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La France achète pour 500 millions de dollars de drones à Israël

 

La France achète pour 500 millions de dollars de drones à Israël

 

C'est un tabou qui se brise : après des années de collaboration discrète, la France signe un contrat de près de 500 millions de dollars avec Israël pour l'achat de drones. Une « revanche », pour la presse israélienne.

« Après 44 ans de boycott français : un contrat historique ». C'est ainsi que la plupart des médias israéliens ont qualifié la prochaine fourniture de drones d'origine israélienne, c'est-à-dire d'avions de reconnaissance sans pilote, qui seront adaptés aux besoins de l'armée française par Dassault Aviation. Signé en fin de semaine dernière, le "deal" avec Israël Aerospace Industries (IAI), le numéro 1 israélien, est estimé à environ 500 millions de dollars, selon des responsables d'IAI.

Il porte sur le Héron TP, un drone avec une envergure de 26 mètres. Equivalent, en longueur, à un Boeing 737, il dispose d'une autonomie de vol de 36 heures. Ses dimensions lui permettent d'emporter des systèmes radars, des capteurs, ainsi que des caméras pour des missions de surveillance et de renseignements, mais aussi des roquettes qui pourraient lui permettre de lancer des attaques. L'appareil a été déclaré opérationnel par l'armée de l'air israélienne depuis un an et demi. Selon la presse israélienne, la France sera le premier pays étranger à s'en équiper.

En réalité, si ce contrat est historique, c'est plutôt parce qu'il brise un tabou, celui d'acheter des armes à Israël, dont les opérations militaires au Proche-Orient ont régulièrement indigné la France. Pour les médias israéliens, l'interdiction de la vente et de l'achat d'armement décrété par le général De Gaulle en juin 1967 au moment de la guerre israélo-arabe, était vécue comme une blessure. A l'époque, la France était de très loin le plus important fournisseur d'armes d'Israël. Une fois la rupture consommée, aucun contrat d'importance n'a été conclu entre les deux pays. Israël s'est tourné presque exclusivement vers les Etats-Unis, qui financent à hauteur d'environ 3 milliards de dollars par an les achats de matériels militaires américains.

Mais ce que les médias israéliens oublient, c'est que la France utilise les technologies avioniques d'Israël depuis des années. Paris collabore discrètement avec Israël en matière de technologie de drones depuis au moins 1995, lorsque le ministre de la Défense François Léotard a signé pour l'achat de quatre drones. La France utilise discrètement l'expertise israélienne dans le programme SIDM (système de drone moyenne altitude longue endurance), car le célèbre Eagle One est le fruit d'une collaboration discrète entre IAI et EADS.

Pour les médias israéliens, ce contrat massif et officiel a donc un arrière goût de revanche. Les responsables de la Défense israéliens ne manquent pas de rappeler que le boycottage français a en fait donné une formidable impulsion au développement d'une industrie aéronautique israélienne de pointe. Dans un premier temps, Israël a copié les plans du Mirage pour produire des avions de combat, avant de tenter de mettre au point le Lavi, un modèle original dans les années 80. Mais le véto américain à la production d'un appareil qui risquait de faire concurrence aux avions américains a encouragé Israël à miser sur l'avionique, les systèmes de défense anti-aériens, ainsi que sur les drones.

Un pari réussi. L'Etat hébreu a exporté pour 7,2 milliards de dollars d'armes l'an dernier, grâce notamment aux ventes des drones, ces petits avions sans pilote devenus un matériel incontournable dans les conflits actuels tels celui qui se déroule en Afghanistan.

Pascal Lacorie, à Jérusalem

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