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Les hasards de l'Histoire, par Claude Sitbon

Les hasards de l'Histoire, par Claude Sitbon

 

 

 

Les hasards de l'Histoire font quelquefois des détours comme ce mardi 13 Janvier 2015 à Jérusalem – la communauté juive tunisienne a, en deux endroits de la capitale, honoré ses morts.

D'une part, au cimetière de Givat Chaoul, la classe politique entière israélienne – du président de l'Etat au chef de l'Opposition, en passant par le Premier Ministre – tout le peuple d'Israel de Kiriat Shmona à Eilat, en passant par Achdod et Natanya, étaient venus accompagner à leur dernière demeure les victimes de l'attentat dans l'Hyper cacher de la porte de Vincennes. Ces Juifs ont été assassinés parce que Juifs.

D'autre part, à quelques cent mètres de là, à vol d'oiseau, à Yad Vachem, on commémorait le 72ème anniversaire de la première rafle nazie des Juifs de Tunis.

Là aussi, on avait assassiné les Juifs parce qu'ils étaient Juifs. Cette cérémonie eut lieu en présence de nombreuses personnalités et le professeur Yaron Tzur de l'Université de Tel Aviv fit une conférence sur le rôle du Conseil des notables juifs et celui de son chef, le vaillant avocat Maitre Paul Ghez, durant les six mois "sous la botte nazie" (Novembre 1942-7 Mai 1943).

La chanteuse Corinne Allal, d'origine tunisienne, assura l'intermède musical. Dans la crypte du Souvenir, se tint une cérémonie émouvante où le rabbin Eric Bellaiche chanta la Prière pour les Morts dans "le nigoun tunisien", en ajoutant une prière spéciale pour les Juifs assassinés à Paris.

Rappelons que les nazis appelèrent 5000 Juifs - de 18 à 40 ans – sur les 75000 que comptait la communauté, a venir travailler dans 32 camps de travail obligatoire, répartis dans toute la Tunisie. Les nazis avaient envoyé en Tunisie le colonel Walter Rauff, de sinistre mémoire- celui qui avait mis en place les camions à gaz avant les chambres à gaz – pour gérer les opérations; preuve supplémentaire que la Tunisie était intégrée dans le plan de "la solution finale".

Il faut aussi ajouter qu'en dehors de la centaine des Juifs morts en Tunisie, il y eut 167 Juifs qui furent envoyés dans les camps nde la mort, parce qu'ils se trouvaient sur le sol français; lors de la cérémonie dans la crypte, on rappela les noms de la famille Boccara qui avait subi ce triste sort.
La chance de la communauté juive c'est que ces évènements se déroulèrent entre les défaites de Stalingrad et El Alamein, et que la distance géographique était de taille – ce qui explique que les Juifs tunisiens ne subirent pas le sort des Juifs de Salonique.

CLAUDE SITBON

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