’a pour autant transmis aucune recette pour y parvenir, laissant aux protagonistes leur liberté d’action : «Si la seule façon d’entamer les conversations consiste à obtenir tout au départ, alors nous n’arriverons jamais à la question fondamentale de savoir comment créer un État palestinien». Il est évident pour les américains que plus les palestiniens attendent avant de négocier et plus la partie de Cisjordanie qui leur sera allouée deviendra une portion congrue.

Mahmoud Abbas n’a fait aucun effort pour assouplir sa position et reste ferme sur ce point : «Ce n'est pas seulement notre opinion selon laquelle les colonies sont illégales, il s'agit d'un point de vue partagé par la communauté internationale. Dans les années 1970 et 1980, plus de 13 résolutions ont été prononcées par l'Assemblée générale des Nations Unies, qui non seulement condamnaient les colonies mais exigeaient leur démantèlement». Cette insistance d’Obama à ne pas réclamer l’arrêt des constructions est assimilée par les palestiniens à un encouragement à continuer à construire. Obama a ensuite abondé dans le sens des exigences israéliennes en demandant aux palestiniens de reconnaitre Israël comme la patrie du peuple juif.

Constructions dans les implantations

Obama a fait le choix d’un discours élogieux à Jérusalem en insistant sur son admiration pour Israël mais a exprimé au passage ses vérités en insistant sur le développement d’implantations «contre-productives pour la cause de la paix». Il a cité David Ben Gourion qui avait jugé que : «en Israël, pour être réaliste, il faut croire aux miracles». Mais il a cherché à convaincre son auditoire de jeunes qu’il sentait à sa portée : «La paix est possible. La paix est juste. Mettez-vous à la place des palestiniens. Regardez le monde à travers leurs yeux. Il n'est pas juste qu'un enfant palestinien ne puisse pas grandir dans un État qui lui est propre».

Naftali Bennett

Il n’est pas certain qu’il ait pu convaincre les jeunes militants de Habayit Hayehudi qui ne voient aucun intérêt à négocier avec les palestiniens. Naftali Bennett, qui a insisté sur la «véritable amitié avec les États-Unis» a totalement rejeté l’appel à un État palestinien : «la voie palestinienne n’est pas la bonne méthode, le temps est venu pour des nouvelles solutions plus créatives». Tsipi Livni, très isolée au gouvernement sur la question palestinienne, devra faire preuve d’un talent et d’une capacité d’innovation exceptionnels pour cadrer, au moins en partie, avec la position difficile de Barack Obama.



Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
27 mars 2013, 02:17
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LE PESSAH DES DERNIERS JUIFS DE TUNISIE



LE PESSAH DES DERNIERS JUIFS DE TUNISIE

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


La dernière boucherie cacher à Tunis (Photo Paul Rosenfeld)
Deux juifs américains, Paul Rosenfeld et Noah Rayman sont partis à la recherche des juifs de Tunisie à l’occasion des fêtes de Pessah et ils ont rapporté un témoignage émouvant, surtout pour ceux qui ont connu l’âge d’or de ce pays. Ils ont côtoyé les derniers juifs qui s’accrochent encore à leurs racines, face à l’exode irrémédiable d’une communauté qui n’a plus d’avenir.




Pessah triste


Ils ont rencontré le rabbin Daniel Cohen qui, avec sa femme et ses dix enfants, a migré pour la fête de Pessah, de leur appartement de Tunis vers leur maison située en bord de mer à la Goulette, à une dizaine de kilomètres de la capitale. Daniel est l’homme à tout faire pour les affaires religieuses de la communauté qui ne compte plus que 300 à 400 âmes à Tunis. D’ordinaire il enseigne en semaine à 27 élèves de la seule école juive existante et il passe tous les week-ends à officier dans l’unique synagogue de la Goulette, ville qui comptait, à l’âge d’or, plus de 13 lieux de culte. Le Deauville de Tunis était longtemps resté le lieu de villégiature du week-end et des vacances lorsque la population prospère de Tunisie s’y installait dans ses villas.
Synagogue Beith Mordechai à la Goulette avec le fils Cohen


Daniel a passé la semaine à superviser la production de produits alimentaires cachers, souvent importés, avant de rejoindre son hypothétique «miniane», le nombre minimum de dix juifs pour participer à l’office du Shabbat. Le Talmud de Jérusalem fait le lien entre le nombre de 10 personnes exigées pour le miniane et les 10 frères de Joseph lorsqu'ils descendent en Égypte lors de la famine dans le pays de Canaan. C'est pourquoi l'on prie en groupe, non seulement pour soi, mais pour le groupe avec la volonté de changer les choses.

Il est loin le temps où Daniel se déplaçait en kippa ornée d’un liséré en or car à présent il la cache sous sa casquette de base-ball Nike. Il ne craint pas pour sa vie mais il estime qu’il est inutile de faire de la provocation en ces temps islamistes. Il sait qu’il ne fait pas illusion car il reste reconnaissable parmi la population arabe mais il avoue que «les tunisiens ne font plus de différence aujourd’hui entre les juifs et Israël».
Cimetière profané au Kef

Il reste cependant mitigé sur le nouveau régime bien qu’il affirme que, depuis la révolution de 2011, le gouvernement islamiste tunisien s’est engagé à protéger la communauté juive qui a compté jusqu’à 110.000 juifs exilés en France et en Israël en trois vagues, l’indépendance de la Tunisie en 1956, la crise de Bizerte en 1961 et la Guerre de Six-Jours en 1967. Il avoue qu’il ne voit aucun avenir dans cette communauté qui vient de subir encore la profanation de plusieurs cimetières juifs, suffisamment pour susciter l’inquiétude de ses derniers résidents irréductibles. En effet, le 4 février dans le cimetière du Kef, plusieurs tombes juives ont été profanées avec des sigles nazis.



Vestiges de la tradition juive



Plus d’un millier de juifs s’accrochent encore à leur terre natale, en majorité dans l’ile de Djerba. À Tunis la gestion de la communauté s’effectue dans une ancienne école juive qui pour l’occasion permet aux juifs pratiquants de trouver les principaux produits cachers comme le vin, les épices et les matsot.
Brigitte Hayoun (Photo Paul Rosenfeld)

Brigitte Hayoun, installée dans l’auditorium de l’ancienne école, présente les quelques produits indispensables à la confection des mets cachers de Pessah : «c’est peu de choses mais il y a le minimum. A Paris on considèrerait cela comme négligeable». Son fils vient d’arriver de Paris pour les vacances et elle veut jouir de cet instant éphémère de bonheur : «Pour l'instant, nous sommes ici. Demain, nous ne savons pas.»

Des centaines de boucheries cachères, épiceries et restaurant de l’époque, il ne reste plus que deux vestiges qui vivotent difficilement. L’usine de matsot de la rue Arago n’existe plus. Le rabbin Daniel a dû se démener pour obtenir la supervision d’une fabrication spéciale de vin car les caves juives Bokobsa n’existent plus en Tunisie.
La communauté juive s’étiole et avec elle la jeunesse. Moshé Uzan, un jeune de 24 ans, explique qu’il est le seul de ses camarades de classe primaire à être resté, «les autres sont partis en France ou à l’étranger» ; pour lui l’étranger est un euphémisme car il se refuse à prononcer Israël dans cette terre d’islam. Il est un cas spécial car il a passé ses dix dernières années à étudier à Paris, en Israël et à New-York pour décider malgré tout de retourner à Tunis. Il vient d’y ouvrir une société immobilière chargée des biens des expatriés : «J’ai un contrat moral avec mes parents. Je peux aller à l’étranger mais je dois revenir pour les vacances et les fêtes. Je n’ai jamais raté Pessah ».



Pas de politique



Roger Bismuth et les dirigeants d'Ennahda


Roger Bismuth, président de la communauté juive de Tunisie refuse de s’adresser aux médias étrangers sur les problèmes des juifs tunisiens : «Je ne suis pas une minorité dans mon pays. Je suis un tunisien. Je suis le président de la communauté juive, mais je refuse de parler des juifs et des juifs face aux problèmes du pays.».
Le grand rabbin Bittan avec le président Marzouki

Haïm Bittan, Grand Rabbin de Tunisie préfère lui aussi qu’on ne parle pas trop de sa communauté. La mise à la lumière de ses ouailles peut leur causer du tort à l’heure où les islamistes régentent tout. Il a d’ailleurs refusé le projet de loi qui devait accorder des sièges au Parlement, réservés à des représentants de la communauté juive en Tunisie : «la communauté juive en Tunisie compte 1.700 membres sur une population globale de 11 millions, un chiffre qui ne permet pas logiquement de postuler à un siège au Parlement».

Les juifs de Tunisie sont comme toutes les minorités infimes dans les pays arabes. Ils s’accrochent désespérément à leur terre natale malgré une vie dominée par les islamistes, soit pour des raisons bassement matérielles, soit par conviction. Ils attendent sereinement le jour où ils seront contraints de la quitter sous la pression politique ou sous la pression des antisémites qui voient dans tout juif un israélien déguisé.




NB. Un état des lieu éloquent. AlbertS.
Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
28 mars 2013, 23:59
LA MANNE DU GAZ EN ISRAËL


LA MANNE DU GAZ EN ISRAËL

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps




Le 31 mars 2013, le gaz naturel commencera à couler depuis la plateforme Tamar, marquant une étape importante dans le secteur de l'énergie israélienne et pour l'économie dans son ensemble. Ce gaz est exclusivement destiné, dans un premier temps, à la consommation intérieure israélienne. À cette occasion nous publions à nouveau l'article sur les enjeux de ces gisements.



En 2009 un gisement de 240 milliards de m3 de gaz a été découvert en pleine mer au large de Haïfa, à Tamar, soit le gisement le plus important découvert cette année-là. A lui seul, Tamar pourrait alimenter toutes les centrales israéliennes pendant plus de 20 ans. A la fin 2010, un champ gazier encore plus volumineux renfermant pour sa part 450 milliards de m3 baptisé Léviathan, monstre marin selon la Bible, a été mis à jour.





Doctrine économique



A eux seuls, ces puits pourraient satisfaire la demande des États-Unis en gaz pendant toute une année. Avec une population israélienne qui s'élève à huit millions, les profits potentiels de ces gisements sont énormes. Ces puits commenceront à produire dès l’année 2013. Les candidats aux élections ont éludé la question de l’usage qui sera fait par le pays de ces nouveaux revenus qui évolueront de manière exponentielle durant la mandature. Israël passera ainsi de la dépendance à la souveraineté énergétique avec le risque de frictions politiques si une doctrine n’est pas définie avec l’ensemble de la classe dirigeante.

En effet, la majorité des pays détenant les hydrocarbures souffrent d’une malédiction de la richesse. Paradoxalement ceux qui n’en détiennent pas devraient remercier le Ciel parce que leur éloignement des sous-sols gorgés d’or noir a souvent favorisé la naissance d’un modèle de démocratie tendant à privilégier le développement social plutôt que les combats d’intérêts personnels. Ce fut d’ailleurs le cas d’Israël jusqu’à ces récentes découvertes.
La manne des hydrocarbures fait évoluer les bénéficiaires de manière différente selon qu’il s’agisse de démocraties ancrées dans l’Histoire ou alors de pays nouveaux accédant à l’indépendance dans une instabilité liée à leur jeunesse politique. Israël devra choisir l’option qui lui paraitra la plus adaptée à son histoire en s’inspirant des deux exemples les plus significatifs.



Deux exemples opposés
Usine de liquéfaction du gaz en Norvège




Dans les années 1960, la Norvège et le Nigeria sont entrés simultanément dans le monde des détenteurs de pétrole et pourtant leurs évolutions ont été totalement contrastées. La Norvège est devenu le deuxième exportateur mondial de gaz et le sixième exportateur de pétrole, et ce secteur représente un tiers des recettes de l’Etat. L’européen, qui disposait d’un gouvernement fort et centralisé, eut ainsi l’occasion de distribuer cette manne au profit de sa population grâce à des mesures sociales bénéfiques ayant contribué à consolider la démocratie. Cette nouvelle source de revenus s’est répartie de manière équilibrée avec l’opposition afin de rendre la compétition plus ouverte et plus juste. Alors que le pétrole représentait 25% du P.I.B, le gouvernement n’abusa jamais de cette rente à des fins personnelles ou sectorielles et il l’utilisa en concertation avec l’opposition qui prit part à toutes les décisions économiques fondamentales.
Président du Nigeria : Goodluck Jonathan

En revanche la situation fut différente pour le Nigeria, probablement parce que les structures étatiques étaient faibles. Le gouvernement modifia la constitution pour s’octroyer plus de pouvoirs, créa des lois pour s’approprier les richesses pétrolifères, et utilisa les ressources des hydrocarbures pour les distribuer, à sa discrétion, en oubliant au passage l’opposition et les gouvernements provinciaux. Au lieu de privilégier la démocratie, les gouvernants nigérians développèrent à bon escient des mécanismes antidémocratiques qui ne purent qu’attiser les rivalités ethniques, religieuses et régionales.
A mesure que le pouvoir faisait main basse sur les revenus pétroliers, l’opposition devenait radicale et la spirale infernale ne trouva que la répression pour seule issue. Cette déstabilisation politique ne se calma qu’en 2003 mais plusieurs années ont été gâchées et des centaines de morts ont payé de leur vie la volonté de faire changer la donne. Cette malédiction de la profusion des ressources naturelles a touché même les régimes que l’on croyait stables et démocratiques à l’exemple du Venezuela.
Construction gazoduc

Israël songe déjà à construire un gazoduc à destination de l’Europe via la Grèce pour exporter son gaz. Selon un haut fonctionnaire du ministère des Infrastructures. «Nos allons assurer nos besoins énergétiques et être ainsi auto-suffisants pour la première fois de notre histoire. Israël disposera en outre d'importants surplus. Le gaz pourrait dans ces conditions devenir un outil économique et diplomatique pour établir de nouveaux partenariats, dans notre région, mais aussi avec de nouvelles puissances telles que l'Inde et la Chine».





Puissance financière




La puissance financière issue du pétrole, doublée d’une puissance démographique, aurait pu concrétiser des projets ambitieux dans la technologie, dans le développement social, dans le bien-être général, dans l’acquisition de monopoles européens et dans la mainmise sur les potentats occidentaux. L’inverse a été atteint. Les revenus du Nigeria ont été reversés à une minorité qui les a accaparés et qui les a stockés dans les coffres des banques occidentales à des fins purement personnelles, sinon crapuleuses. Par ailleurs, pour faire bonne mesure et pour asseoir leur pouvoir non partageable, les despotes ont dilapidé les revenus des hydrocarbures dans l’achat d’armes aux fins de protéger leurs privilèges par la force.

Le démarrage de l’extraction du gaz offshore pourrait constituer une bouée de sauvetage pour l’économie israélienne. La banque centrale estime que les ressources procurées par le gaz augmenteront le PIB israélien d’un point supplémentaire, ce qui permettra une prévision de croissance de 3,8% pour 2013 avec une retombée positive sur la balance commerciale israélienne. La production de gaz réduira les importations de pétrole avec, à la clef, une économie de sorties de devises. Les prévisions évaluent à 2 milliards d’euros par an les nouvelles entrées financières pour Israël pour un budget annuel de 70 milliards d’euros.
Les artisans de l'économie israélienne : Stanley Fischer directeur de la Banque d'Israël, Benjamin Netanyahou et Youval Steinitz ministre des finances

Passée la période agitée des élections, le nouveau gouvernement qui sortira des urnes devra légiférer pour définir l’utilisation de la manne du gaz, en collaboration avec l’opposition, afin d’assurer une répartition équitable des milliards de dollars qui vont se déverser dans les caisses de l’État. Ce sera surtout l’occasion de réduire la pauvreté qui gangrène certaines villes du sud du pays.



Lutte contre la pauvreté




Selon le dernier rapport 2012 de l’organisation humanitaire «Latet» qui vient en aide aux couches sociales défavorisées en Israël, l’année 2012 aura été mauvaise en termes de lutte contre la pauvreté. Les plus jeunes ont souffert dans les familles pauvres car un enfant sur deux a été obligé de travailler pour subvenir aux besoins de ses proches tandis que 20 % d’entre eux ont quitté définitivement l’école. Le rapport note que 27 % des enfants israéliens ont connu des jours sans nourriture.
Les conclusions du rapport, sur la base de chiffres officiels, incriminent «les politiques néolibérales qui nuisent au fonctionnement des services publics et à la privation des droits économiques et sociaux des enfants» et révèlent que près de 900.000 enfants vivent sous le seuil de pauvreté avec une forte malnutrition. Le directeur général de «Latet», Eran Weintraub, met en garde le gouvernement : «Si nous voulons survivre en tant que société dans les 60 prochaines années, nous ne devrions pas considérer la pauvreté comme un épiphénomène, mais comme la conséquence directe de politiques dangereuses, qui rapprochent Israël des pays du Tiers-Monde et l’éloignent d’autant du monde occidental.»
Sdf en Israël


Mais, à l’exemple de la Norvège, Israël envisage de créer un fonds souverain pour faire face aux «éléments imprévus». La moitié des milliards de dollars de revenus entrerait dans les caisses de l’État et le reste serait partagé entre les sociétés privées israéliennes et américaines qui vont exploiter ces richesses. Il ne semble pas dans les intentions du futur premier ministre Netanyahou de répartir en urgence ce pactole, ou du moins une partie, au profit d'une population qui avait manifesté en 2011 contre ses conditions économiques difficiles. Il compte investir cette manne à l’étranger pour disposer d'un «filet de sécurité» pour faire face à des événements imprévus tels que guerres, désastres naturels ou crises financières. En fait, il préfère s’asseoir sur un tas d’or, pour faire profiter les prochaines générations, et laisser les classes défavorisées s’enfoncer encore plus dans la misère pour des questions de stratégie économique.
La queue des pauvres pour de la nourriture

Il justifie ces réserves à l'étranger en pointant du doigt le programme nucléaire iranien qui ouvre une période d’incertitude et la montée d’un islamisme radical qui déstabilise les pays arabes avec le risque d’une explosion économique mondiale. Une petite exception cependant avec l’utilisation de 4% des revenus du gaz pour augmenter les crédits de l’Éducation et de la Défense étant bien entendu que le Trésor israélien pourra disposer d’une ligne de crédit bancaire auprès du fonds souverain en cas de «circonstances exceptionnelles».
Un point positif cependant pour éviter toute dérive politique, la Banque d’Israël, fidèle à sa neutralité politique, sera chargée de gérer les revenus du gaz. Israël s’inspire ainsi de la Norvège qui n’a pas donné au ministère des Finances, dirigé par un représentant politique, la responsabilité du fonds souverain. Mais par ses choix, Benjamin Netanyahou prouve qu'il veut rester fidèle à sa politique ultra-libérale.





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