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LE LIÈVRE ET LA TORTUE. Par Breitou Mtana

 

LE LIÈVRE ET LA TORTUE.
Par Breitou Mtana.

‘…Yah’qiou fél bled él tmar, ‘ on raconte dans la ville des dattes Deglaoued’ qu’un pauvre paysan avait une tortue, fakroun, du sobriquet de Allila.
Il était fier de ce compagnon qu’il avait élevé depuis de nombreuses années.

Notre paysan vivait dans un taudis près d’un champ abandonné, pas loin d’un pont, kantra sidi Bellaouane.
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Il avait comme voisin un riche agriculteur amoureux de son lapin du nom de Arneb él Sawe. Lapin de campagne. Son lapin était donc doté de la particule El.

Un jour, alors qu’il passait devant l’indigent, notre riche terrien, lui lança une boutade.

‘…Ye si Zganda, loucen fakrounéq Allila ou Arnebi i tyard’ou fi jer’ya… !
-Dis moi toi si Zganda, si on faisait concourir ta tortue et mon lièvre sur une distance donnée… ?

L’autre leva la tête et sans trop réfléchir consentit d’autant plus que le concours, selon les dires du richard était doté de cent rials. Une grosse somme d’argent à cette l’époque.

‘..Ye Sidi, loucen nekh’ssar colli qifféch én khal’sséq… ?’
‘…Mais dis moi Sir, si ma tortue perd, comment faire pour te payer… ?’
‘…El harca se’lla, nekhod facrounéc… !’
-‘…L’affaire est fort simple, je prends ta tortue… !’
Notre pauvre homme hésita un instant mais réfléchissant, il se dit qu’il y avait peut être là un moyen de sortir de cette galère si son faqroun remportait le derby ; même si cela était du domaine du rêve.
Au final, il accepta mettant sa protégée entre les mains de D ieu afin qu’elle remporte cette course.

Le jour fut fixé ainsi que le lieu.
La course était donc prévue pour un jour de marché, en plein centre ville.

La rumeur se saisit de la nouvelle et au jour dit, un millier de Kachabiyét (burnous) témoignèrent de leur présence.
Les paris entre les paroissiens donnaient l’avantage au lapin de campagne à 100 %. Certains parmi la foule émirent des moqueries à l’encontre de l’indigent tant et si bien que notre pauvre bougre se mit à pleurer à chaudes larmes. L’issue était connue d’avance.
Qui pourrait croire qu’une tortue pourrait battre un lapin sur cent mètres…. ?

La foule se trouvait derrière le riche propriétaire alors que notre indigent n’avait que le sable du désert derrière lui et des visages hilares devant lui.

La tortue fut placée sur la ligne de départ tandis que son concurrent bien agité le fut aussi.
Le signal du départ fut donné et notre tortue commença à trottiner à son rythme. Tica tica.

Notre lapin des champs, bien sur de lui, laissa la tortue prendre qqs mètres sous le regard moqueur de son patron. Seida Alila sans perdre de temps, et bien concentrée avançait droit devant elle, tandis que l’autre s’en donnait à cœur joie, quittant la piste pour folâtrer entre les pieds de la foule, revenant sans cesse sur la piste laissant notre tortue faire son chemin. Une heure passa et notre conard de lapin toujours sur de lui, gambadait, faisant des pirouettes sous les grands rires de la foule excitée par tant de singeries de la part de sidi Arneb El Séoua.

Son propriétaire sentant la frivolité de son poulain lui lança en arabe…

‘..Yé si bââr (imbécile) yekhir chnoué téoua, foqet’chi mél lââb… ?’
-‘Dis moi toi imbécile, as-tu fini de faire le clown… ?’
Mais le lapin heureux comme un lapin faisant fi des paroles de son maitre s’en donnait à cœur joie.
Madame Allila, par contre trottinait allégrement et au bout d’une marche forcée de deux heures franchi la ligne d’arrivée devant les regards de la foule abasourdi par la victoire d’une tortue sur un lièvre des champs.
Notre riche agriculteur déçu par la prestation de son poulain lui lança…

‘…I TAYAH SADEC YE BIM…! El LILA EN HATEC FEL BORMA…!’
-‘…Que ta chance tombe espèce d’âne… ! Ce soir tu seras mis dans le pot… !’

L’homme s’acquitta de sa dette en maugréant.

La nouvelle fit le tour du pays et la nouvelle parvint aux oreilles du ROI.

Il convoqua l’indigent et lui offrit une place comme premier ladre dans ses écuries, tandis que sa campagne fut citée à l’ordre de la nation des DATTES. Si vous passez par la ville de DEGLANOUR, vous y verrez une plaque commémorative à la gloire de LELLA ALLILE
‘Basmellah él rahem el rahim……

Ici Lella ALLILIE remporta la course contre la montre en Juin 832 le l’ère de HÉGIRE… !
GLOIRE A SON ÂME… !’

‘…Ye ness, él metrob’yin, éch tess’lah él zer’fé, lejem’com dimé tem’chiou ââla khat’ouét’com… !
Loucen tihou fél gentra… !’

‘…Bonnes gens, à quoi sert de courir, il faut toujours prendre son temps et marcher lentement sinon vous tomber dans la kantra… !
Il ne sert à rien de courir, il faut toujours partir à point.
Et surtout ne jamais se dire qu’il n’est jamais trop tard pour arriver.

Sur une idée du LIÈVRE ET DE LA TORTUE PAR MONSIEUR DE LA FONTAINE.

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