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L’idée israélienne est encore en construction

L’idée israélienne est encore en construction

 

Par OLIVIER BERGER

 

Le melting-pot israélien et l’idée du sionisme s’entrechoquent dans une société en mutation qui s’interroge sur sa cohésion. Reportage en Israël. Face aux problèmes économiques et sociaux, les négociations israélo-palestiniennes font presque figure de sujet secondaire...

« La première génération a bâti la nation ; la seconde a combattu ; la troisième a réussi économiquement. Nous sommes la quatrième et nous avons besoin de définir pourquoi nous vivons ici et pour quoi faire. » Rachel Azaria est une adjointe au maire de Jérusalem. Cette jeune mère de famille est à la fois juive orthodoxe et libérale car, en Israël, on cherche toujours à se définir. Par rapport à l’autre, par rapport à soi-même. Dans un endroit microscopique et essentiel, centre du monde et des problèmes pour les grandes religions, juive, chrétienne et musulmane.

Seulement, la société israélienne évolue beaucoup plus vite que les dogmes. La start-up nation, reine de la haute-technologie à Tel Aviv ou Haïfa, galope vers le futur. Sans attendre les ultra-orthodoxes en noir du quartier de Mea Shearim au nord de Jérusalem. Sans se préoccuper des discriminations envers les arabes israéliens de Galilée (20 % de la population). Sans vraiment regarder en face l’immigration africaine du sud de Tel Aviv, les Éthiopiens, les Soudanais du Darfour, les Érythréens. Sans même croire à un règlement définitif du conflit israélo-palestinien (lire par ailleurs).

 

Une société de tribus ?

« L’idée israélienne est encore en construction », convient Jean-Marc Liling, porte-parole de l’ONG américaine Jewish Joint Distribution Committee. Le pays jeune, créé en 1948, vit un moment charnière : « Veut-on un État juif, démocratique et inclusif ? Ou une société de tribus qui se méfient les unes, des autres ? Ou se combattent les unes, les autres… » Déjà, la moitié des élèves de CM1-CM2 sont soit juifs ultra-orthodoxes, soit arabes musulmans. Et la démographie ne ment pas.

La première apparition de cette mutation de la société israélienne date de la révolution des tentes sur le boulevard Rotschild de Tel Aviv en 2011. « La première manifestation de masse du pays où il n’était pas question de sécurité », indique Gilles Darmon, un Français qui fit sonalya (l’immigration en « terre sainte » des juifs) il y a vingt ans. Une phrase choc pour ce membre de la Commission nationale contre la pauvreté qui rendra ses conclusions en mars : « La question du conflit palestinien est en train de devenir secondaire dans la société israélienne. »

Le chômage n’existe pas (5,4 % de la population active) mais 24 % des gens vivent en dessous du seuil de pauvreté : 1,8 million sur un total de 8 dans un petit pays qui grandit trop vite. « La cohésion sociale est un élément central pour la survie d’Israël », analyse Gilles Darmon.

Les ONG travaillent depuis vingt ans le champ social à la place de l’État, plus concentré sur la sécurité du pays et le développement économique. Ainsi, Joint a conçu une cinquantaine de programmes de formations pour remettre sur le marché du travail les ultra-orthodoxes, pieux mais dépassés par l’augmentation du niveau de vie et le prix de l’immobilier. À Aled, une ville nouvelle, 7 500 familles pour 43 000 habitants (près de quatre enfants par foyer en moyenne…), les religieux, qui consacrent leur vie à l’étude de la torah dès l’âge de 10 ans, s’ouvrent au travail avec l’accord des rabbins. Un call center a vu le jour. Avec ses contraintes : une pièce pour les femmes, une autre pour les hommes…

Place Lewinsky, près de la gigantesque gare centrale (des bus) à Tel Aviv, un sit-ind’immigrés africains ramène à un problème typiquement occidental. Des Érythréens et des Darfouris végètent dans un étrange entre-deux, ni réfugiés ni expulsables. Sans statut. Des «infiltrés » selon le terme de la rue. Tout juste ne contrôle-t-on pas les entreprises employant ces déracinés illégaux.

 

Tensions africaines

« L’Africain est le coupable idéal », résume Oscar, « un Soudanais du Congo » comme il dit et activiste de Sha’annan, quartier sud et paupérisé de Tel Aviv.

Quelques kilomètres plus haut, la bonne société israélienne s’alanguit sur les plages, sous les premiers chauds rayons de soleil de début février. Qui annoncent le printemps. Là, il est facile d’oublier l’impasse du Hamas et les roquettes de Gaza, les tensions des colonies de Cisjordanie, les chaos de Syrie, du Liban et d’Irak, la menace iranienne, la guerre des Égyptiens contre Al-Qaïda dans le désert du Sinaï.

« Nous ne savons pas exactement à quel nouveau Moyen-Orient nous avons affaire et dans quelle direction nous allons avec la guerre entre les chiites et les sunnites. Finalement, au Moyen-Orient, le seul État-Nation qui reste, c’est Israël », s’inquiète Ephraïm Halevi, l’ancien directeur de 1988 à 2002 du célèbre Mossad, le service de renseignement extérieur israélien.

« Si on se considère menacé par l’extérieur et qu’il n’y a pas de cohésion sociale, on se retrouve aussi menacé de l’intérieur », ajoute Jean-Marc Liling. La mosaïque israélienne, complexe et turbulente, ne se résume pas au conflit avec les Palestiniens et à la possibilité de deux pays imbriqués à la folie. Mais il s’agit d’une bombe à retardement. « Quand la paix sera signée, assure Gilles Darmon, l’alliance israélo-palestinienne sera la force la plus dynamique du Moyen-Orient. » Un beau jour.

 

Et le conflit palestinien dans tout ça ?

Des milieux d’affaires de Ramallah, où siège sur la colline l’Autorité palestinienne, aux bâtiments gouvernementaux israéliens en pierres de Jérusalem, on semble camper sur ses positions. Apparemment peu pressé d’en finir avec le conflit, les frontières de 1967 pour les Palestiniens, la reconnaissance de l’État juif pour les Israéliens, les colonies des uns, les réfugiés des autres, les échanges de territoires, l’enjeu de la vallée du Jourdain, l’impasse de Gaza, le nœud gordien en capitales de Jérusalem.

Le plus motivé dans cette histoire semble être aujourd’hui, John Kerry, le secrétaire d’État américain, qui annonce pour la fin avril un accord-cadre… Pour prolonger les discussions, à l’orientale.

L’activisme de Kerry, qui a évoqué boycott, délégitimation et sanctions, agace Israël. « Ce discours est une façon de s’ingérer avec un zeste de menace. Personne n’aime ça », grimace Yigal Palmor, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. « La pression diplomatique a changé la donne dans un conflit de basse intensité, décrit Denis Charbit, sociologue à l’université ouverte d’Israël. Parler de boycott, ça irrite les Israéliens mais on est assez pragmatique pour tenir compte de cette menace qui heurte. »

Si l’on excepte les roquettes sporadiques de Gaza, île perdue de l’unité palestinienne, la question sécuritaire ne présente plus d’urgence. Pas comme du temps de la seconde Intifada de 2000 à 2005…

Le Premier ministre Benjamin Nétanyahu ne bouge pas. Sur les colonies, l’occupation avec un argument choc pour les Israéliens : « Partout où nous nous sommes retirés(Liban, Gaza), l’Iran s’est engouffré. » « Il reste ancré à droite mais je le vois évoluer. Au début de sa carrière, même dire le mot palestinien lui en coûtait », s’amuse Yigal Palmor.

Sur la colline voisine, à Ramallah, la stratégie diplomatique reste sévère. Hanan Ashrawi, membre du comité exécutif de l’OLP, assène : « Israël a le contrôle des frontières, de l’espace territorial, des mouvements et des humiliants check-points, de l’eau dans la vallée du Jourdain. C’est une occupation. Avec toujours cette violence des colonies. Comment négocier sur ces bases ? »

Denis Charbit l’assure : « Le scénario rêvé pour Netanyahou serait qu’Abbas quitte la table. » Pourquoi ferait-il ce cadeau ? OL. B.

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Tout le monde semble avoir oublié que les Palestiniens ne se sont pas gênés pour faire 5 fois la guerre contre Israël en compagnie des pays Arabes, simplement parce qu'ils voulaient tuer tous les juifs pour les jeter à la mer; et aujourd'hui, ils ont le culot de venir réclamer une terre qui ne leur a jamais appartenu; mais c'est le monde à l'envers ! ce sont les vaincus qui cherchent à imposer leur volonté aux vainqueurs ! alors que lorsque les Arabes venus d'Arabie ont envahi le Maghreb au 8ème siècle, ils ont tué tous ceux qui refusaient de se convertir à l'islam et ils ont laissé subsister quelques juifs pour les réduire à l'esclavage et à condition qu'ils se soumettent à payer un impôt spécial sur la vie humaine et qu'ils vivent retranchés dans des ghettos, c'est ce qu'on appelle la "dhimmisation"; tandis que les Juifs n'ont jamais appliqué ce genre de méthodes barbares et c'est peut-être pour cela que les musulmans sont devenus arrogants et inversent les rôles en cherchant à prendre la place des vainqueurs qui ont eu la générosité de leur laisser la vie sauve et de se multiplier comme des rats au point que leur nombre représente maintenant un véritable danger sur le plan démographique pour l'Etat d'israël.

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