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À réfugié, réfugié et demi ! par Johann Habib

 

À réfugié, réfugié et demi !

 

 

 

Quelle étonnante tribune que celle de Hanan Ashrawi, l'éminente représentante de l'OLP (Organisation pour la libération de la Palestine), publiée dans le Huffington Post version anglaise!

Quête de légitimité

Rappelons qu'elle dénie aux centaines de milliers de juifs expulsés des pays arabes le droit de se revendiquer réfugiés, sous prétexte qu'ils auraient rejoint leur patrie ancestrale. Elle affirme, en quelque sorte, qu'il faut choisir: soit Israël est leur patrie et donc ils ne sont pas réfugiés, soit ils sont réellement réfugiés et peuvent retourner dans ces pays, avec en toile de fond, la délégitimation de l'Etat d'Israël comme Etat des juifs et l'accusation d'utilisation cynique de la notion de réfugiés.

La véhémence des propos sur la forme et les arguments erronés sur le fond mettent en évidence la situation peu enviable d'une organisation (l'OLP) aux abois, gangrenée par la corruption et décrédibilisée au sein de sa population. Par ailleurs, elle laisse apparaître la crainte de l'Autorité palestinienne, que ceux qu'elle est censée représenter, ne soient plus les seules victimes au Proche-Orient après-guerre, point sur lequel elle prospère depuis plusieurs dizaines d'années.

Jeu de réfugiés

Au jeu de qui est plus réfugié que l'autre, on ne sait pas si Hanan Ashrawi gagnerait. L'acte fondateur du statut de juif réfugié est l'exil de Babylone en -586 et la première chute de Jérusalem, suivie de la promesse répétée chaque année de revenir à Sion. Les pogroms, inquisitions et génocides en Europe, les massacres, et l'attribution de l'humiliant statut de Dhimmis (inferieur plus ou moins protégé) infligés aux juifs en Méditerranée orientale, par les arabes après leur invasion, puis leur expulsion définitive suite à l'avènement d'Israël en 1948, donnent aux descendants des hébreux le statut de "réfugiés multicartes".

Il est important de souligner que le critère déterminant de la qualification de réfugié (définition de la convention de 1951) est la fuite du pays de résidence habituelle, par crainte de persécution, en raison de son appartenance à un groupe social ou à des opinions politiques. En aucun cas, la volonté de retourner dans le pays de résidence habituelle n'est exigée. Dès lors, si des personnes se sont installées dans un pays de manière durable, et s'y font expulser, ce n'est pas parce qu'elles, ou leurs descendants, ne souhaitent pas y retourner, qu'elles n'ont pas subi le préjudice de l'expulsion et ne pourraient être qualifiées de réfugiés. En effet, Il n'y a pas de raison pour que les arabes qui étaient présents entre 1946 et 1948 sur ce territoire et en sont partis, soient les seuls à pouvoir transmettre leur statut de "réfugié" à leurs descendants. Il est bien probable d'ailleurs que le traumatisme de l'expulsion se transmette de manière intergénérationnelle. Ainsi, si vous avez la chance d'assister à un vol Paris-Tel Aviv, vous vous rendrez compte par le volume de bagages embarqués que chaque traversée, même touristique, de la Méditerranée, doit être vécue par certains comme une véritable épopée. Au jeu des transmissions, oui, nous sommes tous des réfugiés.

Tourner la page

Cela peut sembler ridicule, et nombreux juifs d'Orient qui ont émigré en Israël, en Europe ou aux Etats-Unis, se sont complètement intégrés dans leur pays d'accueil. Certes, la génération des "migrants" a pu, un temps, garder rancœur pour avoir dû quitter de force leur pays où se trouvaient leur patrimoine culturel et financier qu'ils entretenaient depuis tant de générations, avant même l'arrivée de ceux qui les ont expulsés. Mais eux et leurs enfants ont fini par tourner la page. La démarche de l'Etat d'Israël dans ce débat sur les réfugiés n'est en rien revendicatrice, elle met simplement en évidence, devant la communauté internationale, outre l'équilibre du transfert de population, la différence de traitement entre les uns et les autres, et sans doute, l'incongruité de l'exception de la transmission, comme un patrimoine, du statut de réfugié palestinien.

Cynisme

Ce dossier ne doit pas masquer la culpabilité des pays avoisinants sur deux points essentiels. D'une part, ils ont forcé certaines populations arabes en 1948 à partir, en leur promettant de revenir victorieux. D'autre part, la situation dans ces pays (Jordanie, Liban, Syrie, Egypte) des descendants de ceux qui sont partis est catastrophique: par cynisme, au lieu de les intégrer, de leur donner la nationalité du pays, ils ont préféré les en exclure, les laissant dans des camps de réfugiés sans droits civiques ni civils, afin de maintenir et de faire prospérer l'extrémisme et la haine d'Israël par la propagande.

Perspectives

La justice n'a pas sa place dans le règlement de ce conflit inextricable. Rien ne se règlera à coup de revendication, de déclaration ou de reconnaissance unilatérale, mais par le pragmatisme et le dialogue. La négociation entraîne forcément un renoncement qui est en soi une injustice. Lorsque chaque partie aura plus intérêt à trouver une solution qu'un statu quo, alors la situation évoluera. Mais nous devons le faire non pas pour nous, mais pour éviter de créer d'autres générations de réfugiés.

 

 

Suivre Johann Habib sur Twitter:www.twitter.com/@taxlawisrael      

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