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Tunisie : une transition à l’image d’une révolution de carte postale

 

Tunisie : une transition à l'image d'une révolution de carte postale

Par Hala Kodmani 

 

(De Tunis) L'agitation post-révolutionnaire qui énerve et inquiète les Tunisiens au quotidien parait bien bénigne. Les signes positifs de la métamorphose du pays en cet été de transition démocratique sont pourtant visibles et si enviables en comparaison avec les douloureuses péripéties des autres révolutions arabes en cours.

Quand on leur fait remarquer combien ils ont de chance par rapport aux Libyens, aux Syriens et même aux Egyptiens, les pionniers du printemps arabe cessent de se plaindre. « Oh que c'est dur pour eux les pauvres ! », se reprennent-ils avec émotion et compassion pour ce qu'endurent ceux qui ont voulu suivre leur exemple.

Ils auraient préféré bien sûr voir Ben Ali et sa bande comparaitre devant les juges comme Moubarak et ses fils, au lieu qu'il soit condamné par contumace. Ils enragent de ne pas le tenir d'autant qu'ils continuent de découvrir l'étendue des dégâts causés par son régime, son système, sa mafia.

« Je ne peux oublier les images des piles de billets de 500 euros dans les coffres du palais de Carthage ! raconte Nabil, photographe à Zarzis. Je rentrais ce jour là avec une rage de dents terrible et j'étais
passé à la pharmacie pour acheter une plaquette de Doliprane.

J'ai été tellement sonné par le spectacle à la télé, que quand ma femme m'a demandé pourquoi j'avais un médicament à la main, je lui ai dit que j'avais une douleur mais qu'elle venait de passer ! Je m'étais mis à calculer combien de familles en difficulté auraient pu vivre avec toutes ces sommes volées. »

 

Des touristes en majorité Tunisiens, c'est révolutionnaire

Le marasme économique est en effet la première source de mécontentement et d'angoisse dans la Tunisie post-révolutionnaire où le taux de chômage continue de grimper et les mouvements sociaux se multiplier. La chute de la fréquentation touristique est ravageuse sur les côtes même si les émigrés, revenus d'Europe pour les vacances ont su profiter des tarifs préférentiels pour aller à l'hôtel.

La quasi absence des Allemands et des Italiens à Tabarka n'a pas empêché de servir des bouteilles de bière par dizaines dans les cafés le long du port, à la veille du Ramadan. Que les touristes soient en majorité des Tunisiens, est révolutionnaire en soi ! D'autant que ces vacanciers se préoccupent des affaires du pays. Les discussions politiques animées sur les terrasses rappellent combien la parole a été libérée en l'absence de surveillance.

« Ça va aller ! » assurent et se rassurent les Tunisiens

« Ce qu'on a perdu sur le plan économique est largement compensé par les gains démocratiques », rappelle Fadhel Moussa, doyen de la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis. Ce vieux militant pour la démocratie qui pratique au quotidien les difficultés de la transition, mesure la grande responsabilité des Tunisiens de relever le défi mais reste confiant.

La « dégage attitude » continue de se manifester chez beaucoup de gens mais la majorité comprend que la chute du régime Ben Ali marquait le début et non l'aboutissement de la révolution.

Quand on leur fait remarquer que l'agitation qu'ils vivent est normale compte tenu du bouleversement, beaucoup de Tunisiens assurent et se rassurent : « Oui, ça va aller ! »

 

Rue89

http://www.rue89.com/neo-arabia/2011/08/17/tunisie-une-transition-a-l-im...

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