Engagés et appelés dans les armées alliées après la libération de la Tunisie en Mai 1943

par Renato V. Bensasson avec la collaboration de Sylvain Smadja, René Pariente, André Attal, Lionel Levy, Jacqueline et Caroline de Peyster, Josette Lumbroso, Georgette Taïeb-Brull, André Koskas, Claudia Enrichetta Koskas-Lumbroso, Lucie Krief-Raccah, Jean et Eliane Ganem, Claude Benmussa, Pierre Fiorentino, Jean Touitou, Muriel Rosé, Raphaël Bembaron, Guy Debbasch

Les lignes qui suivent essaient de reconstruire le souvenir de quelques fragments d’une jeunesse qui vécut la seconde guerre mondiale en Tunisie et s’engagea dans les armées alliées après la libération de la Tunisie en mai 1943.

Après l’armistice de Juin 1940 et jusqu’à la reddition des troupes allemandes et italiennes en Tunisie, ouvertement ou dans la clandestinité, de jeunes juifs tunisiens agirent en frondeurs contre les autorités civiles et militaires, dans la vie civile, dans leurs lycées et collèges, dans les Chantiers de Jeunesse, et pendant l’occupation allemande dans les camps de travailleurs forcés mis à la disposition de la Wehrmacht sur les lignes du front et au port de Bizerte. Certains furent emprisonnés, torturés et condamnés à de lourdes peines de prison.

La liste de ces jeunes résistants et résistantes est très longue. Certains de leurs noms apparaissent en particulier dans "Communistes de Tunisie 1939-1943" de Paul Sebag L’Harmattan, Paris, 2001; Italiani e antifascisti in Tunisia negli anni trenta, a cura di Lucia Valenzi, Liguori Editore, Napoli, 2088 ; Mabruk. Ricordi di un'inguaribile ottimista, AM&D edizioni, 2005 par Nadia Gallico Spano ; "Utopie perdute" de Ferruccio Bensasson, Aracne Editrice 2008,

• Deux anecdotes méritent d’être citées comme exemples du goût du défi et de l’ironie audacieuse et parfois inconsciente chez ces jeunes juifs tunisiens. La première anecdote se passe en 1941 à un Chantier de Jeunesse d’Aïn Draham composé exclusivement de juifs. En fin de stage, un défilé de chefs d’équipe de ce Chantier de Jeunesse devait avoir lieu devant la commission franco-allemande d’armistice. La coutûme était de défiler en entonnant un chant composé pour l’occasion. Gigi Halfon, mélomane averti chargé de composer cette mélodie finale, enseigna à ses camarades un chant soviétique. Fort heureusement, lors du défilé, Allemands et Français de la Commission d’Armistice n’y virent que du feu. La seconde anecdote se passe dans une caserne de Bizerte où étaient regroupés sous l’autorité de soldats allemands des travailleurs juifs tunisiens, chargés de creuser des tranchées et de décharger des bateaux, une caserne où des violences et parfois des assassinats furent commis par des militaires allemands. Un soir, ces jeunes tunisiens portèrent leur gardien en triomphe le lançant au dessus de leurs têtes aux cris de "Maboul, Maboul". Irrité par ces familiarités entre soldats allemands et travailleurs juifs, un officier mit ce camp sous la direction de troupes SS.

Ce remplacement des soldats de la Wehrmacht par des SS n’eut pas le résultat escompté. En effet un soir peu après l’arrivée des SS, Tullio Attias, chargé du ravitaillement à l’aide d’un véhicule à chevaux arriva avec une jeune danseuse orientale recrutée à Tunis accompagnée par tout son orchestre, et organisa un spectacle qui enthousiasma les gardiens SS…..

Après la libération de la Tunisie en mai 43, c’est avec des armes que de très nombreux jeunes, volontaires ou conscrits, de toutes origines, tunisiens, français, italiens, maltais……désirèrent se battre contre les armées de l’Axe et contribuer à libérer la France et l’Europe du fascisme et du nazisme.

 

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Mon père André dit Bébé, né en 1923, avait cherché à s'engager dans l'armée de Leclerc. Mais, il existait un quota de juifs qui était atteint. Mon père fit donc la guerre dans l'armée de Lattre et participa au débarquement en Provence puis à la campagne d'Allemagne.

Hélène Guillau

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