Léo Nardus et la Tunisie
Léo Nardus (1868-1955), peintre et aquarelliste hollandais, fut marchand d'art à Paris et collectionneur ; Il vécut de 1920 à sa mort en Tunisie ; Son importante collection laissée aux Pays-Bas fut saisie par les nazis en 1943 La vente fut organisée au profit de la Croix-Rouge française et belge et permit l'acquisition d'une ambulance qui fut baptisée Léo Nardus
En 1921, son divorce enfin terminé, Nardus décide de s’installer définitivement en Tunisie ; ce sera à la Marsa, cité balnéaire de la banlieue de Tunis ou il peint, entre autres, des bedouines. Il fait construire un palais en marbre rose qui sera démoli en 1991. Avant de quitter l’Europe, Nardus confie sa collection d’œuvres d’art à son ami Arnold van Buuren pour la protéger du climat d'Afrique du Nord.
Nardus est hollandais. Les racines de son art plongent profondément dans la tradition hollandaise. Il est évidemment l’héritier de ces grands peintres, mais il reste le « peintre robuste » selon l’épithète de M. Anunzio.
La qualité maîtresse de son art est une absolue sincérité ; il peint pour lui-même, sans aucune concession.
La peinture est vigoureuse, d’une somptuosité toute intérieure. Ses toiles avec leurs grands pans de couleurs sont parfaitement construites et équilibrées.
Avant tout, Léo Nardus est un peintre de caractère. Quelle grandeur tragique dans son aveugle arabe ou dans ce fou au regard hallucinant ! Quel réalisme puissant ! La flamme dévorante du Greco brûle dans ce rabbin et dans les yeux de ses bédouines se reflète toute la nostalgie, et tout le fatalisme de la condition humaine.
Ses portraits brossés à larges traits sont des monuments psychologiques, provoquant parfois une impression de malaise et de pudeur.
Les modèles choisis sont parfois modestes, voire miséreux, mais il parvient à leur donner une incontestable grandeur et, comme tous les grands artistes, il ennoblit son sujet.
Les natures mortes puisent leurs lettres de noblesses en Hollande, Nardus en maîtrise parfaitement la technique. Comme Cézanne ou Van Gogh, il en revisitera les fondamentaux.
Il va mettre en scène les fruits, légumes ou fleurs, il utilisera abondamment la couleur, la lumière, la transparence sur un fond souvent gris clair léché où l’objet se détache comme si le tableau était en trois dimensions.
Dans ses autoportraits au fusain presque monochrome, Nardus fait preuve d’une économie de moyens remarquable, où il n’utilise qu’une touche blanche pour indiquer la profondeur de son regard et son anxiété.