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“THIS PLACE” 12 REGARDS SUR ISRAËL

La famille Weinfeld, 2009, par Frederic Brenner

“THIS PLACE”  12 REGARDS SUR ISRAËL

 

 

 

Quelle place occupe Israël dans notre imaginaire ? Quels sont ses contours géographiques, historiques, métaphoriques ? Douze photographes ont tenté de répondre à ces questions en interrogeant pendant un an ce lieu d’altérité et de dissonance. Des réponses forcément inachevées, mais qui portent sur l’Etat hébreu un regard détaché des habituelles visions partisanes.

Initié par le photographe français Frédéric Brenner, ce projet, baptisé « This Place » (« ce lieu ») revendique une approche anti-idéologique, poétique par essence. En 2007, sur les conseils de son galeriste new-yorkais Howard Greenberg, Frédéric Brenner invite cinq photographes à y participer. Il organise une mission exploratoire afin que les photographes qui, à une exception près, n’avaient jamais mis les pieds en Israël, puissent se familiariser avec le lieu. La problématique se cristallise. Les pratiques se diversifient pour tenter d’appréhender ce constant écartèlement entre passé, futur et présent, ce grand écart entre le terreau biblique, d’où surgissent des métaphores, et la vie quotidienne.

Six photographes de renommée internationale rejoignent le noyau dur. L’affi­che est alléchante : Wendy Ewald, Martin ­Kollar, Josef Koudelka, Jungjin Lee, Gilles Peress, Fazal Sheikh, Stephen Shore, Rosalind Solomon, Thomas Struth, Nick Waplington et Jeff Wall (ce dernier ne réalisera qu’une seule image). Libre à eux d’inventer leur propre grammaire, de déambuler au sein de cette complexité humaine, en gardant intacte cette intense curiosité, cette sensibilité vigilante et lucide qui les animent.

Le groupe — que ­Frédéric Brenner ne rejoindra en tant que photographe qu’en 2009 — n’inclut aucun artiste israélien ou palestinien pour deux raisons : la difficulté d’organiser un projet culturel collaboratif mais aussi la volonté de libérer le regard de la corruption de principes établis, qui voudraient enfermer le bien et le mal dans des définitions manichéennes. Pour éviter toute pression extérieure, le projet n’a sollicité aucune aide gouvernementale.

La seule ambition avouée se limite à tracer le portrait changeant d’un territoire aux multi­ples frontières, une « Atlantide sombrée en mer », pour reprendre les mots du poète israélien Yehuda Amichai. Aucun des artistes ne se positionne en juge. « Je suis le passeur d’un projet qui me dépasse infiniment », déclare ­Frédéric Brenner, qui souhaite aujourd’hui ouvrir le débat, l’enrichir de la parole des citoyens à travers une série d’événements publics, de tables rondes et de conférences ainsi que d’une exposition de 500 photographies révélant la singularité et la complémentarité des réponses.

Le catalogue collectif et les monographies des artistes sont publiés chez Mack, Xavier Barral/Aperture, Steidl et Phaidon.

« This Place » DOX, Centre for Contemporary Art, Prague. A partir du 24 octobre.

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