Cheikh El Afrit - Kif Konti Sghira
Né dans le quartier juif de Tunis, son père Sallem Rozio est d'origine marocaine — il vient du village de Mghira près d'Agadir — et sa mère Story Khalfon est d'origine libyenne1. Lorsque son père regagne le Maroc, sa mère reste à Tunis avec la charge supplémentaire de deux garçons et une fille nés de deux précédents mariages. De retour à Tunis, son père veut ramener son fils au Maroc mais ce dernier, qui a alors cinq ans, préfère rester avec sa mère dans le besoin1.
Ne fréquentant jamais l'école, il vend les pâtisseries au miel préparées par sa mère à travers les ruelles du quartier juif pour aider à nourrir sa famille même si le maigre pécule qu'il ramène ne suffit guère2. Aussi loue-t-il ses bras, comme d'autres enfants, pour moudre du café au pilon de bois dans une petite fabrique de torréfaction
Grâce à sa mère, il apprend à chanter puis participe aux chorales des synagogues1. D'anciens artistes juifs lui font partager leur savoir, ce qui permet au jeune Issim de se produire dans les concerts et galas publics et privés où il connaît le succès, notamment grâce à son interprétation de chansons tunisiennes aux paroles coquines1. Pour se donner du cœur à l'ouvrage sur son lieu de travail, il fredonne des mélodies et sa voix force l'admiration de ses compagnons1 qui le surnomment affectueusement El Afrit (« Le Démon »)2, non dans le sens maléfique du terme mais dans celui de l'excellence dans son domaine, autrement dit « Le Génie », mot qui vient de djinn qui est un synonyme de afrit.