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Paradis pour retraités

 

Paradis pour retraités

 

Ils en ont fini avec le travail et décident de s’offrir une seconde vie au soleil, dans un paysage exotique. Les seniors migrateurs sont de plus en plus nombreux. par Catherine BELIN

 

L e paradis directement après la retraite ? De plus en plus de Français font le grand saut et se retrouvent sur le sable blanc, à l’ombre des palmiers, savourant leur nouvelle vie. L’île Maurice, le Maroc, la Thaïlande… Ils y vivent comme des nababs, même avec des pensions modestes. En Tunisie, ils ont pu acquérir une villa pour 30 000 euros, bénéficier d’un abattement fiscal de l’ordre de 80 %, s’offrir les services d’une cuisinière ou d’un jardinier pour 200 euros par mois. Et profiter des vols low cost pour revenir régulièrement faire admirer leur bronzage à leurs petits-enfants.

Cette émigration des seniors est un phénomène qui s’amplifie dans tous les pays occidentaux. En cinq ans, la Caisse des Français de l’étranger, qui offre une couverture sociale à ces expatriés, a vu le nombre de ses adhérents seniors progresser de 21 % et rajeunir de deux ans. La tendance est même plus ancienne en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Les nouvelles technologies de communication et les transports aériens à bas prix accélèrent le mouvement.

Paul Delahoutre, qui anime le site retraite-etranger.fr, confirme cette évolution et prépare actuellement différents guides pratiques à l’usage des candidats au départ. Il envisage même d’établir un palmarès des "paradis de retraites". « Il y aura bien entendu en premier lieu le Maroc et la Tunisie, qui représentent un bon compromis pour les Français. Climat agréable, infrastructures sanitaires correctes, coût de la vie avantageux, proximité géographique, liens historiques et culturels. Le printemps arabe a provoqué une situation d’attente chez ceux qui envisageaient de s’installer là-bas. Mais moi je pense que dans quelque temps, ça va se développer ànouveau. D’autant que ce sont des pays qui travaillent beaucoup à ce type d’accueil. » Les résidences et maisons de retraite médicalisées fleurissent en effet à Djerba ou à Agadir, à des tarifs défiant la concurrence française.

Tout quitter ? Pas complètement. Une étude Ipsos récente indique que les trois quarts des retraités qui envisagent de quitter la France ne sont pas prêts à s’installer définitivement dans un autre pays. Ils ne passeraient que quelques mois par an dans leur retraite ensoleillée, ou bien quelques années entières avant de revenir vieillir auprès de leur famille. Car voilà le frein le plus puissant à ce type de projet : la perte du réseau familial, avant même l’état du système de soins, l’éloignement des amis ou les différences culturelles.

Ils chantent tous « J’veux du soleil ! », mais ceux qui donnent le plus de la voix sont les jeunes retraités du Nord (Est et Ouest) de la France. Les fonctionnaires lorgnent du côté des Dom-Tom, où ils voient leur pension revalorisée. Beaucoup tiennent cependant compte de la distance, aussi s’informent-ils sur les pays du bassin méditerranéen.

Ceux qui choisissent de décrocher complètement peuvent rejoindre la communauté française de Thaïlande. Le consulat estime que 88,5 % des retraités français en Thaïlande sont des hommes. Ils viennent ici chercher la douceur de vivre et les prostituées. Mais pas seulement : la qualité de vie est jugée ici « supérieure à l’Europe », les infrastructures et le service médical, très à la pointe des nouvelles technologies. D’autres tentent l’aventure en Amérique du Sud ou au Mexique. Mais plus simplement en Bulgarie ou à Chypre, des destinations méconnues et très intéressantes économiquement, selon le site retraite-etranger.fr.

Attention, prévient Paul Delahoutre qui a lui-même beaucoup vécu à l’étranger, « la plupart des gens qui quittent leur pays passent par une phase de lune de miel, durant laquelle tout ce qui est différent est captivant. Cette phase est suivie par une délicate période d’ajustement ». Il raconte les artisans qui ne viennent pas, l’électricité coupée, la famille trop éloignée, la nourriture trop exotique, le marchandage comme rituel social… Il livre quelques conseils précieux : se faire des amis sur place, apprendre la langue du pays, s’impliquer dans la communauté, le quartier, les associations locales.

Et, surtout, « accepter que ce qui est normal dans votre pays d’accueil n’ait rien à voir avec ce qui est considéré comme normal en France ». Jusqu’au moment où « retourner à la maison n’a plus de sens pour vous car votre nouvelle maison est située là où vous êtes maintenant ancré ». C’est le signe que l’on est prêt à rester vivre dans sa région d’adoption.
par Catherine BELIN

 

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