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Une fois c’t’un Juif...

Une fois c’t’un Juif...

 

 

 

 

 «Si je dégomme un journaliste juif, ce sera grave, là on rouvre le procès de Nuremberg. On va même déterrer Ilan Halimi. Et ils vont retrouver mon ADN dans son trou du cul». – Dieudonné, dans son spectacle La bête immonde.

«La parole est pire qu’une arme». – Ruth Halimi, mère d’Ilan.

J’ai une histoire à vous raconter. Celle du jeune français Ilan Halimi.

Il y a dix ans, Ilan Halimi a été enlevé et torturé pendant 24 jours par un gang composé tant de jeunes Français de souche que de jeunes issus de l’immigration, autobaptisé «le gang des barbares», et dirigé par un caïd franco-ivoirien sadique, Youssouf Fofana.

Ilan Halimi avait 23 ans quand il a été trouvé agonisant près d’une voie ferrée, le corps couvert de brûlures, d’ecchymoses et de plaies ouvertes.

Il est mort.

Le gang avait choisi Halimi parce qu’il était riche, pardon Juif. Cela a été clairement établi au procès. Les accusés croyaient que tous les Juifs étaient riches et espéraient se partager une rançon de 450 000 euros sans trop d’efforts.

Or, manque de pot, Ilan Halimi vendait des téléphones cellulaires et gagnait 20 000 $ par année. Sa mère, monoparentale, était secrétaire. Comme l’immense majorité des Français, juifs ou pas, il n’était pas riche.

La jeune femme qui a servi d’appât pour kidnapper Ilan Halimi a dit ceci aux enquêteurs: «D’après lui (le chef de gang), les Juifs étaient les rois car ils bouffaient l’argent de l’État et lui, comme il était noir, était considéré comme un esclave par l’État». (Tiens, tiens, je connais un humoriste récemment refoulé qui associe constamment Juifs et esclavage.)

Oui, les blagues construites sur des stéréotypes raciaux, ou autres, peuvent faire du tort si on les répète assez souvent, devant assez de personnes.

Ne faisons pas l’autruche, dans le sketch banni de Guy Nantel et de Mike Ward, c’est le gag* qui perpétue le stéréotype des Juifs amoureux de l’argent qui passe mal. Il s’agit aussi d’un gag très méprisant envers les femmes.

Il y a des groupes identifiables «à risque» de violence liée à l’identité: les femmes, les Premières Nations, les Juifs, les homosexuels, les trans, les Arabes, les Roms, les chrétiens dans plusieurs pays musulmans... Un gag construit sur le stéréotype des Autochtones et de l’alcoolisme ou sur les pratiques sexuelles des gais n’aurait pas été accepté par les assureurs du Gala des Oliviers non plus. Ni par le grand public.

Dans un club d’humour? Pendant le Nasty Show du festival Just for laughs? Au théâtre St-Denis? Sur un DVD? So what?

Pas à la télévision d’État à 20 h.

 

* «Pourquoi les Juifs achètent des stérilets en or à leurs femmes? Parce qu’ils rentrent dans leur argent».

Source

 

 

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