Les paroles de sagesse de Habib Bourguiba
Habib Bourguiba a disparu le 6 avril 2000, mais il est toujours là dans nos cœurs. Hommage à un grand homme et un grand leader.
"Toute ma vie, j’ai eu foi dans la suprématie de l’esprit sur la matière"
- “Mon vœu le plus cher est que les musulmans vivent dans une communion des cœurs encore plus étroite, que les dirigeants réalisent entre eux une meilleure compréhension et combattent tous les complexes – d’infériorité ou de supériorité – qui risqueraient de nous précipiter dans une catastrophe, ce que nous pouvons sûrement éviter grâce à un recours incessant à la raison et à l’intelligence.”
- “L’Allemagne ne gagnera pas et ne peut gagner la guerre. L’ordre est donné aux militants d’entrer en relation avec les Français gaullistes en vue de conjuguer notre action clandestine. Notre soutien doit être inconditionnel. C’est une question de vie ou de mort pour la Tunisie.”
(08-08-1942)
- "D’une poussière d’individus, d’un magma de tribus, de sous tribus, tous courbés sous le joug de la résignation et du fatalisme, j’ai fait un peuple de citoyens."
(1973)
- "Il ne sera pas facile de remplacer un homme comme moi. Sur le plan sentimental, il y a entre le peuple tunisien et moi quarante ans de vie passés ensemble, de souffrances subies en commun, ce qui n’existera pas avec celui qui viendra après moi."
(1972)
- "Le théâtre est le témoin de la naissance de la conscience nationale"
- "Etre réaliste, c'est préférer une réforme modeste, qui en permet une autre, à un miracle impossible."
Commentaires
Bourguiba n'a jamais traité les Tunisiens de "poussière d'individus"! il s'agit là d'une contrevérité que ses adversaires avaient colportée pour nuire à sa réputation! En fait, d'aucuns ont isolé la métaphore de son contexte dans cette intention. Je vous livre dans le commentaire infra le paragraphe duquel est extraite cette expression qu'il a employée dans deux circonstances différentes :
Une première fois, le 23 février 1931, Bourguiba avait employé dans un article paru dans le journal La Voix du Tunisien, pour dire : " Tout traité de protectorat porte en lui son germe de mort, en raison même de son objet, un État ne pouvant être à la fois sujet et souverain. Une évolution inévitable susceptible de se manifester sous deux formes opposées y mettra nécessairement un terme. S'agit-il d'un pays sans vitalité, d'un peuple dégénéré qui décline , réduit à n'être plus qu'une "poussière d'individus" qu'un "ramassis de peuple", c'est la déchéance qui l'attend, c'est l'absorption progressive, l'assimilation, en un mot, la disparition totale et inéluctable. S'agit-il au contraire d'un peuple sain, vigoureux, que les compétitions internationales ou une crise momentanée ont forcées d'accepter la tutelle d'un État fort, la situation nécessairement inférieure qui lui est faite, le contact d'une civilisation plus avancée, détermine en lui une réaction salutaire : sous l'aiguillon de la nécessité qui se confond en l'espèce avec l'instinct de conservation, il entre résolument dans la voie du progrès, il brûle les étapes, une véritable régénération se produit en lui, et grâce à une judicieuse assimilation des principes et des méthodes de cette civilisation, il arrivera fatalement à réaliser, par étapes, son émancipation définitive. L'avenir dira si le peuple tunisien appartient à l'une ou l'autre catégorie."
Une deuxième fois, dans un autre discours : "D'une poussière d'individus, d'un magma de tribus et de sous tribus tous courbés sous le joug de la résignation et du fatalisme j'ai fait un peuple de citoyens. OIT Juin 1973 Genève
En réalité pour salir la mémoire de Bourguiba ses détracteurs ont omis délibérément d'ajouter les guillemets à l'expression "une poussière d'individus" pour lui en attribuer la paternité ! Alors qu'en fait, il reprend les termes employés par un colonialiste connu pour son arabophobie et pour son mépris pour les colonisés tunisiens! Il s'agit en l'occurrence de Victor De Carnières, arabophobe notoire. Cette expression est attibuée à Isocrate et a été également reprise par Bertolon . Par conséquent en employant cette périphrase, Bourguiba dénonce le mépris et le dédain clairement affichés par De Carnières!
Sihem Bouzgarou-Ben Ghachem
Tunis le 31/01/2016
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