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La Tunisie en quête d’une stratégie antiterroriste

La Tunisie en quête d’une stratégie antiterroriste

 

 

Tunis | En dépit de mesures prises après l’attentat contre le musée du Bardo il y a un an, la Tunisie reste en quête d’une stratégie antiterroriste susceptible d’endiguer la menace djihadiste, dont l’ampleur a franchi un nouveau palier avec les attaques inédites de Ben Guerdane.

Si les forces de sécurité «ont commencé à tirer des leçons des défaillances passées et [...]gagné en efficacité», il manque toujours «une stratégie sous-tendue par une vision, des objectifs clairs et pertinents résultant d’une analyse sophistiquée des menaces», juge le consultant en sécurité Habib M. Sayah.

Depuis sa révolution en 2011, le pays a vu inexorablement progresser une mouvance djihadiste initialement liée à Al-Qaïda. La situation s’est sensiblement dégradée l’an dernier avec trois attentats majeurs revendiqués par le groupe État islamique (ÉI), dont celui du Bardo à Tunis le 18 mars (21 touristes et un policier tués).

Autre palier franchi

Après la tuerie de Sousse (38 morts) et l’attentat suicide en plein Tunis (12 agents de la garde présidentielle tués), un palier supplémentaire a été franchi la semaine passée avec l’attaque de dizaines de djihadistes contre des installations sécuritaires de Ben Guerdane, ville frontalière de la Libye. Treize membres des forces de l’ordre et sept civils ont péri, tandis que 49 «terroristes» ont été abattus durant la riposte sécuritaire. Si l’assaut n’a pas été revendiqué, il visait selon Tunis à instaurer un «émirat» de l’ÉI, une assertion qui a exacerbé les craintes d’une extension du chaos libyen.

Cette attaque visait «vraisemblablement à tester les défenses de l’État et donner le coup d’envoi d’une campagne prolongée contre le Sud tunisien», affirme M. Sayah. Mais «les hommes de l’ÉI ont probablement sous-estimé la capacité [de réaction] des forces de sécurité et compté sur le soutien d’une population qui, majoritairement, a coopéré avec les forces de l’ordre».

« Mis à genoux »

Sur fond d’appels à «l’union sacrée», les médias ont célébré un «succès retentissant» pour la Tunisie. Mais ce réflexe patriotique n’a pas empêché de raviver les demandes pressantes d’une stratégie antiterroriste plus élaborée.

Avec Ben Guerdane, «nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que le pays était à deux doigts d’être mis à genoux», s’est alarmé le journal Le Quotidien.

L’été dernier, après les défaillances constatées au Bardo et à Sousse, l’International Crisis Group (ICG) avait préconisé «une réforme d’envergure» des Forces de sécurité intérieure, qualifiée d’«institution déstructurée». «Les membres des forces de l’ordre sont unanimes: le manque de stratégie est le problème essentiel», avait-il souligné.

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