Paris le 23/09/2008.
MES SLIH’OTS ET MES PARDONS.
Je parcours toujours la rubrique Accueil dans l’espoir de tomber sur des anecdotes ou des textes inédits qui m’inspirent. Fouiner et chiner dans les rubriques apportent de l’eau à mon moulin à vent.
Hier matin, je découvre une nouvelle fois mon ami BRAHAM dans Slih’ots.
Une histoire assez drôle qui me ramène des années bien en arrière.
Dans les années1960, je travaillais au journal la Presse de Tunisie comme scribouillard, dans un bureau que je partageais avec le chef comptable Monsieur Meimoun, Monsieur Tubiana André, et puis Monsieur Saragosti. Caissier de son état. Un homme d’un certain âge, chauve mais poilu des phalanges. Légèrement vouté, sa fonction le lui imposait. Un monsieur religieux et aussi très méticuleux dans la tenue de sa caisse, au point que cette obsession faisait de lui un maniaque. Que 20 millimes (0,10 cts) venaient à manquer à sa caisse et le voilà enquêter avec gravité sur ce manquement.
Sa manie me mettait en colère et bien sur, il soupçonnait toute la direction de lui avoir chipé cette somme dérisoire. Cela me révoltait et bien sur à bout de nerfs, je lui lançais à mon grand regret ‘...RabeEEEEq foq ye zebi, tu ne vas pas nous pourrir la vie pour presque rien... ?’
Là, il me rétorquait ‘...Ah ah ne blasphème pas le nom de D ieu... !’
Mon directeur rigolait de cette situation incongrue. Il me disait ‘...Rabou él mitiqa... !’(Quel maniaque... !)
Bref, nous étions à ces yeux tous coupables de la défection de cet argent dans sa caisse.
Cette année là, il me propose de venir avec lui pour jeter les SLIH’OTS à la mer.
Une pratique qui dure depuis la nuit des temps chez nous les juifs.
A 18 ans, je ne comprenais pas le mot SLIH’OT... !’ ‘...Les péchés que l’on jette ... !’ Me dit-il ‘...Comme on se débarrasse une vieille et sale bouteille à la mer... !’
Il me l’explique donc.
Je ne savais qu’à mon jeune et bel âge je pouvais en avoir...
‘...Albert, avant la fin de l’année et le début de l’an nouveau, il faut pardonner et surtout se débarrasser de ces péchés... !’
‘...Mais alors qui va prendre tous ces péchés... ? Les poissons... ?’
‘...Oui, ils vont tous se noyer et servir d’appâts aux poissons... !’
‘...Donc, il y a de fortes chances dans ce cas, que nous consommions des poissons KACHER infectés de péchés... ?’
‘...Ils iront dans les ventres des poissons impurs... !’
‘...Ah génial, donc les poissons Kacher savent par avance qu’il ne faut pas digérer nos péchés juifs... ! Une chance pour nous... !’
Bref, vers les 18 heures avant la tombée de la nuit, je le suis après la sortie du boulot.
Il porte un chapeau et son livre de torah sous les aisselles. J’adore les religieux lorsqu’ils portent sous le bras le livret A de notre religion.
Après un bon quart d’heure de marche, nous arrivons à la hauteur de la station TGM. Départ de Tunis. Il y a un pont qui surplombe l’eau sur laquelle, surnagent à la surface de l’onde, un tas d’excréments, des petits poissons morts, des huiles de moteur etc...
Je m’accote prés de lui et là, il s’appuie sur le parapet et commence sa litanie. Je l’imite.
Un quart d’heure à bredouiller ‘...Slihots... ! SLIHOTS SLIHOTS... !’ Et moi de répéter comme un idiot. ‘...Slihots... ! SLIHOTS SLIHOTS... !’
Puis alliant le geste à la parole, il met sa main dans la poche et ressort son poing fermé.
Il ouvre la paume et lance par-dessus bord ces pèches. Il n’en avait pas beaucoup.
Juste 10 grammes pas plus, sinon il n’aurait pas pu marcher si allégrement.
Moi, je trainais la patte.
Et là un miracle se produit, je vois comme un léger tourbillon se former puis disparaître au lancer des péchés de mon caissier. Cela a duré 10 secondes.
‘...Tu vois Albert, mes péchés ont été engloutis dans ce tourbillon... !’
Bien sur ne voulant pas rester en reste, j’enfouis mes mains dans les poches de mon pantalon et j’en tire une grosse poignée de péchés que je balance par-dessus bord. Au tour de mes poches de veston, et là je sors une énorme masse gluante de SLIHOTS, je rattrape une qui voulait s’enfouir au vol.
Puis, je me baisse pour fouiller mes ourlets de mon pantalon. Le butin de péchés collé à ce dernier fut à la hauteur du résultat. Un container de péchés...Un CARGO BOEING... ’Ah les salauds de péchés, vous avez cru me rouler... ? Et bien voilà votre dû. Et je balance par-dessus le parapet la centaine de tonnes de ‘...SLIHOTS....SLIHOOOOOOOOOOOOOOOOOTS... !’
Je cherche encore, si dés fois, certains n’ont pas échappés à mon inspection. Je fouille le dessus de mon crane et là, un petit groupe de péchés pénards, fumant le narguilé fut pris en flagrant délit de SLIHOOOOOTS.... !’ Ni une ni deux, je sors mon peigne à poux et hop là, tout ce beau monde à l’eau. ENGLOUTIS DANS LA MER D’EGOUT.
Voilà, qu’un écho grandissant se fait entendre.
Monsieur Saragosti fut surpris par ce grand vacarme.
Et là, sous nos yeux, la mer s’ouvre en deux et nous voyons apparaître d’abord un bélier, pour le sacrifice pour AZAZET LE BEAU Comme Albert le BEAU, qui ouvrait la marche accompagné d’une musique de fond. BEIT AVOUN.
Comprenez BETHOVEN.
Ensuite une armée de péchés défilaient derrière le BELIER. Une armée pécheresse qui marchait au pas et en cadence, comme si elle allait à l’abattoir. CLAIRON AU VENT.
ET PLUME AU CUL.
Nous étions mon ami et moi surpris par l’énorme défilé qui ne semblait pas s’arrêter.
Au bout d’une heure, eEEEEEnfin les eaux se refermaient sous nos yeux et tous mes péchés furent noyés.
J’en avais les larmes aux yeux. Mais soulagé et débarrassé par tous ces intrus nocifs qui m’habitaient.
Le Saragosti se retourne et me dit après la mort de tous mes SLIHOTS...
‘...Tu vois Albert, j’ai toujours pensé que tu étais un GRAND MOISE... !’
‘...Et toi une GRANDE MOUISE... ! RABEQ... !’
Je rapportais mon délire à mes amis de bureau et au directeur qui se retenait par respect pour ne point rire
Depuis cela fait 45 ans que je garde mes SLIHOTS avec moi.
Mais cette année, je vais aller sur les berges de la MARNE.
Si vous entendez dans les infos, qu’un cataclysme s’est produit, vous comprendrez d’où cela provient.