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Le Parlement polonais refuse d’autoriser de nouveau l’abattage rituel

Le Parlement polonais refuse d’autoriser de nouveau l’abattage rituel
 
 
 
 
 
 

Le grand rabbin de Pologne Michael Schudrich menace de démissionner.

 

L’abattage rituel, un enjeu économique de taille, était illégal depuis le 1er  janvier, après une décision de la Cour constitutionnelle.

Le vote du Parlement polonais a été sans appel : vendredi 12 juillet 2013, la Diète a refusé, par 222 voix contre 178 et neuf abstentions, d’autoriser de nouveau les abattages rituels pour la viande casher. « Le résultat du vote d’aujourd’hui à la Diète (…) a été un choc pour nous », ont immédiatement indiqué le grand rabbin de Pologne Michael Schudrich et le président de la communauté juive Piotr Kadlcik dans une déclaration.

L’abattage rituel sans étourdissement est interdit en Pologne depuis le 1er janvier, à la suite d’une décision de la Cour constitutionnelle prise après un recours d’associations de protection des animaux. Bien que présenté par le gouvernement libéral, le projet de loi qui devait le légaliser à nouveau a été rejeté, y compris par des membres du parti au pouvoir, la Plateforme civique, qui n’avait pas donné de consignes.

« IL Y A UN COURANT ANTISÉMITE, MAIS AUSSI ISLAMOPHOBE EN POLOGNE »

Pour le journaliste et militant juif polonais Konstanty Gebert, les choses sont claires : « Il y a un courant antisémite, mais aussi islamophobe en Pologne. La question de la protection des animaux est une hypocrisie. Beaucoup de Polonais sont persuadés que, lors de l’abattage, la souffrance de l’animal est requise par le rituel, alors que ce n’est absolument pas le cas. »

Les juifs sont aujourd’hui de 20 000 à 30 000 dans le pays. « 7 000 à 8 000 fréquentent les synagogues », précise Konstanty Gebert. Par ailleurs, il y aurait environ 25 000 musulmans, issus de la minorité historique des Tatars et des arrivants plus récents. Les deux communautés, bien que réduites pour une population de 38 millions d’habitants, attirent parfois la méfiance ou une hostilité plus ou moins affichée. En avril, un sondage commandé par la communauté juive indiquait même que 44 % des jeunes Varsoviens n’aimeraient pas avoir un voisin juif et 40 % seraient gênés par un camarade de classe juif.

LES PROTESTATIONS DES PAYSANS SE SONT JOINTES À CELLES DES REPRÉSENTANTS D’ASSOCIATIONS JUIVES

En réaction au vote défavorable de vendredi, Michael Schudrich a menacé dimanche de démissionner de son poste. Une décision qui dénote le malaise d’une partie des juifs polonais, alors que les autorités et la société civile font un effort pour sensibiliser l’opinion à l’histoire de la communauté, autrefois l’une des plus importantes du monde – 3,3 millions avant la Seconde Guerre mondiale. Un musée de l’histoire des juifs de Pologne a notamment ouvert récemment à l’emplacement du ghetto de Varsovie.

En outre, des dizaines d’abattoirs polonais sont spécialisés dans l’abattage halal et casher. Avant l’interdiction, environ 90 000 tonnes de bœuf halal étaient exportées annuellement vers les pays musulmans, surtout en Turquie, et 4 000 tonnes de viande casher vers Israël. Les protestations des paysans se sont jointes à celles des représentants d’associations juives pour réclamer un nouveau vote du Parlement et ainsi préserver les exportations de viandes halal et casher, estimées de 250 à 350 millions d’euros par an.

 

 

Rémy Pigaglio

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