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*****SALLE LENA...RECIT LE BILLET DE I A XXXI...LE FILM..Timothée Herbert Harrison...*****

Envoyé par albert 



9-1.
Le BILLET VI.



Un matin, alors qu’il marche aux abords d’un convoi bourré de victimes innocentes, en partance vers les camps d’extermination, Pierre aperçoit un petit billet sorti par la fente d’une porte de wagon. Il jette un rapide coup d’œil à droite et à gauche afin de ne pas être surpris par un collègue délateur ou par un soldat allemand. Il s’empare du précieux billet qu’il dépose au fond de sa gamelle. Or, il sait pertinemment d’après le règlement intérieur de la S.N.C.F que tout ramassage de messages destine à autrui, mettrait sa vie en danger. Mais Pierre, courageux et surtout méprisant envers ses ‘chleus’ comme il les appelle, ose l’impensable. Il continue son chemin discrètement comme si de rien n’était.

Il passe le contrôle des papiers à la sortie de la gare de Drancy sous l’œil de son chef de service Maturin Arnaud qui feint de le fouiller.

Il est en chemin vers sa maison quand il décide d’ouvrir ce fameux billet. Il est adresse à une jeune fille…. Par une dame du nom de Henriette, sa maman, pense t’il.

-‘…Camille, ma chérie, mon trésor,

Papa, moi et tes frères…. Partons pour un long voyage… Je veux que tu sois forte et surtout en bonne santé, ma chérie lorsque nous reviendrions, mais je ne sais pas quand.. ! Dis à tante Victoria de ne pas s’en faire …. …! Henriette…ta maman et tes frères qui t’aiment… !’

Suit une adresse en bas de page…. ‘…18 Rue des Annelets…’

ICI PHOTO DU MESSAGE ECRIT A LA MAIN…..

Et là fini le message. Il est écrit par une main tremblante et mal assurée.

Il est surpris par cette indication qui met en danger de mort cette tante réceptionniste.

Il rentre chez lui et des images viennent le perturber.

Pierre est dégoûté par cette vision d’enfants et de parents pleurants et gesticulants qu’il croise sur les quais au hasard des gares. Il vit durant ses courtes nuits, des cauchemars. Il entend ces cris de femmes et d’enfants, ces hurlements qui l’empêchent de fermer l’œil…..

-‘…MOCHE….. ! OU EST MOCHEEEEE…. ! SARAH….SARAHHHH….. !’

A Suivre...
9-2.

Qui crèvent son sommeil, par delà les planches des wagons à bestiaux. Sa femme Adèle l’apaisait dans ses moments de crise. Pierre se réveillait souvent en sursaut, durant ses moments remplis d’angoisse pour s’assurer que son bébé de deux ans est bien endormi dans son berceau.

Une fois, rassuré, il allumait une cigarette tout en relisant dans sa tête ce fameux message qui le perturbait. Il s’était promis d’aller à la recherche de cette dame Victoria afin lui remettre ce court paragraphe écrit sur du papier quadrillé et plié en quatre.

Aurèlie, la maman avait perdu toutes ses amies. Elle ne sortirait plus de chez elle, tant que ‘…Ses copines ne reviendraient pas …A Belleville… ! ’ A t’elle promis par un jour de grande tristesse à sa bru. Elle tint parole.

Au bout de quelques jours, Pierre succombe à la tentation de se confier à sa femme, Adèle…

-‘…Adèle, cela fait plus de trois semaines que je vis un cauchemar. Tiens, lis ce que j’ai trouvé entre deux interstices d’un wagon… !’

Adèle se saisit du papier et jette un coup d’œil.

-‘…Mais sais-tu que tu risques ta vie Pierre…. ? Et nous avec… !’
-‘…Qu’aurais- tu fais à ma place… ? Le jeter … ???? Le détruire .. ???? L’ignorer…. ????? Détourner la tête face à ces crimes…. ? ??? Tu n’es pas là pour entendre chialer des bébés qui ont l’age d’Edouard ou observer des enfants agrippés aux jupes de leur maman, elles même accrochées au veston de leur mari qui montent sans discontinuer dans ces cercueils… ? Le bruit court qu’ils vont à la mort par delà nos frontières… ! José me la confirmé : arrivé à la frontière allemande, il est remplacé par un convoyeur polonais qui lui a fait la confidence au péril de sa vie… ! Qu’elle serait ma conduite pus tard si je ne le rapportais pas… ? Ma conscience ne le supporte pas et j’en souffrirai … ? ….Dit t’il dans un état second….

Puis plus calme….

‘….Adèle…. ! Qu’est-ce que remettre une insignifiante petite feuille de cahier à deux lignes à une dame… ! Un petit mot important aux yeux de cette mère qui va sans doute ne plus revoir sa fille, je pense… ! Hein… ? Moi qui n’ai jamais tiré un seul coup de carabine à plombs de ma vie, j’ai une grande envie d’accomplir une mission sinon je me considérerai comme un lâche….. ! Cela je ne peux le supporter…Adèle…. ! J’ai raté une guerre et là je vais rater la seconde sans y avoir participe…. ! Des amis cheminots tombent devant moi pour des broutilles…… ! J’ai vu les soldats, la S.S. les canarder devant mes yeux… ! Je vois l’horreur toutes les minutes et je suis là, debout comme un macchabée, la tête basse à surveiller mes rails …. ! Voir nos concitoyens abattus comme des chiens…. Adèle… ? Des billets, comme cela, il y en a des centaines sur les voies qui volent au grès du vent, des messages d’amour destines à leurs réceptionnaires qui ne les liront jamais, jamais tu m’entends parce que nous devons obéir aveuglement à cet absurde règlement intérieur édité par nos envahisseurs… ! Non Adèle… ! Je ne suis pas d’accord….. !’

Silence puis…Pour terminer…

‘…Je pense rejoindre par la même occasion la résistance, beaucoup de mes amis y sont mais n’osent l’avouer par peur des représailles allemandes … ! J’ai appris qu’un réseau de cheminots ‘…VOIE ET LIBERTE..’ S’est constitué sous le commandement d’un chef du nom de guerre ‘…Bertrand….’! Mais enfin c’est notre belle France qui part en couilles… ! Et que faisons-nous, nous pour elle ….Adèle… ? RIENNNNNNNNNNNNNN…… ! ’

Puis il se tait.

-‘…Nous allons y réfléchir à tête reposée demain soir, ok… ! Nous allons réfléchir .. !’

A suivre…
Le BILLET VII.

Répète t’elle à son mari tout bouleversé… !

Une fois celui- ci calmé, Adèle fait lire aussi une missive qu’elle reçut de Marseille…Elle est expédiée par M. Meyer Leïbovici, son ancien patron. Il demande des nouvelles de son frère Elie. Ce dernier, vivant dans la zone libre, n’a aucune nouvelle de Elie. L’enveloppe est ouverte et elle comprend que la milice l’avait lue auparavant. Elle s’attend à voir un matin surgir la gestapo chez elle. M. Elie, prévenant s’était abstenu de dialoguer avec son frère par téléphone ni par courrier pendant un bon bout de temps, par crainte d’être découvert et de faire dévoiler la présence de son frère à Marseille.

Ce que Adèle ignorait auparavant, c’est que Monsieur Elie, son ancien patron, comme tous les juifs du quartier, fut embarqué lors d’une rafle dans le Sentier, avec toute sa famille dans un camion militaire, immatriculé en Allemagne. La gestapo ferma sa boutique tout en prenant soin de tout saccager. C’est en arrivant sur les lieux de son travail, trois jours plus tard, qu’Adèle, surprise par ce désordre, apprend par la bouche de madame Eugénie, une voisine, ce qui s’était réellement passe..

-‘…Ils les ont emmenés, il y a trois jours, un samedi matin, à la première heure Madame, pour une destination inconnue…. Il fallait les voir tous à la queue leu leu comme un troupeau de brebis qu’on emmène à l’abreuvoir mais ce n'est pas pour les abreuver qu’ils les ont embarqués mais pour les tuer sans doute, allez savoir, quelle tristesse, madame… ! ‘

Adèle faillit s’évanouir à la malheureuse nouvelle. Elle se retient et tout en remerciant la vieille dame, elle sanglote tout le long du chemin qui la ramène chez elle…

Pierre…
-‘…Ecoutes, tu ne réponds pas. Je vais lui téléphoner, je saurai comment faire… ! Ne t’inquiètes surtout pas… ! Il aura des nouvelles de son frère… !’

Pierre ne perd pas de temps et le lendemain, il prend son chef de service en aparté. Il le soupçonne de servir la résistance…

-‘…Arnaud, j’ai besoin de savoir... !’
-‘…Ici, on n’a plus besoin de savoir Pierre, on obéit aveuglement sans poser de questions... !’
-‘…Arnaud, mon père me parlait souvent de toi quand il était sur les traverses, ton papa a bien été tué en 14/18, gaze par les ‘schleus’ n’est ce pas … ?’
-‘…Pierre… !…Toi…. ! Je te vois venir mais tu sais ce que je risque… !’
-‘…Juste un renseignement qui ne te coûte rien …. !’
-‘…Dis toujours… !’

Pierre sort un papier de sa sacoche…

-‘…Elie Leïbovici… ?’

Arnaud comprend l’allusion…

-‘…L’employeur de ta femme…. ? Et alors… ?’
-‘…Je veux savoir où ils sont…. ? Ils ont été raflés, il y a deux semaines… !’
-‘…L’affaire est délicate…. ? Il faut soudoyer le commandant de la compagnie allemande.
-‘…Combien cela va t’il me coûter… ?’
-‘…Ecoutes, demain on verra plus clair, prépare en attendant cent francs pour l’info... !’
-‘…Tu les auras demain … !’

Il prend soin de ne pas se faire remarquer et s’en retourne sur ses voies tout en réfléchissant à ce qu’il va dire à sa femme, en rentrant le soir, au sujet de ce qu’il va faire. Il réfléchit aussi au billet et il décide d’aller, sans perdre de temps, remettre demain la missive à cette dame du nom de Victoria…

Il rentre au bercail comme d’habitude, après la fin de sa journée sans rien paraître.
Sa maman l’informe qu’Adèle est au commissariat de police de son quartier.
Il prend peur et lui demande la raison de cette convocation.

‘…Deux miliciens sont venus ce matin pour lui signifier qu’elle devait les suivre pour une simple formalité… !’
-‘…Quelles formalités maman… ?’
-‘…Je n’en sais trop rien…… ! Ils m’ont posés des tas questions et surtout demandés à Adèle où elle travaillait.. ! Elle leur a signifié qu’elle était simple ouvrière chez monsieur Leïbovici… ! Puis après avoir vérifié mes papiers, ils l’ont emmenée… ! Edouard gémit dans son lit, je vais lui préparer son biberon avant qu’il ne s’endorme.. !’
-‘…Mais ça fait plus de 10 heures qu’il la retienne … ?’
-‘…Oui, je pense et je suis très inquiète… !’
-‘…Une simple formalité… ?’

A suivre…
Le BILLET VIII.


Pierre ne se déshabille pas. Il décide d’aller chercher sa femme.
Il se lève en silence et s’en rien dire à sa maman descend les marches des escaliers. Il fait juste quelques pas dans la rue sous la brume qu’une voix reconnaissable de femme le hèle…

-‘…Pierre… ? Mais où vas-tu à cette heure ci... ?’
-‘…Mais, je viens te prendre du commissariat...!’
-‘… J’ai été retenue à cause d’une broutille, l’inspecteur voulait savoir tout sur monsieur Elie. Des pages de renseignements, et des tas de questions aussi idiotes les unes que les autres… ! Je suis resté d’abord plus de quatre heures à attendre et tu n’imagines pas le nombre de personnes qui stationnent dans le corridor… ! Enfin lorsque je suis rentrée dans le bureau de l’inspecteur, je tombe nez à nez avec le fils Morton, Jean-Luc, tu connais son père, je suppose… ? L’ancien commissionnaire divisionnaire de la rue des Morillons… du 20 ième! Il est à la retraite aujourd’hui… … ? La meilleure de toutes les questions qu’il me pose, est ‘…A quel réseau appartenait vous… ? Madame Adèle… ?’ ‘…Simple question….’ Me dit-il…. ! Avec un sourire narquois… !’
-‘…Réseau ‘…Convention et liberté.. ‘ ! Lui ais-je répondu… ! Il sourit et rajoute ‘…On ne connaît pas ce réseau et vous venez de l’inventer… ! Vous, vous croyez en mesure de plaisanter …Madame Berthier… ? ’ ‘…Que voulez-vous...! Inspecteur… ! Cela fait si longtemps que l’on ne s’amuse plus dans Paris… !’ Lui répondis-je… !’ Il me libère, après plus de cinq heures sans rien retenir comme charge…. ! En me souhaitant une ‘ …Bonne délivrance… !’ Il faisait allusion à mon ventre… !’
-‘…Rentrons…. ! Maman s’inquiète et le petit ne semble pas vouloir dormir… !’
-‘…Ce n’est pas tout, j’ai osé lui demander quand même de ce qu’il est advenu de mon patron….Elie Leïbovici… ! Il m’a dit qu’il était sur le chemin du Départ à Drancy vers une destination inconnue… ! Mais qu’il n’avait aucun pouvoir pour intervenir en leur faveur… ! ‘…Les juifs Madame Adèle sont de la vermine, les Allemands nous en débarrassent… !Un nettoyage durable, je pense… !’ Mais il avait dit cela comme s’il était forcé de me l’avouer... ! Devant son collègue allemand. Puis, en sortant, prétextant un oubli, il me souffle le nom d’un certain Monsieur Joseph…. ! Je n’ai pas compris …. !’
-‘…Tous les mêmes ces ignobles… ! M. Joseph, un juif roumain qui traficote dans les deux sens, je ne préfère pas m’adresser à lui…. ! Et le billet…. ? Ils ne sont pas tombés dessus… ?’
-‘…Il est dans la poubelle ton billet… !’
-‘…Comment ça dans la poubelle… ?’
-‘…Oui en bas dans la cave à ordures, bien caché, tu ne t’imaginais pas que j’allais le garder dans la maison… !’
-‘…Ah ok, tu es formidable Adèle… ! Je n’y avais pas pensé... !’
-‘…Montons… ! Mais avant, allons chercher le billet… !’

Ils descendent dans la cave et Adèle, sous un rayon de lumière blafarde d’une ampoule poussiéreuse, tire le billet collé sous le fond d’une poubelle en fer.
Pierre cache le précieux document…

Une fois chez eux, Adèle ferme à double tour la porte.
Elle sert son mari.

-‘…Demain, je vais aller à la recherche de cette dame Victoria… ! J’ai pris un jour de congé… ! Sans solde.. !’
-‘…Tu fais bien, mais je ne saurai trop te recommander la prudence et où vas-tu cacher le billet… ?’
-‘..J’ai ma petite idée… !’

La nuit se passe normalement. Vers les 6 heures du matin, Pierre se lève, prépare son café et se met au balcon ; sa tasse entre les mains. Il ouvre son paquet de clopes et tout en donnant vie à sa dernière cigarette, il se met à contempler le BD DE BELLEVILLE…Il aperçoit les balayeurs occupés dans leur besogne tandis que les bus peu nombreux à cette heure là commencent leur noria matinale. De temps à autre, des voitures noires passent à toute vitesse, en crissant des pneus aux carrefours.

Quatre soldats, sortis presque ivres morts de chez Florette, la brasserie du coin, chantent en allemand à tue tête. Ils gesticulent dans tous les sens sans tenir compte des gens qui dorment encore à cette heure là. L’un d’eux sort son arme et prend pour cible une poubelle qui traîne par-là, elle est criblée de balles sous les yeux des commerçants ambulants qui regardent faire sans réagir ces parasites.

Adèle sous le bruit du coup de feu, sort en robe de chambre sur le balcon..

-‘…Encore un des ces conards qui s’amusent à prendre pour cible des poubelles vides.. !’
-‘…Tant que c’est cela…. !’
-‘…Je vais téléphoner à Monsieur Meyer…. !’
-‘…Prends tes précautions et surtout n’insiste pas s’il ne répond pas dans la minute qui suit.. !’
-‘…Je sais… !’

( Il apprendra que Mr. Meyer est parti en Israël.)


A suivre…
Albert SIMEONI

Paris le 8/3/2005.

Tous les évènements narrés dans cette nouvelle sont imaginaires et ne peuvent constituer un plagiat d’aucune œuvre connue.

Le BILLET IX.



Pierre s’allonge sur son lit tout habillé, attendant la bonne heure pour remplir cette première mission.
Il tire de son portefeuille le petit mot pour bien relire ses quelques phrases. Il ressent après chaque petite lecture, un calme absolu devant ce bout de papier manuscrit qui va lui faire découvrir sa destinatrice. Pierre a surtout l’impression de se rendre pour une fois utile à autrui, d’autant plus que les paroles de son défunt père reviennent souvent dans sa mémoire…..

-‘…Vois- tu mon fils, je ne suis peut être pas trop instruit et ce que je fais ne demande pas beaucoup de prouesse, ni d’adresse, cependant il y a une chose dans la vie que tu ne dois jamais oublier ou te dérober ; celle de rendre service à autrui sans connaître sa raison, origine, race, religion ou situation….. ! Fais le sans réfléchir… ! Tout est inscrit quelque part, les bonnes et les mauvaises actions, comme on le dit chez nous ‘ Rien ne se perd mais tout se retrouve…’ Ce n’est pas moi qui l’ai inventé mais ma maîtresse d’école… ! Pierre… ! Tu vois mon fils, ces deux lignes parallèles d’acier, là bas, qui ne se rejoignent jamais et bien si un jour tu peux les réunir alors fais le, soulève les montagnes dans certains cas sans trop y réfléchir… ! Tu comprends mon fils…… ?’

Pierre hochait la tête en signe d’approbation.

Pierre, attentif aux conseils de son sage de père, a été durant toute son adolescence et encore aujourd’hui, mu par ce sentiment de solidarité et d’amour envers son prochain.

Il s’assoupit un instant en oubliant le papier sur sa poitrine.
Adèle le lui range dans son paquet de cigarettes vide …Puis, elle laisse son mari assoupi pour aller faire quelques courses, en bas de chez elle.

Pierre, une heure plus tard, se lève, embrasse sa maman et son fils. Il descend sous la grisaille de Paris, les marches de son appartement.

Il prend le métro vers les 10 heures, pour descendre un quart d’heure plus tard, du côté de la station Ourcq.
Dehors, il relève le col de son par-dessus et trottine pendant une bonne demi-heure tout en se renseignant sur la rue des Annelets. On lui indique la rue des Solitaires. Quelques instants plus tard, il se retrouve sur la bonne voie. Il tombe pile poils sur le numéro...18…Une brasserie s’y trouve et juste à côté une porte de couleur verte. Il rentre dans le bar tabac et commande un café et un paquet de ses cigarettes favorites. Il jette l’autre par mégarde, tout en le froissant.
Il règle la note et se retrouve dehors. Il pousse la porte de l’immeuble et vérifie les noms sur la boite aux lettres, une fois à l’intérieur, mais déçu, il ne trouve pas de nom sous Victoria.
Il avise la logeuse qui ne connaît pas de pareil nom ou prénom dans l’immeuble.

Il prend son mal en patience et décide de frapper aux portes des appartements.
Il commence par le rez-de-chaussée et la réponse est la même, personne ne connaît ce prénom. Au second étage idem et il arrive enfin au troisième. Il se hasarde à taper, à la première porte du palier. Une dame, la quarantaine jette un coup d’œil par son judas. Pierre devine sa présence…

-‘…Pardon madame, je cherche une dame …. ! Une certaine Victoria… ?’
-‘…Je ne connais personne qui porte ce nom là, monsieur, la logeuse a dû vous le dire….,’
-‘…Elle me l’a dit en effet mais je tente qu’en même ma chance… !’
-‘…Voilà, est-ce tout… ?’
-‘…Je suis démoralise, je ne sais pas quoi faire… ! Il faut que je la trouve, ne pouvez pas me renseigner... ? Je vous en prie… ?’
-‘…Puisque je vous dis que je ne connais pas cette personne comment voulez-vous que je vous aide…?’
-‘…Il s’agit de quelque chose d’important pour moi… !Et pour elle aussi… !’

Elle consentit à ouvrir la porte tout en laissant la chaînette de sécurité accrochée à son écrou.

‘…Je m’appelle Pierre… ! Pierre Berthier… ! Je dois rendre un grand service à une jeune personne qui n’est sans doute plus là…! Du moins je le pense… !’’

A suivre…
Le BILLET X.



La dame consent à ouvrir la porte….

-‘…Entrez, je suis méfiante de nature… !’
-‘…Par ces temps là, je vous comprends… !’
-‘…Bon qu’est- ce qui fait, que vous cherchez cette dame avec autant de célérité… !’
-‘…Vous êtes juive… ?’
-‘…Pas du tout… ! Je m’appelle Loiseau… ! Jeannette Loiseau… !’
-‘…Je vois la trace d’une mezzouza sur la porte.. !’
-‘…Les anciens locataires l’étaient.. ! Ils ne sont plus là hélas… ! ’
-‘…Il s’agit de remettre un billet à cette dame ayant comme prénom Victoria… !’
-‘…Rien que cela… ?’
-‘…Oui, mais il est d’importance… !’
-‘…Monsieur Pierre.. . Que faites-vous dans la vie… ?’
-‘… Je suis cheminot, contrôleur des ballasts sur la voie de chemin de fer Drancy-Paris et je suis bouleversé par ce que je vois tous les jours… !’

Il s’arrête un instant, puis reprenant la parole sous l’œil de la dame..

‘….Je tiens absolument, même au péril de ma vie, à remettre un billet de la part d’une mère en partance pour les camps de la mort, à sa fille Camille… !’
-‘…Vous compatissez au sort de ces gens là… ?’
-‘…Adèle, ma femme n’a eut que du bonheur avec eux, ces deux patrons l’étaient et je me suis mit en tête une idée folle, de vouloir faire quelque chose de concret…Pour eux… !’
-‘…C’est à dire… ?’
-‘…Rentrez dans la résistance… ! Combattre avec l’armée de l’ombre comme le font certains de mes collègues… ! Et en sauvez quelque uns…!’
-‘…En sauvez quelques-uns uns au péril de votre vie… ? Et vous le dites comme cela sans me connaître… ! Rien que cela…. ? Vous êtes un rêveur, Monsieur… ! …..Bon montrez-moi ce fameux billet qui fait que vous êtes là… ?’

Il farfouille dans son portefeuille son précieux billet mais hélas, il ne le trouve point et pour cause ; il avait jeté intentionnellement dans le bar tabac, son paquet vide de gauloises. Adèle oublia de lui dire qu’elle avait caché cette petite missive à l’intérieur.
Il remua dans tous les sens son portefeuille, vida ses poches sous le regard inquisiteur de Madame Loiseau Jeannette. Pierre est pris d’une grande gêne et angoisse.

-‘…Mais ce n’est pas possible, je l’avais encore sur moi, il y a une heure, ce billet… !’
-‘…Et que dit t’il ce billet, Monsieur Pierre… ?’
-‘…Il est adresse à une certaine Camille, comme je vous l’ai dis, de la part de Henriette… ! Je ne peux pas vous inventer cela, il doit être resté sur mon lit… ! Avez-vous un téléphone… ?’
-‘…Oui, pourquoi faire enfin… ?’
-‘…Je dois appeler ma femme pour vérifier s’il est bien sur mon lit… !’
-‘…Ecoutez, je ne connais pas de Camille, ni de Victoria..… !Vous perdez votre temps Monsieur….. !
-‘…Berthier…. ! Je vous en prie, croyez-moi Madame, je vais aller le chercher, il me faut juste une petite demi-heure, j’habite Télégraphe.. !
’…Je vais appeler la milice, si vous persistez encore dans vos dires…. !
-‘…Non, surtout pas, j’ai une femme et un enfant, ma femme est enceinte et maman vit avec nous, je vais m’en aller, soyez sans crainte, et je vous prie de m’excuser de vous avoir dérangé, je ne sais que dire… ! Madame… ! Je suis désolé…. ! Tant pis…. ! Au revoir Madame…. !’

La dame devant la sincérité de ce monsieur consent

-‘…Le téléphone est dans le salon… ! Juste une minute pas plus…. ! Et ensuite vous partez… !’ ’
-‘…Merci, je vais appeler la concierge qui appellera ma femme.. ! Soyez patiente… !’

Deux minutes plus tard, la concierge était au bout du fil…Sous la surveillance de la dame.

-‘…Madame Lebrun, dites à Adèle de venir, je veux lui parler illico presto… ! C’est urgent.. ! Merci… !’

Il attend le combiné accroché aux oreilles… Puis..

-‘…Oui… ? Allô… ?’
-‘…Adèle, écoutes moi s’il te plait, va voir sur mon lit le papier …du notaire.. !’
-‘…Ton paquet de cigarettes… ! Ben, il doit bien y en avoir encore une…. ! C’est cela…… ?’
-‘…Oui… ! Oui…. ! Merci, le bar tabac est ouvert.... !’

Il raccroche et se met à courir dans le vestibule de l’appartement de la dame.
Il a compris le message.

-‘…Je reviens.. ! Je reviens dans quelques minutes… !Madame…. ! Une bévue de ma part… !’ Dit t’il dans le palier.

Il dévale deux par deux les escaliers de l’immeuble pour se retrouver dans la rue. Il rentre à nouveau dans le bistro. Et là, il voit deux miliciens debout sirotant leur café. Il s’arrête un instant devant le comptoir, tout essoufflé..…

A suivre…
Albert SIMEONI

Paris le 8/3/2005.

Tous les évènements narrés dans cette nouvelle sont imaginaires et ne peuvent constituer un plagiat d’aucune œuvre connue.

Le BILLET XI.



L’un des miliciens...

-‘…Vous avez couru les cent mètres ou vous avez vu le diable… ?’
-‘…Le diable n’est rien, nous en voyons bien plus.. !’

Pierre, tout essouffle, lorgne sur son paquet de clopes, tout froissé. Malheureusement, il y a avait trois de paquets chiffonnés, éparpilles à deux longueurs d’orteils d’entre les chaussures diplomates des deux collabos. Il ne fait rien paraître.

-‘…Que voulez vous insinuer, Monsieur... ?’ Lui dit l’un des miliciens en le toisant.

Le bar-man lui fait signe de ne pas répondre…Il s’avance vers lui...

-‘…Je vous sers… !’
-‘…Un café, j’ai si sommeil.. !’

-‘…Nous devrions t’embarquer, mais comme nous ne sommes pas de mauvaise humeur ce matin, on te laisse pour cette fois ci, mais faites gaffe à l’avenir.... !’

Il prend sa tasse de café en main et vise une table au fond dans la salle.
Il est très préoccupé par sa bévue. Nerveux. Il lorgne sans trop insister sur ces trois paquets dont l’un contient son précieux document. Le motif de sa mission. Sans ce papier, cette preuve, Camille ne pourra jamais le croire encore moins Madame Loiseau. Sa future mission se trouverait complètement anéantie. Pourtant elle se trouve à quelques mètres de lui et à proximité des chaussures de ces collabos, ces traîtres qui sirotent leur liquide noir comme leur âme, avec désinvolture. Il ne peut se permettre aucune ruse sans attirer les soupçons de ses deux miliciens. Il s’inquiète aussi de ce que penserait cette dame s’il ne revient pas plutôt que prévu avec ce morceau de papier quadrillé, écrit par des mains tremblantes qui n’auront certainement plus l’occasion d’en écrire d’autres.

Il s’angoisse à l’idée de ne pas pouvoir établir sa bonne foi si ce papier vient à disparaître pour pouvoir démontrer ainsi qu’il n’était pas un ‘farceur’ en mal de plaisanterie au regard de cette bonne dame, qui attend depuis un quart d’heure. Il s’en veut intérieurement de voir ce message si important d’une mère envers sa petite fille, foulé, sans aucun respect pour son auteur et sa réceptionniste.

Un message d’amour destine, de la part de toute cette famille en partance vers la mort, à leur enfant qui attend d’être sauvé quelque part. Un dernier petit courrier d’espoir.

Il sent une oppression sur sa poitrine toutes les fois qu’il voit ces pieds de miliciens se croiser, se recroiser sans arrêt et qui viennent, sans vergogne, écraser ces quelques lignes tracées sur du blanc à carreaux.

Il ressent chaque geste de ses troublions en habit noir comme des épingles qui lui percent la chair. Que peut t’il faire, sinon ruminer et refouler sa colère … ! Se lever pour relever ces trois paquets chiffonnés sans attirer leur attention… ? Dans ce cas, adieu sa liberté et celle de toute sa famille. Il ingurgite une petite gorgée de café froid et amer en attendant la suite des évènements. Il sue sur place. Il ôte son veston et rallume une clope. Comme si la situation n’était pas déjà exaspérante, paradoxalement éprouvante pour Pierre, voilà que le bar-man fait le tour de son comptoir, un balai à la main pour nettoyer son carrelage et débarrasser ainsi mégots, crachats visqueux, allumettes et bien sur paquets de cigarettes. Pour jeter le tout, une fois réunit, dans la grande poubelle y compris le sentiment d’amour écrit sur un billet. Un sentiment noble va donc, pense Pierre, sans être sauvé dans l’immédiat, côtoyer tous les détritus de gras et de mauvaises odeurs… ! Sans qu’il puisse intervenir…. ?

Il sent comme des frissons secouer ses pieds. Pierre sent son sang se glacer…Il passe du froid au chaud sans qu’il puisse contrôler son thermostat intérieur...Il n’en croit pas ses yeux. Il voit cette scène horrible, hallucinante, ce cafetier gesticuler qui commence par balayer le sol coté droit du comptoir, tout en avançant avec sa ‘grosse touffe de balai’, vers le centre de la salle : il voit l’impensable. Il pense à l’impensable. Les trois paquets vides réunis avec les autres déchets de toutes sortes. Le bar- man continue son travail sous le regard des miliciens et de Pierre ; sans se préoccuper outre mesure de ce qu’il fait : un simple geste répète quatre fois dans la journée. Quoi de plus naturel que de relever un tas, hétéroclites d’ordures amoncelées, de poubelle prête à être ramassée par une pelle en fer, tenue par une main ignorante et qui ira rejoindre sous peu, l’obscurité de la cave pour grossir d’autres déchets infectes.
Pierre en une fraction de seconde réalise ce qui va se passer.
Une idée germe dans sa tête.
Il se lève délicatement….Puis…Avec assurance...

‘…Monsieur, je voudrais tout d’abord m’excuser pour tout à l’heure et ensuite, si vous ne trouvez pas à redire, vous payer vos cafés… !’

Le ‘balayeur bar- man’ arrête sur place, ses gestes ‘assassins’.

Le même milicien….

‘…Ah… ! Vous voilà enfin revenu à de meilleurs sentiments, bon puisque vous nous le demandez si gentiment, on accepte votre offre et d’ailleurs nous allons lever le pied, la journée s’annonce dure, pour nous… !’

Le bar-man refait le tour du comptoir, abandonnant pour un moment son balayage alors que Pierre met sa main à la poche…
Il prend la note et règle l’addition tandis que les deux corbeaux enfoncent leur chapeau dans la tête. Ils saluent par la suite le patron tandis que Pierre, une fois ces oiseaux de malheur sortis, se baisse, avec calme et gestes mesurés, pour ramasser les trois paquets vides et froissés de clopes…Sous le regard étonné du patron bar-man….. !’

-‘…Vous l’avez échappé belle, mais qu’est- ce qui vous a pris de parler ainsi… ? Tout à l’heure….. ?’
-‘…Juste une gaffe… !’
-‘…Ils vous sont précieux ces paquets vides de cigarettes… ?’
-‘…Oui….. ! Bon gardez la monnaie…!’

Il sort tout en vérifiant leur contenu...Il est là son billet qu’il fourre précieusement dans sa poche en se débarrassant des deux autres devenus inutiles…

-‘…D ieu merci… !’

Il reprend le chemin inverse et se représente devant Madame Jeannette LOISEAU.

-‘…Pardon madame, de vous avoir fait attendre, un incident malheureux m’a obligé à être en retard, voilà de quoi il s’agit… !’ Il lui remet le petit mot.
-‘…Comment avez-vous eu cela… ?’
-‘…Je suis contrôleur des ballasts, je vous l’ai dis, et j’ai vu ce bout de papier accroché à l’interstice d’une porte de wagons à bestiaux… !’
-‘…Je suis Victoria… !’

Pierre oublie sa mésaventure sur-le-champ ; il veut serrer la dame dans ses bras mais se ravise par respect...

-‘….Je ... ! Je …! Je suis … ! Je ne sais que dire… !’

La dame aperçoit le trouble de ce monsieur, au beau visage carré et régulier, coiffé à la coupe à la brosse, qui baissa les yeux devant elle.
Elle continue…

A suivre…
Le BILLET XII

-‘…Camille est leur fille, et ce fameux jour, elle était chez moi, nous sommes voisins et nos enfants jouent souvent ensemble. Les Lévy habitaient juste en face de nous, dans le palier. Camille était là quand ils sont arrivés, alors je l’ai gardé sachant pertinemment où les nazis allaient les emmener…. ! Ils sont tous en sécurité, de l’autre coté de la ligne de démarcation, dans un grand prieuré, du côté des Alpes, nous avons pu lui établir un certificat de baptême… Au nom de Camille Loiseau… ! Notre nom de famille.. !’
-‘… D ieu merci….D ieu merci…. ! Et votre mari … ?’
-‘…Il est avec les enfants ( en réalité son mari était en mission à Londres ) je suis restée seule ici pour ne pas que l’on réquisitionne mon appartement… !’
-‘…Il est bien grand et surtout bien agencé… !’
-‘…Un héritage de mon défunt père… !’
-‘…C’est lui, là sur la photo, en habit militaire.. ?’
-‘…Oui, la guerre 14/18, il n’en est pas revenu… !’
-‘…Autant pour moi… !’

Le téléphone sonne…

-‘…Un instant s’il vous plait… !’

Elle lève le combiné et ne dit mot sauf qu’elle termine par un ‘…Ben, j’irai chercher les oranges, ce matin….. !’ …Des amis… ! Dit t’elle à Pierre.

‘…Comment allez-vous lui faire porter le message… ?’
-‘…Je vais m’en charger … !’
-‘…Je préfère le lui remettre personnellement… !’
-‘…C’est bien trop compliqué mais si vous voulez vous rendre utile, je peux en toute discrétion en parler à qui de droit… !’
-‘…Je le veux… !’
-‘…Vous dites travailler comme contrôleur des ballasts, et vous devez connaître alors les fréquences des trains en partance vers la frontière allemande… ?’
-‘…Oui, tous les trains, même les horaires et ce qu’ils emportent… !’
-‘…Bien, je vous demande de ne plus revenir jamais ici…. ! Avez -vous compris au moins en quoi cela vous engage… ?’
-‘…Oui, loyauté et fidélité envers notre patrie… ! J’en fais le serment sur notre bible… !’ ’
-‘…Bien, je ne vous retiens plus… ! Je dois partir ce soir… !…Vous êtes bien sur Monsieur Pierre… ! N’est ce pas… ?’
-‘…Oui absolument, j’en suis conscient... !’
-‘..Le prieuré de ST Jacques le Majeur est un grand domaine, un monastère de retraite pour des frères franciscains…Pas très loin de la frontière helvète..! Elle est très surveillée par les suisses et ces derniers sont réticents à recevoir nos enfants, les juifs en particulier. Ils craignent Hitler…. ! Ah, tenez, elle a oublie ceci…Sa poupée Cécile vous le lui donnerez, cela lui fera certainement plaisir… !’

Il prend le jouet qu’il enveloppe dans un papier journal puis il serre la main de madame ‘Victoria’.
Il prend congé le cœur rasséréné. Au cours de route, il répéta machinalement ‘..CAMILLE DE ST JACQUES....’ Il avait enfin une mission, une vraie mission qui pourrait lui coûter sa vie et celle des siens… Il se sent malgré tout fier et surtout fier de son père qui lui inculqua le courage devant l’adversité.

Il ne perd pas de temps, et alla dare-dare rencontrer son chef de service Monsieur Arnaud.
Pour sa seconde mission.

A suivre…
Le BILLET XIII.


-‘…Bonjour Arnaud… !’
-‘…Bon pour tes protèges, ils vont partir prochainement vers une destination inconnue…. ! Les Allemands les rassemblent dans un état déplorable au VEL’D’HIV.. !’
-‘…Quand vont-ils partir…. ?’
-‘…Dés que la ligne 8 sera réparée… ! Il y a eu un sabotage ce matin…. ! A 45 kms d’ici sur la voie 29…. ! Tiens la tienne… ! Tu étais où ce matin au fait…. ?’
-‘…Là bas à démonter les rails… !’
-‘…Fais pas le couillon… ! Ok.. ? Les Allemands pourraient t’interroger mais comme d’habitude, ils me font confiance, je leur ai dis que tu étais en congé, chez toi… !’
-‘…Bon, les gars comptent la réparer quand… ?’
-‘…Les boshs ont mis trois équipes …. !Au plus tard après demain, si tout va bien, il va y avoir des dégâts chez nous, tu vas voir … !’
-‘…Je veux les racheter…. ?’
-‘…Comment… ? Je n'ai pas compris… ? Pierre… ? Racheter quoi…. ?’
-‘…Tu as très bien compris…. ! Arnaud…. !’
-‘…Tu es fou… ! Donnes moi le fric d’abord… !’
-‘…Tiens de la part du fou, ton fric… !’
-‘…A supposer qu’ils sortent, comment comptes-tu procéder pour le reste.. ? Tu n’as aucune infrastructure… ? Il te faut des faux papiers, une somme appréciable pour le prix de leur liberté, mais tu ne sais pas ce que c’est Pierre… ?’
-‘…Tu m’aideras…. !’
-‘…Nous sommes tous dans la mélasse… !’
-‘…Arnaud…. ? Regarde-moi bien dans les yeux et dis-moi que tu ne veux pas m’aider… ?’

Arnaud baisse les yeux..

-‘…Pierre mon ami, nous passons des moments très difficiles et je ne sais pas où tout cela va nous mener… ! Tu me demandes l’impossible… !
-‘…Non, je compte sur toi pour que tout se passe bien.. !..Bon parlons autre chose, de ton défunt papa…. ! Tu n’as pas oublie le jour où il était à l’hosto, ses poumons et qu’il n’avait pas de quoi payer à cette époque… ?’
-‘…C’est de l’histoire ancienne, du passe… !’
-‘…Arnaud, personne ne t’a rien demandé à cette époque… ? Il avait dit devant ta maman, ‘Tant que j’aurai un souffle de vie, j’aiderai mon prochain…’ Ta maman pourra te le répéter… ! Arnaud… !’
-‘…Tu me gênes Pierre.. !’
-‘…Et tous ces juifs qui partent à la mort, ne te gênent pas Arnaud, toi qui commande les aiguillages comme un ‘ouitiste’… ! Avec zèle… ? Quand le vent de la liberté soufflera… ! Que vas-tu dire à tes enfants quand ils te poseront la question ‘…Papa…. ! As-tu sauvé du juif….. Toiiii… ?’

Arnaud écoute en baissant les yeux à terre..

-‘…Pendant que tu y es, essuie leurs les bottes avec ton regard… !’

A ce moment là, rentre le Field Maréchal, Von Lietz… !

A Suivre.
Le BILLET XIV.



-‘…Heil Hitler… ! Bonjour Arnaud, alors où en sommes nous, la Kommandantur vient de me prévenir qu’il va y avoir des punitions parmi vos collègues, elle pense que certains parmi vous sont de mèches avec les maquisards...!’
-‘ …Nous attendons la grue, elle arrive dans deux heures… ! Spécialement pour réparer.. !’
-‘…Bien… !’
-‘…Je vous présente Pierre, le surveillant des ballasts… ! Il reprend son travail aujourd’hui pour les aider dans leurs taches… !’
-‘…Enchanté Monsieur Pierre… ! Bien, la Reichfuhrer a besoin d’hommes comme vous, dévoués ... Au ReicHHHH…..! Pour notre noble cause…Monsieur Pierre… ! Il faut en finir au plus vite avec cette racaille bonne cuire… !’

Pierre et Arnaud écoutent sans rien dire…

-‘…Bon, je vous laisse, demain les trains doivent repartir, si vous avez des problèmes d’intendance faites-le moi savoir… !’
-‘…Je pense qu’après demain tout sera réparé.. ! Field Maréchal.. ! ’

Le gradé sort en tournant ses pas et en saluant Hitler..

-‘…C’est lui ton chef… ?…Tu lui demanderas combien pour la famille Leïbovici.. !’
-‘…Une fortune… !’
-‘…Je m’en tape… ! Tu lui parleras ce soir… !’
-‘…Ecoute, demain je verrais plus clair.. !’
-‘…Je compte sur vous Chef… !Tu me donneras la réponse demain matin… !’
-‘…Une fois, la famille libérée que comptes -tu en faire… ?’
-‘…Je leur ferai passer la frontière … !’
-‘…Les faux papiers...? Qui va te les fournir. ?’
-‘…Toi, tout sera compris dans le prix… !’
-‘… Je risque ma vie… !’
-‘…Tu ne risques rien, lorsqu’on est résistant, on court tous les risques et surtout, n’oublie pas que tu sauveras l’humanité tout entière sans que tu le fasses gratuitement… ! Chef… !’

Pierre relate les évènements du matin à sa femme. Elle est subjuguée par le sans gêne de son mari et à sa manière peu cavalière d’intervenir. Elle ignore ce tempérament frondeur de son époux qui frise l’héroïsme. Elle s’approche de lui et lui prend la main qu’elle porte à son ventre…

-‘…Pierre… ! Touche, il remue notre second… !’
-‘…Je souhaite et j’espère qu’il sera l’enfant de la liberté… !’
-‘…Il le sera par la volonté de D ieu… ! Je voudrais surtout qu’il ou qu’elle te ressemble… ! J’admire ton courage et tes démarches ….Au cas où il te demanderait une forte somme d’argent, je demanderai à mes parents de nous aider… !’

Aurèlie…La maman.

-‘…Je veux, si vous ne trouvez aucun inconvénient, contribuer pour une partie de la rançon… ! Ils ont été si braves avec vous, Adèle… !’

Pierre et Adèle restent sans voix…
Adèle s’approche de sa belle maman..

-‘…Pour le moment, nous ne savons rien, attendons ce qu’il va nous demander et puis nous verrons, nous prendrons nos dispositions… !’

Pierre est rassuré. Il espère que son chef lui apprendra la bonne nouvelle dans un court terme. A moins d’un imprévu majeur.

Au petit jour, il se lève sans faire de bruit, jette un coup d’œil à sa montre. Il est 6 heures du matin. Il se presse pour s’habiller. Il ne déjeune pas. Adèle est réveillée..

-‘…Si tu as quelque chose, téléphone chez Madame Lebrun… ! Je pressens une bonne nouvelle Pierre.. !’
-‘…Je prie de tout mon cœur pour eux… !’
-‘…Que D ieu t’accompagne… !’
-‘…Il le fera au moins pour Elie et sa famille… ! Je te dirais ‘…Une hirondelle fait le printemps… !’
-‘…Bien, je m’en souviendrais… !’

Il prend en cours de route un croissant chaud au beurre et s’engouffre dans le Métro. Adèle quelques minutes après le départ de son mari se lève, et prend son fils Edouard qui se met à gémir. Elle lui donne son biberon et le berce tout contre elle.

A 17 heures, Pierre, à la fin de son service, se rend, piaffant d’impatience, au bureau de son chef…

Arnaud est assis derrière celui là…

-‘…Il demande 1500 frs…. ! Presque une fortune… !’
-‘…Pour quand… ?
-‘…Pour dans trois jours, il a déjà donné des instructions pour les parquer quelques temps au camp… !’
-‘…En réservation, comme du bétail qu’on sauve de l’abattoir… ! N’est ce pas Arnaud.. ?’
-‘…Oui si tu le penses comme cela… !Je n’ai plus d’état d’âme Pierre… !’
-‘…Tu n’as plus d’âme du tout… ! Tu veux dire….. ! Normal à force de voir, on s’y habitue.. !’
-‘…Bon, peux-tu les avoir… ?’
-‘…Après demain matin ici, tu les auras, sans faute.. !’
-‘…Tu auras des instructions… ! Où vas-tu les loger… ?’
-‘…Chez moi, il y a plus de cinq chaises vides et autant de lits… ! Nous dormirons par terre ma femme, maman, le bébé et moi….Durant tout leur séjour… !’
-‘…Bon, je vois que tu es très motivé par cette mission en vérité… !’
-‘…A défaut de combattre, autant sauvez des vies… !’
-‘…L’Opération s’appellera ‘…BALTAZAR…. ! Une fois sortit du camp, ils seront embarqués dans une voiture, une estafette, qui les déposera à la gare du nord, sur les marches…. ! A 6 heures piles du matin… ! Tu ne bougeras pas tant que tu ne les vois pas … ! Tu seras prévenu par un de nos gars la veille pour confirmation… ! Puis tu remettras une partie du fric dans une enveloppe cachetée… ! Au chauffeur…. ! Dés qu’ils seront en sécurité chez toi, tu compléteras le reste… ! ’
-‘…Ok… ! J’ai pris note. Je serai absent durant trois jours, la semaine prochaine, j’ai le mariage d’une cousine à Marseille, je serai là samedi prochain en 18 mars… ……. !’


A suivre….
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