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Quand l'Amérique s'alarme du racisme en France

Quand l'Amérique s'alarme du racisme en France

 

 

Le Département d'Etat américain a publié, comme chaque année, son rapport sur les droits de l'Homme dans le monde. Concernant la France et 2015, il s'alarme notamment d'incidents antisémites et Anti-Musulmans. L'alarme est justifiée mais le contexte mérite un éclairage.

Trop d'actes ou propos Anti-Musulmans ont été observés en 2015. Plus de 281% d'augmentation. Soit environ 400 actes ou propos. Pour l'essentiel des injures, des menaces ou des graffitis contre des Mosquées.

Nous sommes loin d'avoir connu la flambée de violence qui a suivi le 11 septembre aux Etats-Unis, où des commerçants musulmans, parfois des indiens ou des Sikh confondus avec des musulmans à cause de leurs turbans, ont été attaqués. Certains ont même été abattus.

En France le racisme existe aussi, mais la réponse aux attentats a surtout été de défiler sous des slogans fraternels. Si l'on en croit l'enquête du très sérieux Pew Institute, la France est même le pays d'Europe où les musulmans sont les mieux considérés en 2015. Plus qu'en Angleterre ou en Allemagne. Alors que nous sommes bien plus touchés.

Mais surtout, en période calme, hors attentat, les actes et propos Anti-Musulmans baissent. Fortement même. - 82% au premier semestre 2016. Ce n'est pas le cas des actes anti-Juifs.

Deux fois plus d'incidents anti-Juifs qu'Anti-Musulmans

Les incidents anti-Juifs restent deux fois plus élevés que les actes ou propos Anti-Musulmans. 800 contre 400. Même en période d'attentats. C'est à dire même lorsque des terroristes tuent des Juifs au nom de l'Islam...

Quand on parle d'actes ou de propos anti-Juifs, on ne parle pas simplement d'injures ou de graffitis, mais d'attaques au hachoir en pleine rue, d'agressions ayant pour but de tuer, d'attentats à la kalachnikov.

Ce rappel est important. Non pas pour mettre en concurrence les victimes de racisme. Mais parce nous vivons dans une époque où des extrémistes expliquent à de jeunes musulmans de France qu'ils sont plus persécutés que les Juifs pour les radicaliser et les persuader de tuer des Juifs.

Ce n'est pas rien comme contexte. Cela mériterait un peu de responsabilité de la part des acteurs du débat public. Pourtant, plus les attentats saignent notre pays, plus fleurit une passion déraisonnable pour les propagandes victimaires et incendiaires.

Irresponsabilités partagées

Il y a l'irresponsabilité de journalistes qui, au lieu de citer les chiffres officiels des agressions racistes, relaient les chiffres délibérément trompeurs du Collectif contre l'islamophobie. Proche d'imams salafistes, le CCIF considère comme islamophobes des propos laïcs contre l'intégrisme ou les mesures d'éloignement d'imams radicaux.

Il y a ceux qui ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre la différence entre mettre une kippa de "solidarité", qui n'est pas un signe sexiste, parce qu'un juif vient de se faire attaquer au hachoir. Et le fait d'organiser un "Hijab Day" à Sciences Po. Alors que le voile est autorisé à l'université, que des tyrans en ont fait leur emblème et que des femmes meurent ou sont battues pour ne pas le porter. Bien que très médiatisée, l'initiative lancée par une étudiante encartée chez Les Républicains, a fait un flop.

En revanche, ça y est, il existe une commission "islamophobie" place de la République. On y retrouve les acteurs habituels de la propagande victimaire à haut risque. Mobilisés pour accréditer l'idée d'un "racisme d'Etat", alors qu'il s'agit d'un racisme de société, combattu par nos lois.

Au chapitre de l'irresponsabilité, le Département d'Etat américain a peut-être aussi un examen de conscience à faire. Dans ce rapport, il consacre un large part de son chapitre "liberté d'opinion et de presse" à traiter des condamnations de l'ancien humoriste Dieudonné. Au nom d'une vision anglo-saxonne de la liberté d'expression, il défend la liberté d'inciter à la haine. Ce qui revient à tacler la France parce qu'elle tente de sanctionner le racisme.

Malentendus et guerre culturelle

Ces divergences de vue sont liées à nos histoires et à nos modèles, très différents en matière de laïcité et l'égalité. Lorsque la principale menace vient du radicalisme religieux ou sectaire, on ne se comprend plus.

C'est le cas au sujet de la lois anti-sectes de 2001 ou de la loi de mars 2004 sur les signes religieux à l'école publique. Des mesures prises pour protéger l'émancipation et l'égalité. Que le Département d'Etat américain, lui, voit comme des violations terribles de la liberté religieuse.

Ce ne serait pas si grave si le Soft power Américain n'encourageait pas nos jeunes à le voir ainsi. A travers ses programmes de "Young leaders" ou de "community organizing", destinés à l'élite ou structurer la jeunesse sur un mode communautaire, notamment en banlieue, sous prétexte de prendre le pouvoir contre les discriminations. Ce qui est sans doute très positif aux Etats-Unis pour compenser l'absence d'Etat providence l'est beaucoup moins en France, où le principal danger reste de voir le tissu citoyen se fracturer en communautés montées les unes contre les autres.

Ce qu'encouragent indirectement ces programmes, par lesquels sont passés de nombreuses figures militantes émergeant dans le débat public pour nous expliquer que la laïcité française est "islamophobe" et que la France est intolérante envers ses minorités. Contrairement aux Etats-Unis.

Un pays où des policiers tirent très régulièrement sur des citoyens Noirs de dos et où Donald Trump fait un tabac en promettant d'interdire l'entrée aux Musulmans. Ce que même Marine Le Pen n'a jamais osé.

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