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Marc Fiorentino, le camelot de la finance

 

Marc Fiorentino, le camelot de la finance

Par Corinne Scemama

 

Ancien trader, ex-banquier d'affaires, Marc Fiorentino s'est reconverti en auteur à succès. Le voilà qui dispense ses conseils sur l'immobilier. En franc-tireur toujours très médiatique.

Sam Ventura est fatigué. Le golden boy déchu, mais acharné à regagner sa fortune, l'ex-roi des salles de marché de New York, a du vague à l'âme. Ou est-ce plutôt Marc Fiorentino, "père" de ce héros intrépide décrit dans Un trader ne meurt jamais (1) - et sa copie conforme - qui a perdu sa niaque, pourtant si longtemps chevillée au corps ? Toujours est-il que le patron d'EuroLand Finance, réputé pour ses jugements à l'emporte-pièce égratignant sans ménagement les acteurs du monde des affaires, jure avoir déposé les armes. "Jouer les dons quichottes, c'est fini", clame-t-il. Aujourd'hui, à 52 ans, l'ancien aventurier de la haute finance, "terriblement intuitif et doté d'une intelligence au laser", s'emballe un ami, a préféré se reconvertir dans le conseil et... l'édition. Avec succès. Après avoir écrit Sauvez votre argent ! en 2011 (éd. Robert Laffont, 110 000 exemplaires vendus !), il vient de publier un nouvel opus à l'usage des épargnants, intitulé Immobiliez-vous ! (2).

Comme à son habitude, ce juif tunisien au caractère entier ne fait pas dans la demi-mesure. "En période de crise, les Français veulent des réponses tranchées. Moi, je me mouille et j'adore ça." Se mouiller ? Ses conseils sont le plus souvent de simple bon sens. Faut-il acheter pour louer ? Non, assène-t-il, avec à peine quelques nuances. Faut-il investir dans les résidences de tourisme ? Bof. Dans l'hébergement pour personnes âgées dépendantes ? Double bof. Y a-t-il une bulle ? Oui. Et tant pis pour les professionnels du secteur qui risquent de crier à la caricature et de s'attaquer à ce franc-tireur animé, assure-t-il, par "un devoir de vérité".

Ces critiques prévisibles ne suscitent que mépris chez Marc Fiorentino. La polémique, ce Rastignac des marchés connaît bien. Millionnaire à 26 ans, le diplômé d'HEC, issu d'une famille modeste, s'est toujours battu contre l'establishment. Révolté, il "exècre cette élite consensuelle incestueuse". Qui le lui rend bien. A force de dénoncer le système sans mâcher ses mots, Fiorentino est, de son propre aveu, "détesté". "Je me suis fait démolir. Surtout par les banques, de loin les plus virulentes", confie-t-il. L'antagonisme remonte à loin. En 1987, jeune trader, avec son bagou et sa franchise parfois brutale, il avait annoncé le krach avant tout le monde, publiant des analyses pleines d'humour et de justesse concernant la situation.

"J'ai toujours raison", dit-il, un rien crâne

Jeune homme pressé et médiatisé, un rien bling-bling avec son cigare, son bel appartement et son goût pour les palaces, il poursuit sa brillante carrière, continuant à s'enrichir - il n'a aucun scrupule à avouer son amour pour l'argent - tout en essayant, soutient-il, de "faire bouger les choses". Non sans avoir connu des déconvenues. Ainsi, l'incursion de cet ambitieux dans la restauration s'est soldée par un échec cuisant. Tout comme certains investissements trop spéculatifs qui l'ont mis sur la paille. Sans jamais toutefois aller jusqu'à douter de lui. "J'ai toujours raison, mais j'ai parfois un problème de timing", dit-il, un rien crâne.

Aujourd'hui, à la tête de sa société de conseil, le quinquagénaire, adepte du full-contact, affirme vouloir mener une vie tranquille. Sans regrets : "J'ai vécu en vingt ans ce que vit le commun des mortels en cinquante ans. A présent, j'aspire au calme." Peut-on le croire ? Il suffit d'un rien pour que ce fan de films d'action américains, confortablement installé dans son bureau de l'avenue George-V, avoue qu'il reste passionné par la macroéconomie et accro aux loopings de la Bourse. "Au point de me réveiller encore la nuit", reconnaît-il, volubile. Un trader ne meurt jamais.

(1) Robert Laffont, 2009.

(2) Robert Laffont, 2012.   

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