Tenir, ce pléonasme juif, par Vanessa De Loya Stauber

Tenir, ce pléonasme juif

 

Résister à la torpeur issue de la débacle abattue sur le pays n’est plus un choix mais une hygiène de survie. Chaque Israëlien se voit agité dans son sommeil, ralenti dans sa façon d’émerger à la clarté du jour. Il nous est arrivé quelque chose de terrible qui n’a de cesse de nous torpiller.

Comment gérer notre exemption ? Epargnés, bénis par accident ou par élection ? A cet arbitraire nous devons suppléer par des preuves d’altérité et de bienveillance. Veiller à ce que notre proche ou voisin ne défaille pas.

Embués mais opérationnels, envoyer aux soldats nos pensées matérialisées par des mets concoctés avec amour et des achats ciblés. Animés par une attention : leur éviter d’être transi de froid et de faim. Orchestrer des barbecues dans des casernes militaires est courant. Gâterie vivifiante pour ces vaillants qui font office de remparts.

De ce bouleversement, résulte un phénomène social perceptible : une prolifération de minorités actives. Levinas ce visionnaire savait combien il est difficile de continuer son chemin, indifférent, une fois rencontré le visage d’un être démuni .Cette responsabilité collective nous l’expérimentons sans répit.

Pour avoir été témoin de la défiguration de notre pays, nous oeuvrons ensemble à sa restauration mentale physique et géographique. Des arbres ont été plantés rapidement dans les kibbutzim ravagés. Du résidu naît le nouveau germe disait le prophète Elie. Sans relache, propulsés in situ, alertes. Ne pas perdre de vue les plus vulnérables, les meurtris devenus pénélopes malgré eux.

Parents d’otages devenus errants, manifestants étourdis, humains flottants suite aux nuits blanches. Divisés entre la poursuite des meneurs du hamas qui nous piègent effrontément ou mettre un terme à cette escalade et capituler. Dilemme déchirant .

Les otages devenus nos épées de damoclès surplombent et ombragent notre sérénité. Point de relachement. Explorer, toutes les hypothèses sans réussir encore à nous extraire de cette impasse.

Ultime anxieté. Nos maîtres chanteurs n’ont de cesse de faire des propositions exhorbitantes. Lourde rançon. Impossible tractation où l’alibi pervers est lisible : nous déstabiliser psychologiquement.

Pauvres otages sacrifiés qui périssent dans la moisissure des tunnels humides et insalubres. Dans quelles conditions allons nous les accueillir..
Une fois démasqués les stratagèmes de nos ennemis, traçons l’avenue de notre survie.

3 semaines après la guerre, j’ai mis un point d’honneur à maintenir un évènement voué à être annulé. En guise de résistance et pour ne pas succomber à la frayeur, maintenu une Biennale au Théatre de Jerusalem. L’art comme signe de palpitation de vie contre toute terreur annihilante.

Ce 10 Juin, il m’importe d’orchestrer une vente aux enchères au profit des handicapés, veuves, orphelins de guerre ; des désoeuvrés, déstabilisés affectivement et pécuniairement. Etant commissaire d’exposition, mes visites d’ateliers m’ont amenée à faire de belles rencontres. Une partie de ma collection privée sera exposée, étoffée de tableaux d’artistes locaux et étrangers qui se joignent au projet généreusement.

Vous êtes invités au Musée de la musique Kikar Musica à Jérusalem au nom de cette action ciblée et soulageante. Un interlude à ne pas se refuser en ces temps de turpitude et un baume à offrir aux plus heurtés.

 

Vanessa De Loya Stauber, psychanalyste.

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54 years 9 months
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Très beau texte plein d émotion et de clairvoyance en dépit du chantage exercé par le Hamas 

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