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Années fascinantes (1954-1957), à Anières-Genève, à l'Institut ORT. (3ème partie/4)

Années fascinantes (1954-1957), à Anières-Genève, à  l'Institut ORT. (3ème partie/4)

 

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"La vie culturelle"

Au début, tous les copains se préparaient à sortir en ville, à Genève surtout pour danser. Moi je restais avec quelques casaniers, parce que je ne savais pas danser, je ne l'ai jamais essayé avant. Alors un ami s'est porté volontaire pour m'apprendre quelques pas. Avec une chaise comme compagne, il m'enseigna en quelques semaines, les rudiments  de la Valse, le Tango et la Marche (qui était proche du paso-doble), qui était assez populaire dans les Salles communales. Un jour, quand il me faisait tourner ma chère  chaise, voila la Graziella qui rentre dans la chambre. Il lui demanda de danser avec moi, elle accepta et c'est elle qui fut ma première cavalière, je ne l'ai pas oubliée.

Je commençais alors à sortir danser, d'abord dans une petite guinguette à mi chemin entre Anières et Genève, la pratique, la patience de mes compagnes et un certain sens du rythme que j'avais, m'avaient transformé en un bon danseur.

C'est à Genève que j'avais découvert un cabaret de chansonniers où j'appris qu'on pouvait parodier sur n'importe qui et sur n'importe quel sujet. J'avais découvert la 'Liberté d'expression'. Je commençais à lire les journaux comme l'Express (quand il était en format de feuilles détachées. Plus tard je lisais "le canard enchainé" et voila que parallèlement à mon monde religieux et stricte, je découvrais un autre  monde plus ouvert et sans contraintes.

Le soir du Bal de fin d'année (ma 1ere année), dans la grande salle à manger, j'ai incarné, pour la première fois, lechansonnier local. J'avais rédigé et présenté  une parodie sur l'année que je venais de vivre à l'institut. J'y parodiais aussi les profs (décrits là haut) devant une audience qui comprenait tous les étudiants et leurs amis et amies qui étaient invitées.

Deux profs avaient très mal pris mes plaisanteries. Dès la rentrée en deuxième année, je l'ai vite senti dans leurs remarques à mon égard. C'étaient Mr Dupraz et Mme Pinot , (voir là haut)

Le Bnei Akiva

Nous étions un groupe de tunisiens qui fréquentions depuis notre jeunesse, le Bné-Akiva à Tunis. Déjà là bas j'avais participé, avec ce mouvement à des colonies de Vacances .

Notre groupe s'est renforcé par d'autres étudiants religieux venus d'Israël. Les plus engagés parmi nous avaient organisé ou rouvert) le Bnei Akiva de Genève avec un bon nombre de jeunes Genevoix et surtout Genevoises. Presque chaque Shabbat, nous marchions à  pieds d'Anières à Genève, une dizaine de kilomètres pour passer avec eux un Oneg Shabbat. Des fois la neige ou la pluie nous surprenaient en route et les braves suisses s'arrêtaient pour nous prendre en "stop", mais nous refusions gentiment.

Viennent les vacances de Noel, les dirigeants louèrent une Auberge de la Jeunesse sur le Gothard (Andermatt). Ils la Cachérisèrent et elle fut notre maison avec tous les plaisirs que cela puisse offrir à une personne née au seuil du Sahara comme je l'étais.

J'ai pu en profiter la 2eme année aussi, et là encouragé par mon succès de la fête de la fin de l'année passée, j'ai aussi joué le chansonnier sur le Gothard. Ils étaient plutôt amusés, et loin d'être fâchés.

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La Télévision

-          En 1954 la Télévision a fait son entrée à la Bibliothèque de l'Institut c'était  l'époque des Jeux Olympiques d'hiver qui s'étaient déroulés à Cortina d'Empezzo, en Italie. Pour les compétitions importantes, les étudiants et les profs désertaient les classes pour la Bibliothèque.

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-         Pour le Tour de France aussi on allait encourager les coureurs qui passaient non loin de l'Institut, juste prés de la douane suisse.

 

Voyages d'Etudes

Les 2 années d'études étaient souvent "coupées" par des voyages d'études des 2 cotés de la frontière, en France et en Suisse. Ces voyages, qui duraient généralement une journée, étaient d'un enrichissement inégalable. Les lieux qui m'ont laissé un souvenir assez fort étaient: l'usine de montage de l'Opel Kadet, celle des procédés de fabrication de l'Aluminium, les barrages électriques en Suisse et en France, et l'usine que je ne peux oublier, l'usine Nestlé de fabrication de Chocolat.

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Nous ne nous étions pas gênés quand ils nous avaient permis de tremper les doigts dans la pate de chocolat. Pendant plusieurs mois après cette visite, je n'ai pu  m'approcher du chocolat.

L'atmosphère dans le bus était très joyeuse et de temps en temps on entendait des chansons paillardes, malgré la présence des profs qui nous accompagnaient. Pour les voyages en France, on voyageait dans des bus français qu'on prenait à partir du village de Veigy qui était de l'autre coté de la frontière.

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Quand le temps le permettait, on visitait aussi les villes ou les lieux touristiques qu'on traversait.

Vu le nombre de jeunes juifs vivant à l'Institut, celui-ci avait pris une place importante dans la vie de la communauté de Genève et même de Suisse. La fête de Hanoucca, de Pourim, la fête de l'Indépendance de l'Etat d'Israël, étaient célébrées avec beaucoup d'invités et surtout des personnalités de la communauté juive et celles du canton de Genève.

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Pour le Yom Haatsmaout,  des jeunes juifs de plusieurs villes de Suisse venaient passer la journée à Anières, durant laquelle on dansait et chantait comme en Israél.

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En 2eme année, pour la fête de Pourim,  j'avais écrit une courte pièce de théâtre, un chapitre tiré de la Méguila (parchemin) d'Esther. C'est l'histoire des cuisiniers Bigtan et Térésh, qui voulaient empoisonner le roi Assuérus. La pièce fut mise en scène par notre maitre de la chorale M. Panosetti.  et jouée à l'Aula, par les étudiants de ma classe.

Toutes ces manifestations étaient encadrées par des chants populaires classiques. Une chorale a été organisée par un des grands musiciens de Genève. Je m'étais présenté à l'audition pour cette chorale et je fus classé dans le groupe des Basses. Personnellement je savais que malgré mon grand amour pour la Musique, je chantais irrémédiablement "faux", et j'étais content d'avoir échappé aux "oreilles éduquées" du chef de la chorale. Mais pas pour longtemps, durant une manifestation de notre chorale, ma voix a vite heurté l'ouïe du chef et il profita de la pause pendant laquelle on présentait une autre manifestation, il m'appela et me pria de ne plus retourner sur scène et que je ne faisais plus partie de la chorale. On sentait qu'il s'en voulait de ne m'avoir pas détecté plus tôt.

En plus de la chorale il y avait un groupe de danseurs qui présentaient des danses populaires israéliennes. Elle fut formée par un des étudiants israéliens qui faisait lui-même partie d'une troupe, en Israël.

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Retour aux sources

Des amis tunisiens, qui après s’être retrouvés en Suisse à l’institut, avaient soudain senti un ‘malaise d’identité’ et ont vu que le fait qu’ils ne parlaient pas le Judéo-Tunisien, langue de leurs grands-parents, leur faisait défaut. Dans une tour de Babel où les étudiants, d’origine : grecque, iranienne ou autre, parlaient entre eux dans leur langue maternelle, ils ne connaissaient presque rien de la leur; sauf peut être quelques mots appris de leur Grand-mère. Ils en veulent un peu à leurs parents qui, en quittant le Ghetto de Tunis, au début du siècle, avaient cherché à s’assimiler dans la Culture Française et ne voulurent plus que leurs enfants parlent une autre langue que le Français.

On organisa un petit cercle d’amis où chacun contribuait de son mieux à  élargir nos connaissances de cette langue et de sa richesse. Une langue qui n’avait qu’une grammaire primaire et qui s’était enrichie, avec les siècles, de mots de toutes les cultures qui avaient côtoyé la Tunisie. En plus de l’arabe, qui en est le composant le plus important, on trouve des mots d’Hébreu, d’Italien, d’Espagnol et des traces de Berbère. Le judéo- tunisien se lit et s’écrit avec des caractères Hébraïques.

Le Judéo-Tunisien possédait une littérature très riche, de la traduction des grands auteurs français du 19e siècle, aux histoires des Mille et une Nuits; des travaux d’analyse de la plume de fameux Rabbins Tunisiens sur les textes sacrés, aux traductions des textes de la Haggada de Pessah. Durant la première moitié du 20esiècle, on trouvait plusieurs journaux hebdomadaires (comme Ennejma). Ses amoureux disaient "On ne parle pas cette langue, on la chante". Elle variait un peu d’une ville à l’autre et en t’entendant parler, on peut deviner de quelle ville tu venais.

 

Un événement triste et inoubliable

Parmi les nouveaux étudiants arrivés en 2eme année (1955-1956), il y avait un marocain nommé Simon Benitah. La similitude avec mon nom (Benattia), a souvent créé une confusion entre nos deux personnes

Plusieurs sont tombés dans ce "piège", depuis la direction de l'institut jusqu'au courrier personnel. Ces confusions nous faisait rire  et créa une certaine amitié entre nous.

Il était sportif et avait acheté un vélo de course qu'il montait chaque fois  allait à Genève ou dans la région.

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Au milieu de l'année 56, un samedi soir j'étais allé danser à Vésenaz, à mi chemin entre Genève et l'institut. Ce soir, je sortis plus tôt que d'habitude, du petit dancing local et me mis à faire de l'auto stop. Soudain arrive, sur son vélo, mon ami Simon Benitah, s'arrête quelques minutes pour bavarder. Il m'offre même un bonbon à la menthe, je m'en rappelle très bien.

Après qu'il m'eut quitté, arrive un autre ami en scooter qui me prit "à la maison". En route nous vîmes aux environs d'une autre guinguette, plusieurs personnes, dehors, avec des policiers et les hôtes du cabaret. Nous passâmes sans nous arrêter.

Le lendemain, un copain, qui connaissait mon amitié avec Simon, me réveilla en me disant "lève toi vite, Simon est mort". Je me lève comme dans un cauchemar et dis "ce n'est pas possible, je l'ai vu il y a quelques heures sain et sportif sur son vélo".

On me dit que Simon  était sur son vélo quand soudain une voiture vint de derrière et l'écrasa. Comme c'est court de décrire la fin d'une vie d'un garçon de vingt ans, qui avait tout son avenir devant lui.

Cet événement a touché tout le monde à l'institut, des membres de sa famille avertie au Maroc, étaient venus à Genève pour l'enterrement dans le cimetière juif de Genève.

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Pour moi l'histoire n'était pas finie. La police genevoise qui a fait le constat de l'accident et avait surement enquêté à l'ORT est arrivée jusqu'à moi. Cette mort tragique fut apportée devant le Tribunal de Genève. Le chauffard accusait Simon d'avoir été en état d'ivresse quand il roulait sur son vélo et qu'il lui était rentré sous les roues. On me pria d'aller au tribunal et de témoigner de ce que j'avais vu . Pour moi, c'était la première (et dernière fois)  que je me tenais à la barre.

La vérité est que je n'ai jamais su quel était le verdict final, mais je crois que le chauffeur criminel s'en est sorti sans grave punition.

Cette histoire m'a été dure à écrire, elle tient jusqu'aujourd'hui une place en ma mémoire. Un souvenir inoubliable de ce jeune homme, (parce qu'il est resté jeune pour toujours) parce que j'ai été la dernière personne à l'avoir vu vivant. La scène de cette malheureuse soirée me revient souvent et des fois je pense que si on avait bavardé dix minutes de plus, le sort aurait été différent, Simon serait encore en vie et le chauffard aurait peut être foncé contre un arbre.

La direction accrocha un cadre, juste au dessus de l'armoire de l'Encyclopédie, dans la Librairie. J'espère qu'il y est encore.

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Quelque mois plus tard, un autre décès rassembla les étudiants, la Direction de l'ORT et des personnalités de Genève, c'est  celui de notre Directeur Général le Dr Syngalowsky .

                                                                                                                       

Avraham Bar-Shay (Ben-Attia)

Absf@netvision.net.il

 

 

 

 

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hello
quelle belle histoire. J'avais visite l'ORT Asnieres en 1950-55 pour voir mon frere Max qui etait etudiant. J'avais ete epatee par tout le systeme. Merci pour tous ces souvenirs. Ensuite mon frere Gilbert y etait aussi. Moi=meme avais habite Geneve depuis 1962-68, avant d'aller aux USA, Luci cohen-zimering, cmimi@hotmail.com

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