Islamophobie : le procès honteux fait à Georges Bensoussan

Martine Gozlan

L'historien est accusé d'incitation à la haine raciale pour avoir évoqué l'antisémitisme arabe... en citant un sociologue d'origine algérienne ! Le Collectif contre l'islamophobie en France le poursuit en justice.

L'historien Georges Bensoussan est responsable éditorial du Mémorial de la Shoah. - BALTEL/SIPA

Un procès tristement symbolique s'ouvre le 25 janvier à Paris. Sur dénonciation du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), l'historien Georges Bensoussan, responsable éditorial du Mémorial de la Shoah, comparaît devant la 17e chambre correctionnelle. L'affaire remonte à octobre 2015. Au cours de l'émission «Répliques», proposée sur France Culture par Alain Finkielkraut, Bensoussan cite le sociologue français d'origine algérienne Smaïn Laacher, qui évoque dans les familles arabes «un antisémitisme quasi naturellement déposé sur la langue». Il use d'une métaphore sur l'antisémitisme «tété avec le lait de la mère» qui résume le diagnostic cruel et courageux de Laacher sur sa propre société.

Aussitôt, une vingtaine de pétitionnaires adressent une lettre de protestation au CSA. Parallèlement, le Mrap déclare «vouloir faire citer Georges Bensoussan devant le tribunal correctionnel pour injures racistes et provocation à la haine» tandis que les sites Palestine Solidarité et oumma.com se déchaînent à leur tour. Sous la plume de Jacques-Marie Bourget, dans Oumma, on peut lire notamment, après une série d'insultes contre Finkielkraut et Bensoussan : «Si personne ne vient crier halte à la haine, armons-nous et préparons dès maintenant la guerre civile.»

Apparemment, cet appel belliqueux ne semble guère choquer. Comme d'habitude, c'est la description du réel, faite par Laacher, et reprise par Bensoussan, qui enrage les vigiles de la pseudo-«islamophobie». En mars 2016, le Collectif contre l'islamophobie en France dénonce au procureur de la République les propos de l'historien. Ce dernier est convoqué et entendu à deux reprises l'été dernier par la police judiciaire. Le parquet a le choix de donner suite ou non. Il décide de poursuivre, décision extrêmement lourde de sens pour Georges Bensoussan et ceux qui le soutiennent, d'Elisabeth Badinter à Marceline Loridan Ivens, en passant par Haïm Korsia, le grand rabbin de France, la démographe Michèle Tribalat ou l'écrivain Pascal Bruckner, lui-même traîné en justice en novembre dernier par les Indigènes de la République.

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