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L’intelligence stratégique de Binyamin Netanyahu

Barack et Bibi, deux génies stratégiques, un seul ou aucun des deux ?

L’intelligence stratégique de Binyamin Netanyahu (info # 013107/16)[Analyse]

Par Guy Millière ©MetulaNewsAgency

 

Je l’écris à nouveau, je pense que Binyamin Netanyahou est l’un des très rares hommes d’Etat de ce temps. Avoir réussi à endiguer l’essentiel des mauvais coups que l’administration Obama a tenté de porter à Israël depuis huit ans a été la démonstration d’une intelligence stratégique remarquable.

 

Binyamin Netanyahou n’a, certes, pas réussi à endiguer tous les mauvais coups : il n’a pu empêcher Obama et Kerry de passer un accord désastreux avec la République Islamique d’Iran. Mais il a pu mettre fin à l’insupportable harcèlement exercé par le Hamas depuis Gaza lors des opérations militaires de 2014, sans parvenir toutefois à écraser totalement le Hamas.

 

Obama, quant à lui, s’est employé à freiner les livraisons de matériel militaire à Israël et a accentué les pressions exercées sur lui en décidant, un temps, le boycott de l’aéroport Ben Gourion par les appareils américains.

 

Netanyahou a dû céder un peu, mais, dans l’ensemble, la situation d’Israël est bien meilleure que ce qu’elle aurait été si l’Etat hébreu avait été privé de l’intelligence stratégique de Netanyahou. On le comprendra, j’en suis certain, quand le moment sera venu de passer des pages d’actualité des journaux à celles des livres d’histoire.

 

L’intelligence stratégique de Netanyahou a été à l’œuvre aussi dans une recomposition des alliances d’Israël. Le Premier Ministre a non seulement compris qu’Obama était un ennemi sournois de son pays, il a également saisi que l’alliance d’Israël avec les Etats Unis était menacée par la "gauchisation" du Parti Démocrate, et que l’Europe, qui s’islamise à une vitesse croissante, était, elle, un ennemi déclaré d’Israël.

 

Le chef de l’exécutif hébreu s’est dès lors réorienté vers la Russie de Vladimir Poutine, discernant qu’il était un nationaliste russe philosémite. Il a mené une diplomatie d’ouverture non déclarée vis-à-vis des puissances sunnites du statu quo, confrontées au  péril djihadiste sunnite et à la montée en puissance de l’Iran.

 

Il a passé des accords avec la Turquie d’Erdogan, sans illusions sur le personnage, mais en sachant qu’au-delà de ses penchants totalitaires, il était soumis à la pression russe, à celle de l’Iran qui est lui-même sous la pression de la Russie, ainsi qu’à des pression et difficultés domestiques. Ce, tant en raison du poids croissant de la minorité kurde dans son pays, qu’en proie à des difficultés économiques et financières. La croissance turque reposant désormais essentiellement sur des emprunts effectués auprès de puissances islamiques du statu quo, telle l’Arabie Saoudite et les Emirats du Golfe.

 

Netanyahou a surtout passé des accords avec plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, auxquels il a rendu visite récemment. Ces traités reposent sur l’appréciation par Netanyahou de ce que l’Afrique subsaharienne est une région pauvre, sous-développée, et qui a un besoin évident de technologies qu’Israël est à même de fournir. Dans le domaine de l’irrigation, par exemple, Israël va disposer de marchés d’exportation supplémentaires, qui rendront le pays moins vulnérable à des actions de boycott éventuellement décidées à l’échelon européen.

 

Ces accords reposent principalement sur le fait que les pays d’Afrique subsaharienne sont confrontés à une menace djihadiste forte, et ont un besoin urgent de l’expertise et de la coopération israéliennes dans le secteur de la lutte anti-terroriste. Israël va, sans nul doute, faire bénéficier les pays concernés de son savoir-faire.

 

Ces accords reposent aussi sur la nécessité pour Israël de disposer d’alliés diplomatiques supplémentaires. En un moment où des manœuvres anti-israéliennes se préparent sous l’égide la France (avec l’appui explicite de l’Union Européenne), et vraisemblablement d’un Obama en fin de parcours et en quête d’héritage, qui pourraient conduire à des motions anti-israéliennes déposées à l’ONU, les voix de quelques pays d’Afrique membres non permanents du Conseil de Sécurité [mais sans droit de veto. Ndlr.] sont à même de gripper des rouages délétères. Netanyahou le sait.

 

Ceux qui regardent agir Netanyahou et souhaiteraient son échec le savent aussi, et, sans le dire, ils trépignent de rage. Ils constatent que l’intelligence stratégique de Netanyahou conduit à une recomposition des alliances d’Israël.

 

Cette recomposition n’empêchera pas Israël de pouvoir à nouveau compter sur les Etats Unis si un président plus favorable à Israël succède à Obama, ce qui n’est pas impossible. Elle n’empêchera pas Israël de continuer à commercer avec les Européens, mais rendra moins délétères les manœuvres anti-israéliennes venant d’Europe. Elle permettra à Israël de rester souverain dans une époque de turbulences et de recomposition qui n’est pas achevée, et ne fait sans doute que commencer.

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