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Les différents calendriers utilisés dans le monde

 

Les différents calendriers utilisés dans le monde

 

 

Fondé sur le calcul inexact de la naissance du Christ, le calendrier grégorien s’est imposé comme la norme internationale. Mais d’autres calendriers subsistent

 

D’OÙ VIENT NOTRE CALENDRIER ?

Le calendrier en usage aujourd’hui dans la plupart des pays est directement issu du calendrier romain. Celui-ci avait été réformé en 46 av. J.-C. par Jules César (d’où son nom de calendrier julien) afin de remédier au décalage existant, alors, entre l’année du calendrier romain traditionnel (366,25 jours en moyenne) et l’année astronomique (365,24219 jours) nécessitant un système complexe de jours et mois intercalaires souvent mal appliqué. 

S’inspirant des observations des astronomes alexandrins, Jules César, en tant que pontifex maximus et plus haute autorité de la religion romaine, introduit donc l’année bissextile et obtient une année moyenne (365,25 jours) beaucoup plus proche de l’année astronomique.

Cette réforme n’est toutefois pas suffisante et le calendrier julien accuse un décalage d’un jour tous les 134 ans avec l’année astronomique. C’est pour cela que Noël tombe la nuit du 24 au 25 décembre, et non celle du 21 au 22 : au IVe  siècle, quand se fixe la fête de la Nativité, le solstice d’hiver tombe en effet déjà le 24 et non le 21. Au XVIe  siècle, le décalage est de dix jours, d’où l’adage selon lequel « la Saint-Barnabé (11 juin) est le jour le plus long de l’année » …

C’est pour cela que, en 1582, le pape Grégoire XIII impose une nouvelle réforme du calendrier en décidant un rattrapage du décalage et une modification du calcul des années bissextiles. L’année du calendrier, qu’on appellera désormais grégorien, dure ainsi 365,2425 jours, très proche des 365,24219 de l’année astronomique (le décalage n’est plus que de trois jours tous les 10 000 ans). 

C’est ce calendrier qui va rapidement s’imposer d’abord à l’Occident (dès 1582 en Espagne, au Portugal, en Italie et France, mais seulement en 1752 en Grande-Bretagne) puis au reste du monde.

POURQUOI COMPTER LES ANNÉES À PARTIR DE LA NAISSANCE DE JÉSUS ?

Le comptage des années à partir de la naissance du Christ est apparu assez tard dans le monde chrétien. L’Empire romain comptait les années à partir de la fondation de Rome (753 av. J.-C.) mais, plus habituellement, en fonction des consuls de l’année en question. L’an 1 de l’ère chrétienne est ainsi pour les Romains l’année du consulat de Caius Iulius Caesar (petit-fils d’Auguste) et Lucius Aemilius Paullus…

C’est le moine scythe Denys le Petit (v. 470–v. 540) qui, en s’essayant au calcul de la date de Pâques, va déterminer incidemment que le Christ serait né en l’an 753 de la fondation de Rome, définissant ainsi l’an 1 de l’ère chrétienne. Ses calculs – erronés : Denys le Petit s’est trompé de quelques années et le Christ serait né entre 6 et 4… avant Jésus-Christ – seront repris par saint Bède le Vénérable (v. 672–735), un moine anglais qui est le premier, en Occident, à utiliser un système prenant comme référence la naissance du Christ. 

Il faudra toutefois attendre le tournant de l’an 1000 pour que cette façon de compter s’impose et qu’on cesse réellement de compter les années selon les règnes des rois.

Cette référence à la naissance du Christ est importante car elle signe une nouvelle façon d’envisager le temps. Dans l’Antiquité, en effet, le temps est cyclique et s’inscrit dans le sacré : les mêmes rites répétés de saison en saison, d’année en année, permettent de revivre un « Âge d’Or ». 

« Parce qu’il se rapporte à un temps originel, il est la mémoire du mythe qui le fonde et qu’il a la charge d’actualiser, écrit le P. Christian Salenson (1).Le temps sacré unit, par le mythe et par le rite, le passé et le présent. (…)Quand le temps sacré s’achève, le temps ordinaire reprend son cours. »

À l’inverse, les chrétiens ont hérité du judaïsme une vision linéaire du temps où Dieu intervient directement dans l’histoire. « Dieu se donne à connaître dans les événements de l’histoire, et la réception par les hommes de sa révélation a lieu dans l’épaisseur de l’histoire et de leur expérience humaine », poursuit le P. Salenson. L’Ancien Testament est ainsi la relecture, par le peuple juif, de l’action de Dieu dans son histoire. Une intervention de Dieu dans l’histoire qui culmine, pour les chrétiens, avec l’Incarnation de Jésus-Christ, Dieu fait homme.

Y A-T-IL D’AUTRES CALENDRIERS ?

À partir du XVIIIe  siècle et de la prise en main du calcul du temps par le pouvoir politique au détriment du religieux, des mises en cause de l’origine chrétienne du calendrier vont se faire jour. La plus célèbre d’entre elles sera la tentative des révolutionnaires français d’imposer un calendrier républicain (1793-1805) de douze mois de trente jours. 

Au XIXe  siècle, le philosophe Auguste Comte tentera aussi de mettre en œuvre un calendrier positiviste dégagé de toute référence religieuse tandis qu’au XXe  siècle, la Société des Nations, puis les Nations unies, travailleront un temps sur un calendrier fixe qui sera finalement abandonné, plusieurs pays l’estimant dommageable pour les croyants…

Aujourd’hui, le calendrier est donc régi par la norme ISO 8601, dont la dernière mise à jour remonte à 2004, et qui définit le calendrier grégorien comme norme internationale. Officiellement, toutefois, le point de référence du calendrier grégorien n’est plus la naissance du Christ mais, selon la norme ISO, le jour de la signature de la Convention du mètre (20 mai 1875) qui établit un système international de poids et mesures.

Si le calendrier grégorien s’est imposé comme norme internationale, d’autres calendriers continuent néanmoins à être plus ou moins largement utilisés dans le monde. Ainsi, même si la Chine a officiellement adopté le calendrier grégorien en 1911, le calendrier traditionnel chinois demeure-t-il très utilisé, comme le souligne l’importance des célébrations du Nouvel An asiatique (cette année, le 10 février 2013). 

Par ailleurs, les calendriers musulman et hébraïque sont utilisés par les fidèles de ces religions, tout comme le calendrier persan, en Iran, ou le calendrier civil indien. Sur le plan religieux, le calendrier julien est également en usage dans de nombreuses Églises orthodoxes et orientales…

(1) Christian Salenson, « Le temps liturgique à l’épreuve de la fluidité du temps », La Maison-Dieu , n° 231, 2002/3, p. 19-35.

 

 

Nicolas SENÈZE

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