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Le chant des femmes – Le chant des sirènes ?

 

Le chant des femmes – Le chant des sirènes ?

 

Les soldats religieux qui se retiraient des cérémonies militaires quand les femmes chantaient pourront désormais y rester. Car, heureux comme Ulysse, ils vont mettre des boulquies. Cette solution miraculeuse était suggérée par le rabbin Levanon (le rabbin de la région de Samarie), alors qu’il était parmi les premiers à militer en faveur de l’interdiction des hommes à écouter le chant des femmes.

Mais cet “allégement” pourra-t-il apaiser les tensions ?

Afin de mieux débattre sur l’interdit tant controversé, en voici l’origine et les diverses raisons – liste non exhaustive vu l’étendu des références.

Chant des femmes dans la Torah
La Torah recense plusieurs cas de chants de femmes en présence des hommes :-
1) Juges 5.1: Débora la prophétesse: “En ce jour-là, Débora chanta ce cantique, avec Barak, fils d’Avinoam”. Barak a entendu le chant de Débora ainsi que les autres Bnei Israël.
2) Exode 15.20-21 Myriam demande aux autres femmes de chanter avec elle. Même si elles avaient chanté séparément des hommes, il est indéniable que les voix de ces 600,000 femmes sont parvenues aux oreilles des hommes.
3) Samuel 1 18.6: “lors du retour de David après qu’il eut tué le Philistin, les femmes sortirent de toutes les villes d’Israël au-devant du roi Shaoul, en chantant et en dansant, au son…” Shaoul et les combattant ont entendu leur voix.
4) Samuel 2 19.36 “Je suis aujourd’hui âgé de quatre-vingts ans …Pourrais-je encore entendre la voix des chanteurs et des chanteuses?” Barzilaï est privé de ses facultés auditives. Mais quand il était jeune homme, il entendait des chanteuses.
5) Ecclésiaste 2.8: “Je me procurai des chanteurs et des chanteuses et les délices des fils de l’homme, des femmes en grand nombre.” Donc, même Kohelet étant jeune entendait des femmes chanter.
Il s’agit des chanteurs et des chanteuses qui chantaient en chorale ensemble. On le déduit, car il est écrit “sharim ve-sharotes”, qui signifie: “chanter” conjugué au féminin pluriel et au masculin pluriel.
6) Ezra 2.65 “L’assemblée toute entière était de quarante-deux mille trois cent soixante personnes,… Parmi eux se trouvaient deux cents chantres et chanteuses”.
Rachi dit: “les chantres et les chanteuses = masculin et féminin ensemble afin qu’elles puissent égayer le trajet”. Ils étaient tellement heureux de se rendre en Israël, que le trajet depuis leur exil babylonien s’est déroulé dans l’allégresse.
7) Chroniques 1 25.6: “Dieu avait donné à Héman quatorze fils et trois filles. Tous ceux-là étaient sous la direction de leurs pères, pour le chant de la maison de l’Éternel”. Héman était chargé d’exalter la puissance de l’Éternel. Les visiteurs de la maison de l’Éternel ont dû entendre le chant de ses filles.

L’interdit n’existe donc pas. D’où vient-il alors ?

Chant des femmes – Halaha et Talmud
La Halaha interdit l’homme d’entendre le chant d’une femme, mais point d’interdiction pour la femme de chanter. Nuance!
Elle se réfère au Cantique 2.14: “Ma colombe … Fais-moi voir ta figure, Fais-moi entendre ta voix; Car ta voix est douce, et ta figure est agréable”. L’époux implore son épouse de lui faire voir son physique et de lui faire écouter sa douce voix. Le physique et la voix sont donc logés à la même enseigne: Tous deux sont attirants.
La halaha décrète: “kol be-isha erva” (la voix d’une femme équivaut sa nudité). Ainsi, par “tsnioute” on interdisait l’homme d’entendre le chant d’une femme.
Il est probable que l’interdit a été fixé uniquement durant le Talmud, faisant partie de grands efforts de “knesset hagdola” pour réduire le “yetser hara” (mauvais penchant). Mais il fut partiel. Selon certains: l’écoute de plusieurs femmes ensemble était permis, car il est difficile d’identifier une voix susceptible d’attirer, parmi tant d’autres qui chantent en même temps. A fortiori, si le chant est accompagné d’instruments. Par conséquent, le “yetser hara” ne pouvait pas être déclenché. Ils se basent également sur le verset du Cantique, cité précédemment, qui évoque qu’une seule femme et pas plusieurs.

Chant des femmes – période moderne
1) Ecouter des chanteuses à la radio :
Il y a les “Mekelim” (ceux qui facilitent, qui allégent) et les “Makhmirim” (ceux qui endurcissent, les rigoureux).
Les “Mekelim” autorisent l’écoute radiophonique, car seule l’écoute contiguë est interdite. En l’absence de vue et de promiscuité physique, le rapprochement physique ne peut avoir lieu. Donc, le risque de commettre une “avera” (transgression, péché) est écarté. A fortiori, si l’homme ne connaît pas personnellement la chanteuse, il ne peut donc la rencontrer physiquement. Mais, même s’il la connaît, seule l’écoute à promiscuité peut rendre la “avera” accessible.
Chez les “Makhmirim” toute écoute est interdite car les songeries suscitées par l’écoute peuvent déclencher le “yetser hara”. Raison de plus s’il la connaît personnellement. Car, les songeries et l’envie d’un contact physique peuvent être déclanchés. Donc la vue n’est pas le seul facteur déterminateur.
Les facilitateurs rétorquent que les hommes ne sont pas tous sujets aux songeries. Il y en a qui ne s’y adonnent pas. Donc ils émettent des doutes sur les possibilités du déclenchement du “Yetser hara”. Et quand il y a des doutes, il est de notoriété chez les khahamim (les sages) de toujours “le-hakel” (alléger, faciliter) et de ne pas interdire.

2) Hommes et femmes peuvent-ils chanter des chansons de kodeche voire chansons patriotiques israéliennes ensemble ?
Cette question s’inspire du Talmud qui stipulait la difficulté d’identifier une voix parmi tant d’autres chanteuses.
Y a t-il donc lieu de le permettre ?
La majorité des Poskim (les décisionnaires) décrètent que le chant mixte est interdit. Ils se réfèrent aux écrits des érudits stipulant que la voix d’une personne que l’on affectionne est reconnaissable même parmi plusieurs qui chantent en même temps.
D’autres Poskim en ont décidé autrement :-
Lors de son voyage en Allemagne, le Rav Possek Yaakov Weinberg (1884-1966) constate que des hommes et des femmes haredim orthodoxes chantent ensemble des chansons de chabbat. Ils lui confirment que le Gaon Rabbi Azriel Hildesheimer et le rabbin Hirshe leur en avaient donné l’autorisation.
Il cherche la raison et découvre que certains Grands Richonims (les grands premiers) avaient déjà décrété que l’interdit subsistait uniquement quand la personne en tire un agrément individuel. Ce donc ce type de plaisir qui risque d’engendrer par la suite la “avera”. Or, comme il n’y a aucun risque de songeries lorsque l’on chante ensemble des chansons de kodesh, l’interdit ne peut donc avoir lieu.
En rentrant en France, le Rav Weinberg décrète l’autorisation, notamment au mouvement de jeunesse Yechouroun, ayant pour but d’éveiller l’amour de la jeunesse à l’égard de la Torah et d’Israël. Mais aussi pour lutter contre l’assimilation.
Le mouvement de jeunesse actuel Bnei Akiva applique encore aujourd’hui la psika (décision) du Rav Weinberg.

En conclusion, on peut dire qu’il n’ y a que les Poskim qui peuvent examiner à fond la situation et les circonstances, en se coupant les cheveux en 4, avant de trancher.
Ils ne prennent pas seuls leurs décisions. L’ombre de 5774 années de références et de décisions les poursuit et les guide.

 

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