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Israel-Iran : Le message de paix d'un designer israélien fait le buzz

 

Israel-Iran : Le message de paix d'un designer israélien fait le buzz

 

 

 

Ce message, publié sur Facebook, a créé un véritable buzz en quelques jours en Israël. Son auteur s'appelle Ronny Edry : pour lui, pas question de mener une guerre contre un peuple, le peuple iranien, qui ne lui a rien fait et qu’il ne connaît pas.

 
Tous ces beaux discours sur l’éventualité d’une guerre avec l’Iran ont commencé à tourmenter Ronny Edry, designer graphique de 41 ans originaire de Tel Aviv. Cet ancien parachutiste s’est interrogé, « pourquoi voudrais-je attaquer l’Iran ? ».

Un message d’espoir pour les Iraniens

« Ce n’était pas tellement une idée que j’avais. C'était juste comme un désir de réagir à cette chose folle qui se produit sous nos yeux : les Iraniens seraient en train de se préparer à nous attaquer et nous serions en train de nous organiser pour les attaquer en premier... Je voulais simplement sortir tout cela de ma tête. Je voulais simplement dire que je n’ai rien contre eux et que je ne vais pas leur faire la guerre. D’ailleurs je ne les connais même pas. »

La semaine dernière, il a donc écrit ces quelques mots :

« Pour le peuple iranien

Pour tous les pères, mères, enfants, frères et sœurs

Pour qu’il y ait une guerre entre nous, nous devons d’abord avoir peur les uns des autres, nous devons nous haïr.

Je n’ai pas peur de vous, je ne vous hais pas.

Je ne vous connais même pas. Aucun Iranien ne m’a jamais fait de mal. Je n’ai même jamais rencontré un Iranien… Juste un, une fois, dans un musée parisien. Un type sympa.

Je vois quelques fois ici, à la télévision, un Iranien. Il parle de la guerre.

Je suis sûr qu’il ne représente pas tout le peuple iranien.

Si vous voyez quelqu’un, dans votre télévision, dire qu’il veut vous bombarder… soyez sûr qu’il ne représente pas tout le peuple israélien.

Je ne suis pas un représentant officiel de mon pays. Mais je connais les rues de ma ville, je parle avec mes voisins, ma famille, mes amis et au nom de tous ces gens… nous vous aimons.

Nous ne vous voulons aucun mal.

Au contraire, nous voulons vous rencontrer, boire du café et parler de sport avec vous.

A tous ceux qui se reconnaissent dans ce que je dis, partagez ce message et aidez-le à atteindre le peuple iranien.

Ronny. »

Facebook, relais des pacifistes

Il ne voulait pas être anonyme et Ronny est un prénom courant. Il voulait que quiconque voit son message, voit aussi son visage. Il a donc convaincu sa femme de le prendre en photo, sur son balcon, avec leur fille de 5 ans, Ella, dans ses bras. Le soleil brillait, Ella devait plisser les yeux.

Il a ensuite publié ce message et sa photo sur la page Facebook que sa femme et lui tiennent pour Pushpin Mehina, le petit collège dans lequel ils enseignent le design graphique. « Ok, j’ai fait ce que je devais faire, je peux aller me coucher. » se souvient-il avoir pensé le soir même.

Il a entouré ses mots dans un joli cœur, coloré et kitsch.

« Je suis designer graphiste, je fais toujours des affiches avant d’aller me coucher. C’est ma manière de réagir à ce qui se passe autour de moi » dit-il.

« Je n’ai pas exprimé d’opinion politique. J’exprime une position humaine […] Je voulais juste dire ce que je ressens. »

En quelques jours, plusieurs milliers de partages

Lorsqu’il s’est réveillé le lendemain matin, quelques personnes avaient « aimé » sa publication. Quelques-unes l’avaient partagée. Le troisième jour, il a reçu un message privé de la part d’une femme iranienne. Il est allé réveiller sa femme au milieu de la nuit pour lui annoncer cette nouvelle.

« Quelqu’un en Iran a vu notre publication ! » se souvient-il lui avoir dit.

Dans le monde rapide et exponentiel d’Internet, il semble que la paix puisse encore s’épanouir. Le quatrième jour, des milliers de personnes avaient partagé sa petite affiche, ou une version personnalisée de celle-ci. Parmi eux, des centaines d’Iraniens, dont certains habitant en Iran. Ce jour-là, Ronny Edry a ajouté 1 500 Iraniens à sa liste d’amis. Le sixième jour, des dizaines de milliers de personnes avaient participé à l’opération, dans une dizaine de langues.

« Je suis sous le choc » avoue-t-il maintenant. « C’est comme un rêve. Je suis l’Israélien qui a le plus d’amis en Iran. J’ai des amis communs avec des amis iraniens ! Je sais où ils sont. Jusqu’à il y a quelques jours, l’Iran était un pays très abstrait pour moi, représenté par l’effrayant Mahmoud Ahmadinejad, portant des lunettes et parlant de centrifugeuses. »

D’une simple publication à la médiatisation

En Israël, cette initiative est rapidement devenue le sujet de conversation de la semaine.

« Je devrais m’y opposer » explique Yiashai Edri, 28 ans, étudiant en informatique à Jérusalem, qui se dit plutôt conservateur. « Mais je ne peux pas m’empêcher de l’admirer. C’est comme la trêve de Noël, version XXIème siècle. »

Le cinquième jour, Ronny Edry imaginait déjà un projet plus grand.

« J’espère que nous serons capables de médiatiser notre message. Al Jazeera, Times Square […] Je veux que ce message apparaisse dans des endroits où les gens peuvent le voir, et je veux qu’il soit diffusé, au-delà des simples réseaux sociaux. »

Afin de réaliser son projet, il a désormais ouvert un site internet qui lui permet de récolter des fonds.

« Je dis toujours à mes étudiants que le design graphique peut influencer » explique-t-il. « Mais dans le fond de ma pensée. Je sais que ça n’influence pas vraiment. Mais vous pouvez transmettre un message, et ce message peut influencer les décisions que les gens vont prendre. Vous pouvez influencer l’état d’esprit de quelqu’un. »

250 000 « Persans » en Israël

Ce message, parti de rien, vient grossir la liste d’autres initiatives pacifistes israélo-iraniennes.

Il y a tout juste deux semaines, Soli Shahvar, 50 ans, professeur à l’université Haifa, directeur du Centre Ezri pour les études du Golfe et de l’Iran, a ouvert un site internet en persan, afin d’informer les Iraniens sur la société israélienne, « afin de rétablir la vérité sur cette fausse vision qui leur est donnée depuis 32 ans par la République islamique. »

« Sans aborder les questions politiques. Nous avons des rubriques culture, science, technologies, sport, Iran+Israël, Tel Aviv, ce qu’il y a de nouveau en Israël. » Des dizaines de milliers d’iraniens ont déjà répondu.

Soli Shahvar fait partie de ces 50 ou 60 000 Israéliens d’origine iranienne. Israël a déjà eu deux chefs d’état-major et un président d’origine iranienne. Presque 250 000 Israéliens se disent d’origine perse.

Internet ne changera pas les gouvernements

Depuis, les cyniques sont au rendez-vous. Haggai Ram, professeur d’études sur le Moyen Orient à l’université Ben Gourion et auteur d’Iranophobie, une étude sur les attitudes israéliennes concernant l’Iran publiée en 2009, est sceptique quant à la bulle internet de l’amour.

« C’est mieux que rien » dit-il. « Cela réchauffe le cœur, particulièrement dans le monde virtuel. Mais en fin de compte, la société israélienne est assez ignorante sur ce qu’il se passe en Iran. L’opposition à la guerre en Iran est comme une mouche qui bourdonne à l’oreille du gouvernement, elle peut être écartée d’une seule main. »

Il espère qu’une manifestation contre une éventuelle attaque sur l’Iran, prévue samedi 31 mars, réunira une foule plus importante que la précédente, organisée il y a un mois, en face du ministère de la Défense israélien, à Tel Aviv. Lors de la première manifestation, Haggai Ram explique, « Il devait y avoir un peu plus d’une vingtaine de personnes et deux policiers par manifestants. »

 

Global Post / Adaptation Sybille de Larocque - JOL Press

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