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L’épreuve du mariage, par Emile M Tubiana

L’épreuve du mariage
par Emile M Tubiana

 

            Il était une fois un jeune homme qui s’appelait Georges. Celui-ci venait de perdre son cher papa Albert. Ce dernier avait fréquenté un grand ami d’enfance qui s’appelait Henri. Les deux pères, Albert et Henri, étaient comme des frères et ne se séparaient jamais. Après l’enterrement d’Albert, Georges observa toutes les règles religieuses et fit de tout pour honorer son papa défunt. Avant sa mort, Albert avait fait en la présence de Georges et de Joseph, le fils d'Henri, un accord avec ce dernier, qui disait, que si l’un d’eux devait mourir, le survivant serait responsable pour l’enfant de l’autre et devrait faire de son mieux pour le marier avec une fille sérieuse et de bonne famille. Cet accord disait aussi que l'héritage passerait automatiquement au survivant qui le donnera plus tard à l'enfant de l'autre, mais seulement après le mariage et après qu'il ne soit assuré que la mariée choisie était digne du garçon et de l'héritage.

            Henri était très peiné de la perte de son ami Albert, mais il n'oublia pas son devoir de veiller sur Georges jusqu'après le mariage de celui-ci. L'année de la mort d’Albert, Georges n'avait que dix-sept ans. Henri n'osait encore pas lui parler de mariage. En plus, la perte était si pénible, qu'Henri faisait de tout pour combler le vide que son ami avait laissé. Quand Georges avait atteint ses dix huit ans, Henri organisa une fête pour le jeune homme et profita de cette occasion pour inviter quelques jolies demoiselles de bonne famille. Georges ne semblait pas encore être intéressé aux femmes. Henri n'insista pas du tout et préférait attendre le moment propice pour intervenir. Ainsi plusieurs années passèrent sans que Georges s'intéresse aux demoiselles. Mais les grands amis avaient promis l'un à l'autre que l'enfant de l'autre devait absolument se marier au plus tard à l'age de vingt cinq ans.

            Henri se voyait obligé d'intervenir car il n'avait pas le droit de garder l'héritage après que Georges aurait atteint l'age prescrit. Cette fois-ci Henri invita Georges et s'entretint avec lui sur son sort et son futur Georges n'avait pas l'air de s'intéresser. Ce n'est qu'alors que Henri lui dit qu'il devait enfin choisir une femme, sinon il n'aurait pas le choix que de lui en imposer une. Georges qui respectait Henri comme son père lui répondit:

            « Henri, je compte sur toi pour que tu me choisisses une femme. A cela Henri lui mentionna le nom d'une bonne jeune fille. Georges avait l'air de l'aimer et répondit:

            « Vas-y, je te suis. Le jour des fiançailles, alors que Georges et sa fiancée se trouvaient seuls dans une chambre, Henri apparut soudain accompagné de deux gaillards portant une grande malle. Il donna un pourboire aux deux bonshommes et les renvoya. Georges qui était surpris, accueillit aimablement Henri. Celui-ci ne voulant pas tarder dit à Georges:

            « Mon fils, j'aimerais que dès que vous auriez un moment de libre, vous preniez cette malle et la mettiez sur l'armoire. »

            Le soir après les fiançailles, alors que Georges se trouvait seul, Henri apparut brièvement. Celui-ci constata que la malle n'avait pas été bougée de sa place et s'entretint avec Georges pour lui dire que ce n'était pas la fiancée qu'il méritait et que les fiançailles devaient être annulées.

            Quelque mois plus tard Georges fit la connaissance d'une jeune fille et crut tomber amoureux d'elle. Les fiançailles étaient annoncées à nouveau et comme la première fois Henri se pointa également avec deux bonshommes portant la même malle. Avant de repartir, Henri dit à Georges:

            « Je vous en prie, si vous auriez un moment de temps, prenez cette malle et levez- la sur l'armoire. »  A nouveau la nouvelle fiancée dit à Georges:

            « Il est drôle ton bonhomme, il peut attendre! Ah non, pas le jour de nos fiançailles. »

            Encore une fois la malle n'avait pas bougé de sa place. Ainsi Henri fit annuler les fiançailles comme la première fois.

            Après que quelques mois étaient passés, Georges fit la connaissance d'une nouvelle jeune fille. Encore une fois, les fiançailles étaient annoncées.

            Henri, comme d'habitude, se présenta le jour des fiançailles avec ses deux gaillards, qui portaient la même malle et la posèrent encore une fois à la même place.

            Avant de partir, Henri répéta à nouveau sa demande à Georges, que dès qu'ils auraient un moment de libre, s'ils pouvaient ensemble prendre la malle et la mettre sur l'armoire. Dès que Henri quitta la chambre, la nouvelle fiancée dit à Georges:

            « Si tu dis que ce Monsieur est comme ton père, faisons-lui ce plaisir. A nous deux, cela ne prendra même pas une minute. Georges sourit et dit:

            « Tu as raison. » Et comme la jeune fille l'avait dit, cela ne dura même pas une minute, et la malle se trouva sur l'armoire.

            Le soir, lorsque Henri apparut dans la chambre, il constata à son grand plaisir, que la malle était sur l'armoire. Le lendemain, il s'adressa à Georges et lui dit:

            « Nous devons fixer le jour du mariage, le plus tôt possible. »

            Après le mariage, Georges, alors qu'il s'entretenait avec Henri, lui posa la question:

            « Dis-moi, je t'en prie, pourquoi m'as tu fait annuler les deux premiers fiançailles? » A cela Henri répondit:

            « Je voulais que tu trouves une vraie compagne pour la vie, une qui saura porter les fardeaux de la vie avec toi. Cette dernière était la seule à accepter de lever la malle avec toi. Donc, c'est la seule qui te mérite. »

            Le garçon comprit le sens moral des propos d'Henri et le remercia.  Sur quoi, Henri dit :

            « Maintenant je pourrai te remettre ainsi qu’à ta chère épouse l’héritage que ton père m’a confié. »

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