Bienvenu(e)! Identification Créer un nouveau profil

Recherche avancée

*****SALLE LENA...RECIT LE BILLET DE I A XXXI...LE FILM..Timothée Herbert Harrison...*****

Envoyé par albert 
Le BILLET XV.



Il sort du bureau de son chef, et sans plus attendre, rentre dans une brasserie …

-‘…Adèle… ! Une hirondelle fait le printemps… !’
-‘…Le printemps est en avance cette saison… !’

Il est tout heureux et fier de ce qu’il vient d’accomplir.
Toute la famille partage sa joie, dés qu’il ferme la porte de son chez soi.

-‘…Adèle… ! 1500 frs, nous ne les avons pas … !’
-‘…J’ai quelques économies, environ 350 frs… ! Plus mes bijoux que tu vendras.. ! Ils ont de la valeur… ! Je vais aussi téléphoner à mes parents… !’
-‘…Il veut la rançon pour dans deux jours … !’
-‘…Ecoutez mes enfants, au risque de vous déplaire… ! Pierre …. ! Prends l’escabeau, et monte voir le dessus de mon armoire, il y a une cassette, descend là moi s’il te plait… !’ Risqua Aurèlie, la maman.

Pierre obéit…
La vieille, les mains tremblantes, ouvre le petit coffre couvert de tissu mauve devant ses enfants…

‘…Voici ma caverne d’Ali Baba, il y a ici, bien plus que 3000 frs, je n’ai plus besoin de toutes ces vieilleries, je ne les porte plus depuis la mort de ton cher papa. Il y a trois bagues dont une sertie d’un joli diamant, son cadeau de mariage, trois colliers en or, deux bracelets et ces six boucles d’oreilles à l’ancienne, ciselées par un maître joaillier juif, fort connu, prenez les vendez les, tu iras voir Alphonse Pingeon, le receleur, celui du bout de la rue, il t’en donnera un bon prix : il est malgré tout honnête et il m’a souvent aidée quand j’étais dans le besoin. Il est aussi un peu prêteur à gages mais pas à n’importe quel taux… !’
-‘…Mais maman, tu ne peux pas te débarrasser de tes souvenirs comme cela… ! Tes bijoux de famille… !’
-‘…Faites comme je vous le dis… ! Je n’ai plus besoin de ces babioles… ! Je ne vais pas les emporter avec moi dans la tombe, il paraît que les gens d’en haut n’en portent pas alors je ne vais pas faire exception… ! Qu’ils servent à quelque chose bon D ieu… !’

Le couple se tient en retrait réfléchissant un instant sur la décision d’Aurélie…Puis Adèle..

-‘…Belle maman….. ! Je pense que la bague en diamant et les deux colliers suffiront… !’
-‘…Dans ce cas, prenez ce qu’il faut, et laissez le reste… !’
-‘…Il y a autre chose aussi que je veux vous annoncer, je dois partir à la recherche de CAMILLE… ! Elle est dans un prieuré dans les Alpes, pas loin de la frontière Suisse, il faut que je la voie afin de lui remettre le billet de sa maman… ! Cela va me prendre un certain temps, je voyagerai seul… !’

Pierre se présente comme le lui avait dit sa maman la veille, chez ce monsieur Pingeon.

-‘…Bonjour, Monsieur Pingeon… !Je viens de la part de ma maman Aurèlie… !’
-‘…Comment va votre charmante mère monsieur… !’
-‘…Pierre… !’
-‘…Pierre, cela fait bien longtemps que je ne l’ai vue… ! Se porte elle bien… ?’
-‘…Oui, très bien… ! Elle souhaite vendre ces quelques bijoux que voilà… !’
-‘…Attendez, rentrons dans mon arrière boutique… !’

M. Alphonse ferme la porte à clef et baisse le vasistas.

-‘…Voyons voir… ! Vous voulez les vendre ou les mettre en gages… ?’
-‘…Les mettre en gages, plutôt… !’

¨Pierre revient sur sa décision…

A suivre…
LE BILLET XVI.



-‘…Le taux d’intérêt est de 3 % pour chaque trimestre écoulé, Monsieur Berthier.. !’
-‘…Cela n’a pas d’importance ! Je vous reprendrai mes affaires bien avant que la guerre ne se termine … !’
( NDLR/ Mais malheureusement, Pierre ne retrouvera son dû que trois mois après la fin de la guerre. )
-‘…Souhaitons-le….. ! Les nouvelles ne sont pas bonnes pour les Allemands, ils essuient des revers de partout et l’on dit que les Russes vont envahir la Pologne.. !’
-‘…L’heure de notre liberté approche Monsieur Pigeon… !’
-‘….Que D ieu vous entende…. ! Bon, ces bijoux sont de bonne facture, ils valent au moins 1200 frs, est-ce raisonnable… Cela vous convient t’il….?’
-‘…1500 Frs…. !’.
-‘…Bon, j’estime votre maman… ! J’accepte votre offre…. !’
-‘…Je vous fais confiance… !’
-‘…Bon, parfait. Votre première échéance sera pour le 30 septembre… ! 11 frs…25 centimes ! Je suis très pointilleux sur les délais, votre maman le sait… !’
-‘…Quand aurais-je l’argent… ! S’il vous plait…?’
-‘…Mais là tout de suite… !’

M. Alphonse se dérobe un instant. Pierre entend une petite porte grincer, sans doute un coffre fort….Puis, il voit apparaître le receleur avec les billets dans la main…

-‘…Voilà, comptez-les… !’
-‘…Je vous fais confiance, merci pour tout… !’
-‘…Le plaisir est pour moi…. ! Faites en bon usage surtout… !’
-‘…C’est pour une bonne cause … !’
-‘… Au revoir, Monsieur Pierre, que du bien pour votre chère maman.. !’
-‘…Merci… !’

Pierre est fou de joie. Il enfouit son trésor dans la poche et rentre chez lui..
Il annonce la bonne nouvelle à ses proches.
Adèle et Aurèlie sont aux anges.
Sans perdre de temps, il prend le métro pour aller à la rencontre de son chef afin de lui annoncer que l’argent était réuni..

-‘…Il me demande 200 Frs de plus… ! Pierre… !’
-‘…Dis-lui que c’est 1500 frs ou rien… !’
-‘…Bon.. ! Bon ne t’emballes pas, je vais encore discuter avec lui mais je ne te promets rien, tu sais comment ils sont en ce moment, très nerveux…Ca n’a pas l’air d’aller pour eux.. !’
-‘…Tu n’as rien à promettre tu lui donneras cela… !… Je retourne chez moi et j’attends la réponse de ton sbire… !’
-‘…Après demain exceptionnellement tu seras sur les traverses, c’est important… !’
-‘…J’y serais…. !’

Trois jours plus tard, comme le souhaitait son chef de service, Pierre est sur les traverses, debout…Une locomotive s’arrête à sa hauteur. Un homme, vêtu d’une combinaison de couleur anthracite , met pied sur les cailloux noircis de crasse de la voie et s’approche de lui…

-‘…Pierre Berthier.. ?’
-‘…Lui-même… ! Vous êtes… !’
-’…Personne… ! …Opération … ?’
-‘…Balthazar….!’
-‘…Elle se termine, si tout se passe bien, demain matin à l’heure indiquée…A la gare du nord, prenez vos précautions, les ‘fritz ‘sont nerveux en ce moment…! Vous ne reconnaîtrez pas la famille sur-le-champ, ils ont beaucoup changes… !’
-‘…Tant qu’ils sont vivants, pour le reste je m’en charge… !’
-‘ Au revoir Monsieur.. !’

L’homme remonte dans sa locomotive.

Une heure plus tard, l’information entre les mains, il prend un taxi qui le dépose chez lui…

-‘…Nous y sommes.. ! Ils seront libères jeudi matin à 6 heures pile poils à la gare du nord… ! Il nous faut deux voitures... !’
-‘…Nous prendrons deux taxis… ! C’est plus convenable… ! Nous ne connaissons personne avec des voitures ici... ! ‘ Dit Adèle.
-‘…Je n’y avais pas pensé… !’
-‘…Et ensuite Pierre… !’
-‘…D ieu y pourvoira…. !Nous les logerons pour la journée et la nuit, le temps qu’ils reprennent des forces... !’

A suivre…
Le BILLET XVII.



Jeudi matin comme convenu à 5 heures, piaffant d’impatience, Pierre et Adèle sont sur pieds. La nuit leur avait parue longue tant le trac les prenait à la gorge.

Ils descendent les marches de leur immeuble, bien avant l’heure.
Adèle est au sixième mois. C’était le premier jour du printemps.

Ils laissent un petit mot à Aurèlie qui dort.
Pierre et Adèle arrivent sur les lieux vers les 5 heures 30, soit une bonne demie- heure plut tôt bien avant la prise en charge de la famille Elie. 30 minutes plus tard, une estafette, montre son bout de carlingue avant, à l’heure précise. Elle s’arrête devant eux. Le chauffeur descend de la voiture et ouvre la portière arrière.
La première à descendre est Olga, la femme de Monsieur Elie, puis Jonathan, Rachel et Yoshua, Monsieur Elie pose enfin pied les pavés gris. La famille est enfin là, au complet, réunie, sous les yeux émerveillés de la famille Berthier.

Pierre s’avance le premier et serre la main du religieux. Adèle s’empresse d’embrasser Olga et les enfants…

-‘…Je suis bouleversée, Monsieur Elie… !’ Dit Adèle envers son ancien patron.
-‘…Ne restons pas là, je vais héler deux taxis… !’ Ajoute Pierre.

Monsieur Elie est complètement rasé; il ne porte pas de chapeau et encore moins de tsissiths autour de la taille. Il tient cependant ses deux valises. Jonathan a perdu ses boucles, ainsi que Yoshua Madame Olga ne porte ni perruque ni foulard. Les enfants et eux même sont très amaigris.
Ils sont vêtus des même vêtements que le jour de leur rafle.

Deux véhicules sont commandés par Pierre.

-‘…Montez ne perdons pas de temps.. !’

Ils s’engouffrent sans dire un mot.
Arrivée à destination, toute la smala se retrouve dès 7 heures 30 autour de la table. Aurèlie avait pris ses précautions depuis la veille en prévision de leur arrivée.

-‘…D ieu soit loué…D ieu soit loué… !’ Dit Aurèlie tout émue.
-‘…Ne pleurez surtout pas Aurèlie… ! Je ne sais que dire, ma famille et moi-même vous remercient pour ce que vous faites.. !’

-‘…Une mitsvah.. !’ Répond Adèle.

-‘…Bon, les enfants, mettez-vous à table… !Les croissants sont encore chauds et mangez à volonté… !’ Lance Aurèlie envers les gosses, après la douche.

Les enfants regardent un instant leur père. Ils se posent la question de savoir s’ils doivent manger ou pas, ces brioches qui ne sont pas Casher. M. Elie, leur fait un signe d’approbation de la tête.

Aurèlie et Adèle comprennent l’interrogation des jeunes enfants.

-‘…Laissez les faire, je vous en prie, l’heure n’est pas aux reproches.. ! La situation du moment exige une certaine souplesse dans le rite. Et puis, je les ai faites selon votre coutume, Madame Olga, tout a été purifié depuis hier soir en prévision de votre arrivée…. ! Adèle a eut la gentillesse de me dire comment faire.. !’

Les enfants ne se font pas prier. Monsieur Elie, sans perdre de temps, après ses ablutions et sa douche, ouvre sa valise et retire ses phylactères et ses livres de prières. Il vise un endroit isolé que lui indique Adèle. Une chambre spécialement aménagée pour eux et les enfants.
Olga prend place auprès de ses enfants, tandis que Monsieur Elie prie. Les enfants dévorent leurs brioches, faites mains par Aurèlie qui en rajoute d’autres et du lait bien chaud sur la table. Olga leur reproche leur gourmandise..

Quelques minutes plus tard, on frappe à la porte. Un homme se présente devant Pierre. L’inconnu lui remet une enveloppe tandis que Pierre, lui refile le reste la rançon.

Pas un seul mot n’est échangé. L’homme repart comme si de rien n’était. Pierre referme la porte et s’empresse d’ouvrir le grand pli.
Il trouve des documents établis au nom de Monsieur Jean-Marie, Marjorie et les enfants Robert, Lise et Marianne Pelletier imprimés sur des saufs conduits frappés de l’aigle du reich. Tout semble vrai. Une autre petite enveloppe est insérée à l’intérieur de la grande enveloppe blanche, les instructions à venir

’…Vendredi… ! Départ de chez vous pour la suite de l’opération.. 6 heures du matin… ! Brûlez ce dernier message.…!’

-‘…Adèle, nous avons les papiers… ! Hourra.. ! En plus, nous avons gagné une prime, ils vont venir nous prendre demain pour leur destination finale… !’
-‘…Ne cries pas si fort, on pourrait t'entendre et puis tu gênes M. Elie … ! Répond Adèle.
-‘…Ne vous préoccupez pas pour lui, quand il prie, il n’entend personne.. !’ Réplique Olga.
-‘…Bon va falloir que vous appreniez vos nouvelles identités en cas de contrôle en chemin, il ne nous reste pas beaucoup de temps.. !’ Rétorque prévenant Pierre.

A suivre…
Le BILLET XVIII



Après le déjeuner, Pierre et Adèle se mettent au travail ; inculquer aux enfants leurs nouveaux noms et prénoms, quelques rudiments de connaissance afin de ne pas être pris au dépourvu, en cas de questions pointilleuses des gendarmes.
Pierre brûle comme convenu le fameux petit mot.

Monsieur Elie après avoir fini ses prières matinales est mit au courant de la situation.
Il hoche sa tête et caresse son menton sans barbe..

-‘…Elle vous manque n’est ce pas, Monsieur Elie… ?’ Dit Adèle.
-‘…Elle repoussera comme de la mauvaise herbe.. !’

Il s’invite autour de la table pour partager le déjeuner avec sa femme, Aurèlie, Pierre et Adèle.
Edouard se met à pleurer. Adèle va le chercher.

-‘…Je vous présente Edouard… !’

Monsieur Elie se lève et pose ses mains sur la tête de l’enfant. Il le bénit devant les yeux ravis de ses parents. Les enfants lui caressent la tête juste après leur papa.

-‘…Monsieur Elie, j’ai de bonnes nouvelles, tout va pour le mieux. Nous partirons demain vendredi pour le sud –Est. Ensuite j’aurai d’autres instructions d’ici là.. !
-‘… Nous sommes de tout cœur avec vous, Madame Olga … !’ Dit Adèle en souriant.
-‘…Je dois aller rencontrer Arnaud pour la suite. !’ Dit Pierre en se levant... ‘ Monsieur Elie faites comme chez vous, n’hésitez pas à demander quoique ce soit… !’

Sur ces dernières paroles, il enfile son veston pour aller une énième fois voir son chef de service.

Il est devant son chef de service.

-‘…Bonjour Pierre…. !’
-‘…Bonjour chef… !’
-‘…Pierre, il faut te débarrasser au plus vite de la famille… !Les Allemands sont très excités..!’
-‘…Bon pour la suite des évènements.… ?’
-‘…L’organisation va mettre à ton service un petit car scolaire d’enfants censés aller en vacance à la montagne. Ils descendront du côté de Chambéry, puis ils iront ailleurs… ! Tes protèges continueront, toujours en bus jusqu’à la frontière Suisse. Ils descendront à proximité, à quelques centaines de mètres et ensuite, ils seront prit en charge par quelqu’un d’autre…. ! Toi….. ! Comme tu me l’as demandé, tu poursuivras ton chemin par tes propres moyens… ! Le car te fera descendre peu avant la gare de Chambéry.. ! Mais enfin, qu’est ce que tu vas foutre là bas…. ?’

Pierre se tait sur sa seconde mission.

-‘…C’est pour un mariage, celui de ma nièce… ! Elle habite à Chambéry… ! Arnaud, je te suis reconnaissant pour tout cela.. !’
-‘…Bon, ne perds pas de temps, va t’occuper d’eux.. ! Au cas, où tu aurais un problème, appelle-moi, quand tu veux, voilà mon numéro de téléphone…456… !’
-‘…Merci.. !’
-‘…Vivement que tout cela se termine sans trop de dégâts.. ! Bonne chance… !’
-‘…Les dégâts… ? Nous n’aurons jamais assez de temps pour les réparer, tout cela va rejaillir sur nous, un jour ou l’autre.. ! Et chacun ira de son innocence.. !’
Une conclusion prémonitoire.

-‘..Si j’ai d’autres nouvelles, je te les ferai porter, Pierre, allez salut… !’

Chez lui, Pierre informe la famille Leïbovici des évènements à venir.

-‘…Il faut nous préparer pour demain matin, à la première heure… ! Le voyage sera long surtout. Les barrages seront nombreux en cours de route.. !Les Allemands sont sur le qui vive… ! La résistance en Europe multiplie les actes de sabotage … ! On parle de fours crématoires en Pologne, des contingents de juifs sont gazés et brûlés par centaine de milliers ! Il faut faire vite… !Monsieur Elie.. !’
-‘…Je n’ai pas le choix… ! Vous dites demain matin… ! Vendredi… ?’
-‘…Oui, dés la première heure matinale… !’

Durant la nuit les angoisses de Pierre, redoublent. Il a peur par toute cette aventure.
Il ne ferme point l’œil de la nuit suivi par sa femme Adèle qui craignait pour son mari.

Vers les 5 heures, Pierre se lève suivi par Monsieur Elie.

-‘…Monsieur Pierre, sauf votre respect, je ne peux voyager… !Aujourd’hui… !’
-‘…Vous êtes malade… ? Monsieur Elie… ?’
-‘…Non… ! Il s’agit d’autre chose.. !’
-‘…Alors quoi Monsieur Elie… ?’
-‘…Vous dites que le trajet sera long….. ! Je risque d’enfreindre le Shabbat… !’
-‘…Mais c’est une situation exceptionnelle Monsieur Elie, de vie ou de mort… ?’
-‘…Je sais, mais je ne pourrai pas partir… !’
-‘…Bon.. ! Bon… ! Réfléchissons… ! Ensemble… ! Pourquoi ne pas me l’avoir dit hier matin… ?’
-‘…Je vous tracasse n’est ce pas Monsieur Pierre… ?’
-‘…Non… ! Non… !Je respecte vos convictions… !’

Une situation inattendue se présente devant Pierre.
Adèle a tout entendu….Elle se lève en robe de chambre et va parlementer avec son mari, en aparté. Au même moment, on frappe à la porte…

-‘…Ce doit être le chauffeur… !’ Dit Pierre…
-‘…Laisse moi faire, Pierre…… !’ Propose Adèle.
Le BILLET XIX




Elle ouvre puis échange quelques paroles avec l’inconnu sur le palier, venu prendre sa cargaison de juifs. Adèle avec calme et surtout motivée trouve un bon prétexte pour sortir de cette mini crise.

Quelques minutes plus tard..

-‘…Voilà tout est arrangé, il reviendra dimanche.. !’
-‘…Comment as-tu fais… ?’
-‘…Presque rien, je l’ai soudoyé… ! Je lui ai fait comprendre que la résistance saura le récompenser plus tard… ! Aussi simple que cela… !’
-‘…Toi alors, quelle fine négociatrice tu es… !’
-‘….Bon tout est parfait… !’
-‘…Notre heure a été repoussée par la grâce de D ieu… !’ Dit Elie tout confus.
-‘…Nous sommes de tout cœur avec vous… !’ Ajoute Adèle, heureuse par sa démarche.

Toute la maisonnée une heure plus tard est debout.
Les enfants sont les premiers servis sous l’œil vigilant de Olga.
Puis c’est le tour des adultes.

Pierre, pendant le déjeuner….

‘…Je dois voyager aussi avec vous M. Elie. Je descendrais avant vous. Vous continuerez le reste du trajet avec des accompagnateurs de confiance. Je dois remettre un billet à une petite fille juive du nom de Camille Loiseau mais en réalité elle s’appelle Lévi… hébergée dans un prieuré pas loin de la frontière suisse….. ! Quand vous serez de l’autre côté de la frontière suisse, on vous reprendra en charge… ! Ne vous inquiétez pas tout est arrangé… ! Ma mission sera terminée en ce qui vous concerne.. !’

Monsieur Elie s’arrête un instant de manger…Essuie ses lèvres…

-‘…Vous dites que la jeune fille se nomme Camille… ! Camille Lévi… ? Par hasard, sa maman ne s’appellerait t’elle pas Henriette… ? Henriette Lévi… ?’

Pierre fut surprit par la question du religieux..

-‘…Vous connaissez cette dame… ?’
-‘…Adèle, je ne sais que dire, Henriette avait travaillé huit ans durant, chez moi et elle fut obligée de me quitter pour raison de santé…. !D’ailleurs, je n’ai pas pu la joindre pour l’avertir de ce qui se tramait tout comme d’ailleurs je n’ai pas voulu fuir avant d’avertir nos autres concitoyens…Hélas….’ Répondit M. Elie.
-‘…Mon D ieu… ! Quelle étrange coïncidence… ! M. Pierre… !...La famille Lévy habitait du côté de Ourcq, si mes souvenirs sont bons.. !’
-‘….Rue des Annelets… ! Plus exactement… !’ Dit Pierre.
-‘…Mais comment êtes vous tombés dessus Monsieur Pierre… ?’
-‘…Par ceci…. ! Un simple message qui se trouvait dans un interstice de wagon.. ! Lisez-le.. !’

Monsieur Elie, prit connaissance du billet…

-‘…Achem… ! Sa famille est déportée… ! Elle est sûrement dans un camp de la mort ou morte peut être à présent… !’
-‘…Sans doute.. !’ Ajoute Adèle, toute bouleversée…

Aurèlie se lève.

‘….Je vais aller faire quelques courses, juste en bas et je serai de retour dans une heure.. !’

‘…Monsieur Pierre, vous ne pouvez pas vous imaginer les frissons qui me parcourent à l’annonce de cette nouvelle… !’
-‘…Je compatis… !’

Le déjeuner prend fin.

Monsieur Elie, regagne sa chambre et ouvre son livre de prière pour psalmodier.
Pierre décide d’aller faire un petit tour dans le quartier, histoire de savourer ‘ces premières démarches’. Il croise en cours de route, Aurèlie tenant un panier dans ses mains…

-‘…Je vous réserve une surprise pour ce soir, ils seront bien heureux.. !’

Et sans dévoiler son plan, elle se hâte de continuer à faire son marché.

Pierre continue sa route et rentre dans une brasserie.

Une heure plus tard, Aurèlie fait part de son projet à Adèle et à Olga…

-‘…Je ne vous demande pas grand chose Olga, si vous y consentez bien sur, voilà, je veux que vous purifiez la vaisselle, par vos soins et que vous nous cuisiniez un Shabbat selon votre rite, j’ai tout apporté sauf la viande mais du poisson par contre, de la farine et surtout ceci, une bouteille de vin Cacher que j’ai pu dénicher chez un ami, vendeur de boisson… !’

Olga n’en revient pas. Sans hésiter, elle étreint la bonne Aurèlie dans ses bras tout en la remerciant avec chaleur.

-‘..La cuisine vous appartient nous vous aiderons au cas ou… !’

Adèle regarde sa belle-mère avec une telle reconnaissance dans les yeux que la belle fille..

A suivre…

Albert SIMEONI


Le BILLET XX




-‘…Maman, vous venez d’accomplir une grande Mitsva, vous le savez. Je ne sais que vous dire… ! Que D ieu vous donne la santé… ! Quant à moi, je vais vous regarder faire… !’

Olga, sans perdre de temps, met un tablier autour de sa taille et commence sa besogne avec diligence. Toute la vaisselle est purifiée avec soin selon le rite juif orthodoxe.
Olga se prend à confectionner son plat de poisson avec du riz.
Elle attend patiemment la cuisson tout en allumant du bois qu’elle introduit dans le compartiment approprié du four.

Pendant ce temps, elle prépare sa pâte pour confectionner ‘des khallots’ et des petites pâtisseries sous les yeux curieux de la maîtresse de maison et de sa belle-mère.
Une demi-heure plus tard, elle enfourne son pain. Toujours sous les regards de ses témoins qui s’extasient du savoir-faire de cette femme aux principes rigoureux.
Le pain cuit, elle s’attèle aux gâteaux. Tout en jetant un œil sur la cuisson de son met. Elle charge Aurèlie et Adèle de lui préparer quelques salades.

Un délicieux fumet s’échappe de la cuisine et envahit toutes les pièces. Le nez averti du religieux comprit que quelque chose de grandiose se trame.

Deux heures plus tard, midi sonne à la pendule. Pierre est de retour et il est surpris par ces délicieux fumets. Il ne dit rien. Il devine le plan que lui réserve sa belle-mère en la croisant en bas de chez lui et qui se prépare sous la direction de la nouvelle ‘maîtresse de maison’ d’un soir, Olga.

La table pour le midi est dressée. Des salades, en abondance, garnissent la table.
Le religieux et les enfants font leurs ablutions tout en récitant les prières d’usage.
Par respect pour la famille, on ne pose pas de vin non cacher mais des bouteilles d’eau.
Des filets de merlan panés et des frites coupées en lamelles, bien chauds, attendaient preneur. Toute la maisonnée se retrouve assise autour de la table. Ils mangent convenablement, tout en laissant libre court à toutes sortes de conversation en rapport avec l’actualité. Puis vient le tour des desserts. Des pommes et des poires achetées bon marché, côtoient par la suite les reliefs laissés dans les plats.
Plus tard, Pierre émet le vœu de s’allonger un peu tandis que M. Elie retourne dans sa chambre avec toujours cette soif de prier. Les enfants jouent autour de la table tandis que les femmes s’attellent aux derniers préparatifs du shabbat.

Olga vers les 18 heures 30 allume une veilleuse, en priant, toujours sous la surveillance d’Aurèlie et de Adèle qui écoutent.

-‘…En souvenir des âmes de nos ancêtres.. !’ Dit-elle.

M. Elie prend sa douche ; suivent ses enfants et Madame Olga.
Elle rentre par la suite dans sa chambre pour s’apprêter. Elle en ressort, convenablement vêtue, sans chic, la tête ceinte par un fichu de couleur bleu.

-‘…Vous êtes très belle Madame Olga.. !’ Dit Aurèlie à son encontre…

Pierre se lève enfin de son bénéfique sommeil. Il découvre une table dressée avec beaucoup de soin, une serviette blanche recouvre quelque chose. . Elle attire son attention.

Adèle lui souffle à l’oreille…

-‘…C’est le pain du motsi… !’ Chéri.. ! Nous allons assister pour la première fois de notre vie à une entrée d’une belle fiancée’ comme me l’a dit Olga… !’
-‘…Quelle fiancée… ?’
-‘…Chez les juifs pratiquants, le respect du shabbat est important et ils assimilent cela à la venue d’une fiancée toute belle qui donnerait le coup d’envoi de la rentrée du jour sacre… !’
-‘…A quelle heure doit t’elle rentrer chez nous et en plus on n’a rien prévu pour elle.. !’
-‘...Mais non, tu ne comprends pas, aucune fiancée ne viendra mais c’est un symbole ce qui veut dire que le shabbat doit être attendu comme une fiancée enfiévrée qui attend de franchir la porte… ! Ils doivent impérativement se préparer avec ferveur à cette arrivée… !’
-‘…C’est du virtuel alors… ?’
-‘…Oui si tu veux … ! En plus, il l’accueille avec des chants et beaucoup de joie… ! C’est magnifique Pierre… !J’attends cet instant avec solennité… !’
-‘…Bon alors attendons ensemble… ! Je suis heureux de les voir près de nous chérie.. !’

La nuit ne se fait pas languir.


A suivre…
Le BILLET XXI



Monsieur Elie sort enfin de sa chambre. Pierre est debout laissant faire le religieux puisqu’il est pour le moment le chef de maison ; le maître de cérémonie pour un soir.

Les enfants de l’ancien patron confectionneur de moumoutes à Paris, bien silencieux, sont assis autour de la table attendant les instructions de leur père, pour s’asseoir.
Edouard est dans les bras de sa grand-mère, Aurèlie. On lui pose un petit calot. Adèle et Aurèlie sont ceintes d’un foulard. Le religieux, enfin prêt, commence par bénir ses 'hôtes' et la maison.

Adèle et Aurèlie se tiennent à côté de Olga. Pierre, la tête couverte par un calot est juste légèrement en retrait de l’homme de la torah.

M. Elie commence, un verre de vin à la main, une prière personnelle. Il entonne ses premiers versets emprunts de trémolos dans la voix. Une voix douce puis forte par moment tout en se faisant basse par instant. Il demande pardon à D ieu, de n’avoir pas pu respecter trois repos sabbatiques, dans le camp d’internement. Ses yeux s’embuent, sans qu’aucune larme ne vienne perturber sa lecture, et à mesure qu’il fait son mea culpa, Aurèlie et Adèle sont prises d’une intense émotion, bien qu’elles ne comprennent rien à l’hébreu mais elles devinent à son regard levé vers le ciel, ses suppliques.

Puis arrive dans la foulée le Yom Hachichi récité toujours avec une voix rauque, basse et grave digne d’un meilleur chanteur d'opéra de Paris. Tantôt modulable, tantôt rectiligne. Il chante ce rituel, plusieurs fois séculaire qui annonce le lendemain d’un jour sacré. Un jour qui n’est pas comme les autres et qui ne le sera jamais. La famille Bethier écoute pour la première fois de leur vie, une prière juive et pas n’importe laquelle ; celle qui donne le coup d’envoi d’un repos hebdomadaire tel que D ieu l’a prescrit. Ils remarquent M. Elie jouir intensément de son premier Shabbat de liberté.

Aurèlie détourne la tête. Elle n’en peut plus. Adèle fait un effort surhumain pour se retenir tandis que Pierre écoute, la gorge nouée, ce passage des textes sacrés lu, chez lui, pour un vendredi saint. Bien qu’il ne comprenne rien lui aussi à ce que raconte l’ancien employeur de sa femme, il est pris d’une tristesse infinie.

M. Elie comprend ce qui va se passer. Il leur fait signe de ne pas pleurer, mais d’écouter avec calme et sérénité la suite.

La prière prend fin. Les enfants entonnent d’une voix 'mezzo', des chants hébraïques de leurs pays de naissance, apprises dans leur jeune age.
Edouard attentif, semble heureux.

M. Elie procéda par la suite au partage du pain, le motsi. Il sert tout le monde.
Ensuite, Olga et les femmes prennent le contrôle des choses en main.

Le dîner est servi. Au menu, du poisson accompagné de riz blanc et de tout un assortiment de salades et de légumes mijotés à feu doux. M. Elie semble satisfait, par toute cette chaleur chrétienne qui côtoie une atmosphère juive polonaise dans cette maison étrangère qui lui ouvre les bras.

Puis il discoure un moment sur l’aspect du vendredi soir et de celui du shabbat.

Ses ‘convives’ écoutent attentivement les paroles de l’ancien patron, du pressenti moribond, qui a eut la chance d’avoir eut la vie sauve. Il repense à ces journées d’horreur qui suivirent ‘sa capture’ et à ces milliers de familles qui, dans un état déplorable, quémandaient des nouvelles de leurs enfants perdus dans la foule. Il ressent une étrange douleur à ce souvenir mais son regard ne trahit aucune haine envers ces bourreaux. Il reporte tous ces évènements sur la fatalité, et non sur le compte de D ieu car le seigneur n’est pas coupable de quoi que se soit, et aussi et surtout parce que M. Elie est un homme de bienfaits, qui ne culpabilise personne.
L’amour de la torah lui interdit ce genre de mauvaises pensées, sur ce que D ieu crée ou fait par sa seule volonté.

La soirée se termine bien tard alors que les enfants de M. Elie dorment déjà.

Le lendemain, le jour de repos est sanctifié par M. Elie, qui passe toute la journée à prier tandis que sa femme Olga et les femmes dialoguent, dans le salon sur tout ce qu’il leur passe par la tête.
Pierre, de son côté, passe sa journée en farniente attendant avec impatience le reste de sa mission.
Le soir, M. Elie fait ‘sortir le shabbat’ en compagnie de ses ’ouailles’ toujours attentifs à ses recommandations et prières.

A suivre…

Le BILLET XXII


Le dimanche arrive. Toute la famille est sur pied, dés les premières heures de la matinée. Le soleil est de la partie. Un matin serein, estivale.
Comme convenu, le chauffeur de l’avant avant veille, bien matinal, est debout, son béret tenu entre les mains, devant M. Pierre.

La famille Elie Leïbovici est fin prête. Les enfants sont habillés sobrement.
Aurèlie a préparé, à leur attention, des pains bagnat rempli de morceaux de thon accompagnés d’œufs durs coupés en deux, le tout encastré entres ces deux mies avec des feuilles de laitues qui chapeautent les condiments et des bouteilles d’eau ; quelques pommes et des pâtisseries tels que des Latkess, des schtroudels et des kirelérhs de la veille, ( \rouge{je remercie mon ami Suggest’ de m’avoir soufflé ces noms de gâteaux) }, tous bien enveloppés dans des sacs en papier kraft.
Mr Elie se fend en remerciements tandis qu’Olga prend Adèle dans ses bras sans oublier Aurèlie.
Une tristesse infinie accompagne leurs derniers saluts mais pas une larme n’est versée.

La famille Leïbovici et Pierre s’engouffrent dans le bus scolaire conduit par le chauffeur pressenti pour une partie du voyage. Des écoliers sont dans la grande cabine à chanter et à s’amuser. La famille Leïbovici prend place à l’arrière du véhicule suivi en cela par Pierre.

Durant leur court trajet dans la capitale, ils croisent des camions remplis de soldats allemands qui roulent à vive allure sur les boulevards . Les camelots et autres marchands ambulants voient ces transporteurs de troupes avec mépris et haine. Pas un regard ne leur est adressé. Une atmosphère d’enterrement.

Ils sont depuis deux bonnes heures sur la route. Paris est à 150 km derrière eux. Tout se passe sans incident majeur. Et toujours ces convois de soldats qu’ils croisent sur les routes départementales. Le chauffeur par prudence emprunte des sentiers de fortune, en rase campagne, évitant ainsi les grands axes routiers. Des villages ensommeillés sont traversés en début d’après midi.

Lors d’un contrôle de routine, en cours de route par les gendarmes, la famille se montre pleine de courage et surtout discrète. La seule présentation de leurs laisses passée, frappés de l’aigle du Reich ainsi que tous ses enfants bruyants, chantonnant, leur ouvre les barrages sans aucune autre forme d’interrogation, trop poussée.
En fin d’après midi, ils arrivent du côté de Lyon. Un second chauffeur remplace le premier.

Quelques heures plus tard, enfin, ils arrivent dans les faubourgs de Chambéry vers les 22 heures. Les enfants de Mr Elie sont endormis sur les genoux de leur parent. Le chauffeur attend quelques instants. Le temps de faire un besoin. Les autres enfants sont descendus depuis fort longtemps pour une autre destination.
La famille d’Elie et Pierre se retrouvent donc seule dans le vaste car.
Le chauffeur engrange sa première et démarre. Sous un lâché de gaz carbonique.
Une heure plus tard, la ville de Chambéry est annoncée par un grand panonceaux.
Pierre est arrivé à destination. Il est 23 heures. Il reste encore un moment à discuter avec Mr Elie. Puis, il se lève, prend possession de son sac à main. Il salue chaleureusement toute la famille en leur souhaitant bonne chance et bonne continuation..

-‘…Ne vous inquiétez surtout pas, ceux qui vont vous conduire de l’autre côté sont des patriotes de confiance… ! Vous arriverez avec la grâce de D ieu à bon port. Ils vous restent encore entre deux ou trois heures de temps avant de franchir la frontière… ! Le chauffeur vous indiquera la marche à suivre… ! Il connaît son répertoire par cœur… !’

-‘…Salut André… !’ Dit il à l’adresse du conducteur…’..Et surtout soit vigilant… !’
-‘…T’inquiètes pas….Pierre… ! Je n’ai jamais raté une mission… !’

A suivre…
Le BILLET XXIII



Le car poursuit sa route vers sa destination. Deux heures plus tard, le chauffeur abandonne son véhicule, au lieu dit ‘...DES LUTINS...’ à quelques un km environ de la frontière suisse. Un autre homme, sorti des fourrées, vient les rejoindre pour franchir la frontière de nuit, en empruntant des chemins escarpés de montagnes. Des itinéraires connus par lui seul.

A cinq heures du matin, toute la famille Leïbovici se retrouve enfin à Lugano. Libre.
Des membres de l’Agence juive les prennent en charge et les conduisent en Italie afin de les embarquer le lendemain pour ASHDOD.

Bien avant, de son côté, Pierre, comme le lui avait indiqué, Jeannette alias Victoria, se dirige vers la gare de Chambéry. Il a quelques centaines de mètres à faire à pieds. La gare se découvre à lui, toute illuminée, à un détour d’une grande avenue.
Il rentre dans le hall. Tout était désert. Il va s’allonger sur un banc, attendant l’ouverture du bar. Emporté par la fatigue, Pierre s’assoupit. Vers les 5 heures du matin, il se lève au bruit du nettoyeur de la salle, il s’étire, remue sa tête de gauche à droite, vise des toilettes pour rafraîchir son visage. Enfin frais et dispos, il se dirige vers le bar qui s’apprête à ouvrir. Il est le premier client.
Il se restaure un court moment tout en fumant une de ses cigarettes préférées. La préposée à la billetterie, prend enfin son service en baillant aux corneilles. Il s’avance vers la guichetière pour s’informer sur le prochain départ de train pour la Ferté-En –Amont… !

-‘…Premier départ affiché vers les 6 heures trente deux, Monsieur… !’
-‘…Je veux un billet aller retour, s’il vous plait…!’
-‘…Deux francs et 35 centimes… ! Monsieur… !’

Il paye et retourne s’asseoir sur le banc. Il allonge ses jambes à l’horizontale en attendant la bonne heure. Brûlant cigarettes sur cigarettes. Ses pensées sont avec la famille de M. Elie.
Il réfléchit aussi à ce qu’il va trouver une fois dans le prieuré.
Il pense tout d’un coup à téléphoner à sa femme. Sans hésiter, il va voir la guichetière qui lui indique un poste téléphonique. Il compose le numéro de Mme Lebrun à 5 heures 48. Une standardiste lui répond. Il donne le numéro demandé et attend la communication, que la voix de sa concierge donne signe de vie…

-‘…Madame Lebrun… ? Excusez-moi de vous réveiller à cette heure matinale.. ! Puis- je parler à ma femme Adèle… ?’
-‘…Monsieur Pierre… ? Content de vous entendre, alors tout se passe bien pour vous.. ! La fête… ?’
-‘…Oui très bien, justement je voulais avertir Adèle que tout se passe bien… !’
-‘…Je vous l’appelle… ! Restez en ligne M. Pierre.. !…Ah....! J’oubliais de vous dire, que j’ai eu un coup de fil d’un ami qui vous passe le bonjour et que ‘..Le Pays de Cocagne est un beau pays… !’ Je n’ai pas compris… !’
-‘…Il voulait dire qu’il fait beau en Italie… !’

Deux minutes plus tard…

-‘…Allô....! Adèle… ?’
-‘…Oui Pierre… ! C’est moi alors … ? »’
-‘…La fête reprendra tout à l’heure en attendant, je suis dans le grand salon... !’
-‘…Notre ami, le gendre de M. Arnaud vient de m’envoyer une carte d’invitation, tout va très bien pour Jean-Marie … ! Ils sont arrivés au pays de cocagne… !’
-‘…Ah enfin, merci, j’étais sur qu’il nous ferait part de sa fête… ! Merci chéri… ! J’ai une folle envie de toi.. !’

Le petit train Chambéry/Fertè-En-Amont est annoncé à l’heure dite.

A suivre..




Le BILLET XXIV




Un groupe de travailleurs se trouve dans le seul wagon de la navette.
Pierre s’installe près d’une porte de sortie. Le train démarre. Le voyage doit durer trente minutes, avec cinq arrêts à Monte-Claire, Château des Templiers, Almonde, La Roche- Sur-
Ion, Le Fort de Ferté - En-Amont et enfin Ferté- En- Amont. Il prend plaisir à contempler à travers la vitre du train ces alpages et cette verdure inondée de fleurs, protégés par des montagnes ainsi que de petits ruisseaux, allongés paisiblement dans leur lit. Il n’est plus qu’à une station pour pouvoir enfin accomplir sa seconde mission lorsque l’un des travailleurs du groupe vient vers lui…

-‘…CAMILLE DE ST JACQUES…. ! Vous passe le bonjour, ne dites rien surtout, on viendra vous chercher dés votre descente de train…Le chauffeur se nomme Rémy, vous lui direz de la part de Blanc-Bec.. !’

L’homme retourne vers son groupe.

Cinq minutes plus tard, il foule les pavés de la rue.
Il est dehors quand une dame s’approche de lui…

-‘…Auriez vous du feu, s’il vous plait… ?’
-‘…Oui bien sur… !’
-‘…Il est juste au tournant, dans la rue à votre gauche… !’
-‘…Merci… !’
-‘…Au revoir Monsieur… !’

En effet une voiture attend à un coin de la rue.

Il monte dans le véhicule…

-‘…De la part de Blanc-Bec… !’
-‘…Je suis Rémy, je dois vous accompagner là où vous savez… ’ Carrefour des quatre chemins…. ! Vous marcherez environ dix minutes et puis vous serez aux pieds de la montagne Blanche… !…Bonne chance, je serai là dans exactement deux heures, vous avez trente minutes de marche pour arriver là haut et autant pour descendre. Donc il ne vous reste qu’une heure pour prendre Camille… ! Salut.. !’
Rémy démarre.

Vingt minutes plus tard, comme indiqué, la fameuse montagne apparaît à son regard.

Pierre est debout face à ce grand monticule. Son sac posé à terre.
Il voit le prieure se détacher d’entre les montagnes. Il ne perd pas de temps et commence son ascension. Comme le chauffeur le lui avait prédit, il se retrouve une demi-heure plus tard devant une grande porte. Il tire sur une cloche, attend quelques minutes avant qu’un père franciscain ne lui ouvre le portail. Le religieux lui fait signe de le suivre. Pierre emprunte des allées bien alignées et bordées de fleurs. Un chapelet de moines en bure est à la cueillette de pommes. Puis, il traverse une grande cour. Le père lui fait signe d’attendre dans un couloir décoré de vitraux représentants la crucifixion du Christ. Il se signe.
Il entend des pas et un autre père se présente à lui…

-‘…Bonjour M. Pierre, je suis l’abbé Amédée et sans vous faire plus attendre, je vais vous conduire vers Camille. Elle vous attend dans mon bureau… ! Que les voies du Seigneur vous accompagnent… ! Mon fils… !’

Pour un cheminot qui passe toute sa vie sur les voies, la réflexion de l’homme pieux tombe au bon moment.

Pierre sent son cœur battre la chamade. Sa respiration s’accentue et le père devine sa trop grande émotion.

-‘…Soyez calme et remettez vos sentiments au Seigneur, il vous aidera... !’

Pierre comme par miracle se calme. Il suivait ce chef spirituel, les bras engoncés sous sa bure, comme s’il suivait une procession sans foule. Il se sent soulagé par les quelques paroles d’apaisement du reclus.
Le père Amédée pousse la porte, toujours suivi par Pierre. Il ne voit pas, sur le moment, celle qui doit recevoir son fameux billet. Il entend, cependant, la porte se refermer derrière lui. Il se rend compte qu’il est tout seul. Il pose sa sacoche sur le carrelage sans doute froid de ce bureau sans apprêt. Il s’avance un instant lorsque soudain, jetant un regard par-dessus le grand fauteuil qui jouxte le bureau du prélat. Il remarque une tête aux cheveux blonds.

A suivre…
HOMMAGE A VOUS CHERES AMES, Z'al,HARISSIENNES.




Je viens déposer aux pieds de vos châteaux,
Mes hommages, mes gerbes de doux mots,
Vos belles âmes fleuries, entourées
De poèmes de chansons et de récits.

Qui d’autres à part moi, d’entre vous
A osé rallumer le souvenir de votre mémoire.
A part celui qui n’oublie vos édits.
Quel est donc ce reproche si mal venu
De la part de quelques parvenus
Plus enclins à chamailler que d’honorer.
Qui se donnent des airs de grandeur.
Pour accabler leur grand Sieur,
Par leurs langues de viscieuses.
On a compris leur déconvenue.

Vous qui viviez dans l’au-delà
Je viendrais parfois chanter là bas.
Ici, mes odes à votre mémoire
Qui ne s’efface selon mon bon vouloir.


A Toi Sire Rapho l’artiste anobli
A Toi l’Henri ton Haq* (Ta vérité)
Que ton Oued soit parfumé
A Toi Boukhris ma recette de mots.
A Toi le Simon, les grands kifs,
A Toi la Victoria la politique.
Et à moi mes homélies.

Nul homme, nulle femme, nuls ou instruits
En apparence, ne peut échapper à son destin
Car un jour viendra, où nous leur tiendrons
Compagnie.
Pour l'autre vie.


Le BILLET XXV


Une petite fille est assise dans un fauteuil trop grand pour elle. Elle tourne la tête vers cet inconnu debout, en silence, qui la fixe intensément …

Musique en arrière fond.



-‘..Tu n’es pas mon père… !’ Lui dit-elle par sa voix fluette.

Pierre est ébloui par la beauté de cet enfant aux yeux bleus et à la chevelure blonde coiffée avec des tresses qui dépassent généreusement ses épaules. Il ne fait guère attention à la réflexion de la toute jeune fille. Il est ailleurs à savourer l’instant présent, celui de remettre ce dont il était chargé de faire depuis Paris, laissant femme, maman et enfant : sa mission, le message de sa maman.
Il est subjugué par ce joli minois de petite fille, tout en régulier dans lequel tout est parfait. La fille le regarde sans rien dire, attendant sûrement une réponse de ce monsieur qui tarde à sortir de sa béatitude.

-‘…Je ne suis pas ton père, seulement un ami, Camille, je suis un ami de ta famille et je m’appelle Pierre. Je suis venu te remettre un billet… !Et cela… !’
-‘…Elle s’appelle Cécile et elle a deux ans.. ! Je l’ai vu naître, tu sais Pierre... ! Mais ma maman a oublie de me la donner… ! Merci… !’
-‘…Je trouve qu’elle aussi belle que toi ta doudou Cécile… !’
-‘…Elle est toute poussiéreuse ma Cécile, personne ne s’en est occupée à ce que je vois… !’
-‘…C’est à dire qu’elle n’a pas voulue que tante Jeannette sans occupe, elle voulait que cela soit toi qui le fasses… ! Tiens, voilà le billet, tu peux le lire si tu veux à voix basse ou dans ta tête, il émane de ta maman.. !’
-‘...Où est t’elle, elle n’est pas venue me chercher de chez tante Jeannette… !’
-‘…Ta famille est partie pour un long voyage mais avant, ils t’ont laissé une recommandation que voici… ! Tiens lis... !’

Camille saisit du billet et se met à le lire à voix haute devant Pierre.
Pierre ressent cette angoisse qui le tenaille depuis le départ. Il est mal en point devant la lecture que faisait Camille de sa douce voix


Elle arrive à la fin du message..‘…. Dis à ta tante Victoria de ne pas s’en faire… !’
-‘…Qui est tante Victoria… ?’
-‘…C’est Jeannette, elle avait un surnom que tu ignorais… ! Mais que ta maman connaissait… !’
-‘…C’est tout… ?’ Dit- elle presque déçue par cette courte lettre.
-‘…Elle n’a pas eut le temps de t’en dire plus mais lorsque tu la reverras, tu pourras parler plus longuement avec elle... ! Nous allons partir Camille… !’
-‘…Où m’emmènes- tu…?’
-‘…Sûrement dans un pays beaucoup plus beau que celui ci… ! Il faut s’en aller … ! Camille… !’ Dit- il en lui prenant la main.

Pierre se rappelle l’heure du rendez-vous avec le chauffeur.
La petite fille obéit et enlaça sa poupée…

-‘…Elle vient avec moi, sinon je reste là.. !’
-‘…Oui, tout ce que tu voudras, Camille, allons à présent, il se fait tard…. !’

Ils se lèvent. Pierre tourne la poignée de la porte. Père Amédée est là assis, attendant la fin de la discussion…

-‘…Mon père, je tiens à vous remercier pour tout ce que vous faites en ces moments pénibles.. !’
-‘…Que le Seigneur vous accompagne, Monsieur… ! Au revoir Camille...!’

Elle tend sa main vers le prélat qui la serre d’entre ses mains pieuses.

-‘…Merci pour tout… ! Monsieur le curé….!’

Pierre, et sa protégée prennent le chemin inverse.
Il a juste le temps de souffler que la voiture, une petite Renault 4x4, freine devant eux soulevant un nuage de poussière.

-‘…Montez, nous devons partir.. !’


A suivre…



Le BILLET XXVI



Le chauffeur démarre, presque en trombe.

-‘…Je vous dépose prés de la gare. Votre mission s’achève là-bas Monsieur Pierre… !’
-‘…Que va t’il advenir de la petite… ?’
-‘…Ne vous tracassez pas, elle aura un brillant avenir là où elle sera… !’
-‘…Sans….. !’
-‘…Ne dites plus rien, tout va aller pour le mieux pour elle.. !’

Durant tout le trajet, Pierre n’a d’yeux que pour Camille. Elle joue avec sa Cécile sans se soucier de son état d’orpheline…


Il est dépose selon le plan préparé par avance. Il se penche sur Camille et l’embrasse sur les deux joues…

-‘…Que D ieu soit avec toi, Camille…. !’

La voiture prend la route emportant Camille Lévi vers son destin.

Pierre se retrouve à la gare et retéléphone sur-le-champ à madame Lebrun, en passant par la même standardiste. Il avertit sa femme que tout s’est bien passe.

La libération de Paris arrive et la capitale est enfin débarrassée de ses’ chleux’.
Paris retrouve sa joie de vivre quelques années plus tard.
Entre temps, Adèle accoucha d’une petite fille qu’ils prénommèrent Agnès.

Passe le temps et Pierre est toujours là à surveiller ses voies. Il a 55 ans. Edouard est devenu un jeune adolescent tandis que Agnès, espiègle, grandit aisément entourée des siens. Aurèlie, la grand-mère a fait connaissance avec d’autres amies, toujours juives, dont certaines fraîchement débarquées de leur Algérie natale. Les pieds noirs comme on aime les appeler. Elle est heureuse de retrouver cette chaleur qui les caractérise tout en étant triste de ne plus revoir ses anciennes copines pour la plupart déportées et brûlées dans les fours crématoires.

Adèle a trouvé entre temps, un travail temporaire, comme infirmière dans un hôpital de la Capitale ; le monde des hôpitaux en souffrait cruellement, faute de personnel. Plus tard, elle ouvre un petit commerce de reprises de vêtements dans son quartier. La clientèle est satisfaite par ses services, d’autant plus qu’elle propose, repassage, teinturerie et lavage à des prix très abordables.
Dans les premiers temps, au début, la famille Berthier recevait quelques nouvelles de leurs anciens protéges mais pas de chez Camille. M. Elie avait retrouvé son frère Meyer en Israël. Ils fondèrent un kibboutz pas loin de la colline de Jérusalem, ‘…Moshav Letsion.. !

Les deux frères s’attelèrent à monter un commerce, toujours dans la confection mais dans les jeans. La fabrique portait l’enseigne de ‘…LEIBOVICI JEAN’S..’
Puis plus rien. La guerre de 67 éclata, suivie quelques années plus tard par celle de la guerre du YOM Kippour en 1973.

Adèle , Aurélie et Pierre vivent seuls à présent, les enfants se sont mariés. Ils sont grands-parents et arrière-grands parents pour Aurèlie, depuis deux ans.

Adèle, chez elle, vaque à ses occupations lorsqu’un matin, le facteur lui remet ce qui parait être une invitation. Les écritures son en hébreu ainsi que le timbre. L’en tête porte le sigle de Yad Vachem. Le mémorial de la Choa érigé aux six millions de victimes juives du nazisme durant la seconde guerre mondiale.
Elle n’ouvre pas la missive sur l’instant, attendant que Pierre rentre le soir de son travail.
Vers les 20 heures, Pierre sonne à la porte. Il se douche et pendant l’heure du dîner, Adèle lui fait part de la missive reçue le matin même.
Il décachette l’enveloppe et prend connaissance, en silence, du contenu de la lettre en présence de ses enfants mariés. Ils sont grands-parents trois fois. Deux enfants pour Edouard, et une fille pour Agnès.
Il met ses lunettes et commence à lire l’objet de la missive à haute voix d’une voix fatiguée, et en tremblant des mains.

A suivre….

Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter






HARISSA
Copyright 2000-2024 - HARISSA.COM All Rights Reserved