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Iran : cela pourrait commencer plus tôt que prévu

L’envoi du fleuron de la marine britannique, le HMS Daring, dans le Golfe La réponse de Londres aux menaces iraniennes…

 

Iran : cela pourrait commencer plus tôt que prévu (info # 011201/12) [Analyse]

Par Stéphane Juffa ©Metula News Agency

 

On pourrait se trouver beaucoup plus près d’une confrontation militaire avec l’Iran que le public ne se l’imagine. Cette situation de veille de guerre a été causée par le franchissement par les Perses de l’une des deux "lignes rouges" définies par le Secrétaire d’Etat américain à la Défense, Léon Panetta.

 

C’est le quotidien de Téhéran Kayhan, proche de la junte théocratique, qui l’a d’abord annoncé, avant que la nouvelle ne soit confirmée par l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique : la "République" Islamique a mis en route l’usine souterraine de Fodow (ou Fordow) près de Qom.

 

C’est dans cette installation creusée au cœur d’une montagne, donc en principe à l’abri des frappes aériennes, que les ayatollahs entendent augmenter la concentration d’une partie de l’uranium en leur possession, de 3,5% à 20%, et ensuite aux environs de 90%, le degré de pureté nécessaire pour confectionner des bombes atomiques.

 

En fait, comme nous l’avons déjà signalé, la difficulté technique réside dans l’enrichissement à 20%, le dernier processus n’entraînant pas de problème particulier, et pouvant, selon les experts, être réalisé en l’espace de quelques mois.

 

En transférant de l’uranium pré-enrichi à Fodow, et en lançant les centrifugeuses, Téhéran lève le dernier voile sur les objectifs militaires de son programme nucléaire ; la vice-ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Rosemary Di Carlo, a déclaré que l’Iran ne possédait "pas de justification pour enrichir l’uranium à ce niveau". Comprenez que les activités qui constitueraient la finalité de son programme nucléaire, selon la théocratie chiite – la production d’énergie et l’instrumentation médicale – ne réclament pas de minerai concentré à plus de 3,5%.

 

Nous, d’ajouter, que les 3000 centrifugeuses que peut contenir, au maximum, le site de Fodow n’auront jamais une production suffisante pour fournir le carburant nécessaire à un réacteur nucléaire. En revanche, leur rendement est parfait pour la fabrication de bombes.

 

Reste à savoir s’il ne s’agit pas d’une nouvelle provocation iranienne. En clair, si les ayatollahs, quand ils parlent de la mise en activité de Fodow, n’évoquent pas des expérimentations marginales de pré-production qui s’y dérouleraient, ou encore, s’ils ne se livrent pas à une étape technique appelée "passivation", consistant à placer du matériel nucléaire dans les centrifugeuses, afin de les préparer à l’activité d’enrichissement, sans s’y livrer toutefois.

 

Si c’est de cela dont il s’agit, les mollahs tenteraient de tester la détermination des Occidentaux, et de vérifier si Panetta ne bluffe pas, lorsqu’il affirme : "Si l’Iran commence à développer une arme, les Etats-Unis agiront". Et, faisant directement allusion à Fodow : "S’ils effectuent ce pas, ils vont être stoppés !".

 

Présent aux côtés de Panetta lors de ces déclarations, le chef de l’Armée US, le général Martin Dempsey, n’a pas fait dans la dentelle, expliquant qu’une frappe américaine avait la capacité d’anéantir "leur" programme nucléaire. Les deux hommes évoquant également l’éventualité d’une action militaire préventive.

 

Khamenei joue assurément avec le feu, mais si la mise en route industrielle de Fodow n’était pas confirmée, les Occidentaux n’attaqueraient pas sa dictature théocratique pour l’instant. Leur idée consiste à exercer une pression, à l’aide de nouvelles sanctions, destinées à dissuader Téhéran de mettre Fodow en branle, et non à déchaîner le feu du ciel si cela n’est pas indispensable.

 

Pas de souci, cependant, les grandes puissances s’enquièrent actuellement de la nature des opérations qui sont réalisées dans le ventre de la montagne iranienne, et personne ne les empêchera de savoir précisément ce qu’il s’y passe. C’est même ma conviction qu’elles le savent déjà.

 

Pour Danny Yatom, l’ex-patron du Mossad, un homme connu pour sa grande prudence et sa ferme opposition aux aventures militaires - à moins qu’elles ne soient incontournables et que tout ait été tenté pour les éviter -, les dés sont déjà jetés.

 

Evoquant l’élimination de Mostafa Ahmadi Roshan, hier, mercredi, le responsable de l’enrichissement de l’uranium sur le site de Natanz, et donc le scientifique iranien le plus calé en matière de centrifugeuses et du processus d’enrichissement, Yatom a fait la déclaration suivante. Il a observé que plusieurs pays agissaient, qui en imposant des sanctions, qui par des opérations secrètes, pour freiner le programme perse, mais a affirmé que le monde n’aura, en définitive, pas d’autre choix que celui d’attaquer l’Iran.

 

Si les ayatollahs ont activé l’ultime phase d’enrichissement de l’uranium, les Occidentaux se préparent à l’action. Si ce n’est pas le cas, ils laisseront les nouvelles sanctions agir ; la quasi-totalité des raffineries mondiales ne pourra plus traiter de brut perse, suite à la décision prise par Washington, le 31 décembre dernier : un décret stipulant que toute entité commerçant avec la banque centrale iranienne se verrait exclue du système financier US. Lors, à notre connaissance, une raffinerie ne peut fonctionner hors de ce système, et ce, pratiquement, quel que soit l’endroit où elle se trouve.

 

Quant aux Européens, ils ont, semble-t-il, décidé que leur embargo visant l’achat de pétrole iranien débuterait le 27 janvier prochain. Avec une exemption de trois mois au maximum pour la Grèce, afin de lui permettre de trouver des sources d’approvisionnement de substitution, et de ne pas administrer de nouveau choc à son économie souffreteuse.

 

Mais cela mettra un terme au business impliquant entre 450 000 et 600 000 barils/jour entre Téhéran et l’UE. Certes, Ahmadinejad trouvera d’autres clients pour écouler en partie les deux millions et demi de barils que son pays produit journellement, mais à quel prix ?

 

Car rien ne serait plus faux que d’imaginer que la Chine se fournit encore chez les ayatollahs pour des raisons de connivence politique. Que nenni, c’est uniquement une affaire d’intérêt : c’est ainsi que Beijing n’a pratiquement rien acheté en Perse durant ces deux derniers mois, afin d’augmenter le discount que les théocrates chiites lui concèdent. Et que voulez-vous que les ayatollahs fassent d’autre qu’acquiescer ? La Chine est leur dernier gros client, et la vente de brut constitue 60% des revenus de la "République" Islamique et de ses 74 millions de bouches à nourrir.

 

Au cas où les Chinois obtiendraient un rabais de 50% sur le prix international – ce que je n’exclue absolument pas – on imagine aisément les profits qu’ils réalisent sur les 600 000 barils/jour qu’ils achètent à Ahmadinejad. Dans ces temps de concurrence au couteau, que nous traversons en basse conjoncture, il n’y a pas de petits profits ; les Chinois en sont conscients, même s’ils savent que leur trafic avec le régime extrémiste chiite peut cesser à n’importe quel moment et de façon abrupte.

 

En Iran, on faisait déjà la queue devant les commerces et les banques pour s’approvisionner avant l’entrée en vigueur des nouvelles sanctions. Devant les commerces, pour trouver de la nourriture, avec un pouvoir d’achat en constante régression ; devant les banques, pour acheter des dollars, la seule monnaie qui vaudra quelque chose si tout venait à péter. Dollar, la devise du Grand Satan, bonjour les contrastes !

 

Reste que si l’activité industrielle de Fodow a effectivement débuté, on n’attendra pas l’impact des nouvelles mesures restrictives, on détruira l’infrastructure nucléaire perse et les sites de missiles confectionnés pour le transport des bombes atomiques.

 

Deux porte-avions et leurs escadres voguent vers le Golfe arabo-persique, en dépit des menaces proférées par l’amiral Fadavi et les ayatollahs. D’autres navires de guerre occidentaux attendent les ordres à proximité. Notamment des unités battant pavillons britannique, français, australien, et émirati, déjà tous placés sous les ordres directs d’un amiral US.

 

C’est encore sans compter avec les vedettes et les sous-marins arborant l’étoile de David, qui rôdent sans discontinuer face aux plages iraniennes.

 

Des dizaines de milliers de marins et des centaines d’aviateurs de diverses nations sont ainsi prêts à intervenir, connaissant par cœur la mission qu’ils auraient à remplir, et qu’ils ont répétée à l’entraînement, à d’innombrables occasions.

 

En Israël, à en croire des rumeurs persistantes, des milliers de soldats de l’Oncle Sam, spécialisés dans la guerre des missiles et l’exploitation des radars, viendraient compléter les compétences des hommes de Tsahal et de leur système Pin vert, celui qui inclut le missile anti-missiles Khetz, l’Arrow, la Flèche.

 

Le tir des Khetz serait directement subordonné aux radars US, les plus performants de la planète. Et cette synchronisation des moyens procède d’une quasi-certitude. Elle serait complétée par le déploiement du système américain THAAD et de ses servants. Un système capable d’intercepter des missiles intrus à très haute altitude. A en croire certaines sources, Israël serait actuellement protégée par les deux systèmes anti-missiles les plus performants sur le marché.

 

D’autre part, on parle beaucoup d’experts et de militaires israéliens intégrés dans l’armada occidentale, y compris dans ses postes de commandement ; dans des lieux aussi éloignés du théâtre des opérations que l’Allemagne. Pour le reste, nous n’avons pas l’intention d’extrapoler ; sachons uniquement que de nombreux Israéliens n’attendent pas, confinés dans leurs frontières nationales, les prochaines actions des ayatollahs.

 

Les services français ont ainsi rendu public, cette semaine, qu’ils avaient observé une multitude d’Israéliens dans les territoires kurdes irakiens, à proximité immédiate de la "République" Islamique. Nous, nous disons que cette présence n’est pas récente, et qu’elle ne date ni de la brouille avec Ankara, ni de la chute de Saddam Hussein.

 

Les Israéliens sont à la fois déployés dans le cadre de la coalition occidentale, qui ne dit pas encore son nom, et au service exclusif de leur gouvernement et à ses ordres. Leur incorporation au sein des forces de l’Ouest, ainsi que les échanges de soldats entre les USA, l’Europe (dans une moindre mesure), et l’Etat hébreu, participe d’une décision stratégique de Washington. Celle consistant à profiter des compétences étendues des soldats de Tsahal et de partager efficacement les ressources. Léon Panetta en dit long, lorsqu’il exprime : "Nous avons un objectif commun dans cette affaire", et surtout, "la meilleure approche pour nous [Américains] consiste à travailler ensemble [avec les Israéliens]".

 

Décision stratégique, parce qu’elle permet, entre autre, à la Maison Blanche, de s’assurer qu’elle ne sera pas totalement surprise en cas d’attaque unilatérale, par Jérusalem, contre les infrastructures iraniennes. Une situation que Washington désire absolument éviter et qui lui fait peur ; peur, parce qu’elle déclencherait la bagarre selon les règles de Netanyahu et Barak, et non de Barack Obama. Peur, parce que les bâtiments de la Navy, de même que les bases terrestres US dans la région, seraient aux premières loges en cas de réaction violente des ayatollahs.

 

De leur côté, les Israéliens laissent entendre qu’ils n’entreprendront pas d’action en solo, mais ce, uniquement tant que les principes établis en commun, après d’âpres discussions, seront respectés. Et ils sont simples : a) pas d’Iran nucléaire, serait-ce au prix d’une intervention armée et b), l’enrichissement d’uranium en direction des 90% constitue un casus belli du point de vue des alliés. Et comme nul ne peut imposer ses vues aux Etats-Unis, Jérusalem se réserve simplement l’opportunité d’agir à sa guise si Obama ne respecte pas les conditions de cette entente.

 

L’attitude israélienne apparaît constructive aux yeux de plusieurs capitales impliquées dans la coalition ; en cela qu’elle maintient la pression sur la Maison Blanche, et l’oblige à adopter une approche réaliste et responsable face au développement de la situation iranienne. Ce dont tous les leaders du monde dit libre n’étaient pas unanimement persuadés.

 

Les Occidentaux ont défini la seconde ligne rouge à l’intention des ayatollahs, le second casus belli. Il concerne la réalisation, par la junte iranienne, de sa menace de fermer de détroit d’Hormuz, au cas où on l’empêcherait de vendre son pétrole, et dans celui où de nouveaux porte-avions US s’installeraient dans le Golfe arabo-persique.

 

Les Américains et les Britanniques ont fermement fait savoir à Téhéran qu’ils ne le laisseraient pas obstruer le détroit d’Hormuz, par lequel transite 40% du brut mondial. Londres a, d’ailleurs, immédiatement après que les menaces perses furent prononcées, dépêché son plus puissant et plus moderne destroyer, l’HMS Daring, dans les eaux du Golfe.

 

En principe, en considération de la disparité des forces en présence, et de l’issue, connue d’avance, d’une hypothétique confrontation, qui comprendrait, au moins, l’annihilation de l’infrastructure nucléaire perse, les ayatollahs devraient faire le nécessaire – et c’est assurément dans leurs cordes, car personne n’a envie d’aller au charbon dans cette histoire – pour ne pas générer un conflit.

 

Reste que les rapports de forces étaient connus de tous ceux qui, dans l’histoire, ont déclenché des guerres, y compris de ceux qui ne pouvaient pas les gagner. On trouve, dans cette catégorie de leaders, des individus et des juntes qui étaient guidés par leur émotion ou éblouis par des certitudes métaphysiques.

 

Le problème consiste, pour les hommes d’Etat de l’Ouest, à savoir avec certitude si Khamenei et sa clique de barbus ne font pas partie de cette sorte de dangereux illuminés. Ce qui fait que la région se situe à quelques coudées du déclenchement d’un conflit majeur. Quelques coudées. Qui pourraient se mesurer désormais en semaines, et non plus en mois.

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