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Archéologie : Utique révèle ses nouveaux secrets

Archéologie : Utique révèle ses nouveaux secrets

 

De récentes fouilles archéologiques tuniso-espagnoles témoignent de l’antériorité de l’antique cité d’Utique par rapport à Carthage.

La grande quantité de tessons, la variété de céramique, l’étendue de la ville, l’urbanisme phénicien et punique, l’architecture en brique crue et tant de restes identifiés par les fouilles d’une mission archéologique tuniso-espagnole apportent la preuve qu’«Utique a été fondée bien avant Carthage et qu’elle occupait une importante place dans le trafic commercial entre l’orient et l’occident méditerranéens».

Secrets de l’Utique phénicienne

Le rapport des fouilles communes sur le site d’Utique, situé à 33 km au nord de Tunis et à une douzaine de km de la mer, a permis d’identifier de grands monuments civils ce qui confirme les témoignages de sources anciennes autour de l’importance de cette cité promue ville libre après la destruction de Carthage pour devenir la nouvelle province romaine sur le territoire africain, indique le professeur Ahmed Ferjaoui, de l’Institut national du patrimoine (INP).

Les résultats de ces fouilles ont été présentés, vendredi 12 juin 2015, à l’Institut Cervantès à Tunis, lors d’une conférence sur «les secrets de l’Utique phénicienne» donnée conjointement avec Dr José Luis Lopez Castro de l’université d’Almeria.

Deux théâtres des époques républicaine et impériale, aqueducs, citernes, grand amphithéâtre, grands thermes, insula, grande avenue punique à portiques et tant de vestiges ont été identifiés lors des fouilles menées par des équipes de chercheurs tunisiens et espagnols sur le site d’Utique dans le cadre d’un projet archéologique commun entamé en 2010, certifie l’archéologue espagnol.

Le rapport dresse un bilan des fouilles sur les monuments et l’étendue du site couvrant près de 120 hectares divisés en trois secteurs à savoir l’extrémité nord (un terrain de près de 3 ha, situé à proximité de l’ancien rivage de l’ancienne baie d’Utique), l’ouest et le sud d’Utique, en se basant sur les méthodes de prospection moderne (la géophysique magnéto-métrique et géo-radars). Mais les sondages de vérification ont, par la suite, conduit les chercheurs à centrer les fouilles sur le nord et l’ouest.

Le secteur 2 à l’ouest, tel que désigné par les archéologues, a permis de mettre à jour une partie d’un bâtiment constitué d’un espace encadré par deux murs.

Au pied du mur sud, un puits profond de 2,80 m par rapport au sol actuel qui a livré des tessons de céramique remontant au dernier quart du 9e siècle av. J.-C.

Le résultat des fouilles dénombre plus de 1100 fragments répartis selon leur origines avec une importante quantité de céramique autochtone modelée (38%) et 19% de céramique d’imitation.

Amphores, plats, vases à boire, petites jarres, lampes et ustensiles de cuisine en céramique proviennent d’origines diverses (sarde, grecque, vallanovienne, tartésienne).

A l’est, des restes des vestiges et un four domestique dont les parois sont faites de brique crue ont été découverts.

Plusieurs murs faisant partie d’une aire urbaine très étendue (de 400m2) ont été également identifiés dans la zone 1 (nord) appartenant à quatre phases dont la plus ancienne remonte au début du 6e siècle av. J.-C., et la dernière à l’époque impériale.

L’un des ports les plus importants de l’Afrique

La fouille de cette zone a permis de trouver une insula romaine (habitation urbaine) dont l’intérieur n’a conservé qu’une partie des vestiges romains cachant des restes d’époque punique (terrasses, four de potier, morceaux d’argile).

Les analyses paléo-botaniques (étude des végétaux fossiles) des échantillons prélevés ont identifié des grains de céréales (blé, orge), lentilles, dates et noyaux d’olives.

Les morceaux de charbon analysés ont permis de reconnaître des espèces d’arbres cultivés ou sauvages (pins, chêne vert, olivier et mastic).

Les ossements analysés appartiennent à plusieurs animaux (boeufs, moutons, chèvres, porcs, chevaux, chiens, tortues et coquillages).

Le rapport parle du site d’Utique comme étant l’un des ports les plus importants de l’Afrique dans l’antiquité, rappelant que la cité devint municipe et ses habitants devinrent citoyens romains mais conservèrent leurs moeurs et leurs lois jusqu’à ce qu’elle enfin devienne très romanisée.

Le rapport reconnaît que l’histoire d’Utique à l’époque punique était aussi glorieuse qu’elle l’était à l’époque romaine étant donnée que la cité était la deuxième ville après Carthage qui jouissait d’une large autonomie vu son antériorité qui, selon les témoignages littéraires, était le premier comptoir phénicien en Afrique et le second en Méditerranée occidentale après Gades, fondé en 1101 av. J.-C.

Ferjaoui et Castro notent que les témoignages littéraires n’étaient pas confirmés ni vérifiables, pour cela l’archéologie reste l’unique moyen qui permet d’authentifier ces témoignages.

Les deux experts rappellent que les fouilles effectuées avant ce projet n’ont livré que des objets datant du dernier quart du 8e siècle av. J.-C. et ne témoignent pas de l’antériorité de cette cité par rapport à Carthage.

Le rapport atteste que les fouilles élaborées ont permis de s’assurer des témoignages d’auteurs anciens sur les premiers temps d’Utique afin d’insérer cette cité dans le dynamisme de la recherche méditerranéenne.

Source : Tap.

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