ANCIENS COMBATTANTS TUNISIENS
Anciens combattants tunisiens : Après la reconnaissance juridique, la récompense financière …
Le Service des Anciens combattants relevant de l’ambassade de France en Tunisie a organisé, dernièrement, une rencontre avec la presse locale pour faire part de la nouvelle revalorisation des pensions militaires des anciens combattants tunisiens ayant servi pour et aux côtés de la France pendant la Première et la Seconde Guerres mondiales. Cette récompense financière est certes la réparation d’une injustice commise à l’égard de nos compatriotes ; hélas elle vient peut-être trop tard pour certains. Et pour cause…
Comme l’on pouvait s’y attendre, une rencontre avec la presse ayant eu lieu dernièrement a permis d’évoquer certaines questions d’histoire entre la Tunisie et la France, surtout l’engagement et le rôle des Tunisiens —mais également des Maghrébins— aux côtés de la France et de ses armées. A l’exception des historiens, peu de gens connaissent le rôle fondamental joué par les Tunisiens dans la défaite de la puissance de l’Axe en Afrique du Nord. Mais malgré cela, les Tunisiens ayant pris les armes et combattu pour la France pour la libérer de l’occupation n’ont pas eu le traitement comparable à celui de leurs frères d’armes français. C’est pourquoi M. Philippe Pages, Directeur du Service des Anciens combattants et victimes de guerres auprès de l’ambassade de France en Tunisie, a indiqué, lors de cette rencontre, que cette revalorisation vise à apporter une solution équitable et juste à un problème d’injustice commis à l’égard des anciens combattants tunisiens. “ La “cristallisation” des pensions des anciens combattants tunisiens de l’armée française a vécu ! La loi votée le 31 décembre 2002 par le Parlement français, à l’initiative de M. Hamlaoui Mekachera, Secrétaire d’Etat aux Anciens combattants, règle enfin, de façon juste et équilibrée, ce douloureux problème ”, souligne un document du Service des Anciens combattants de l’ambassade de France en Tunisie.
Si l’on pouvait refaire l’Histoire !
Toujours dans le rappel de l’Histoire, soulignons que plus de 50.000 soldats tunisiens furent engagés dans l’armée française pendant la Première Guerre mondiale. Par la suite, près de 45.000 autres participèrent à la Seconde Guerre mondiale et à la guerre d’Indochine. Entre autres faits marquants à l’actif des troupes tunisiennes (qui comptaient également dans leur sein d’autres soldats musulmans) : le 4ème RTT a libéré la ville de Sienne en Italie en juillet 1944, puis les Tunisiens jouèrent une mission déterminante au cours de la libération de Marseille (août 1944), ou encore lors des combats des Vosges et de l’Alsace de l’hiver 1944–1945.
Et pourtant, malgré ces exploits, ils furent —en tout cas pour la plupart d’entre eux— presque oubliés par la France Libre. Car, dès «après les indépendances, une mesure de “cristallisation” a été appliquée aux pensions perçues par les anciens militaires issus des anciennes colonies ou protectorats : leur montant n’était plus indexé sur le coût de la vie comme celui des pensions versées à leurs frères d’armes français, et le temps aidant, il était devenu notoirement insuffisant. En tout état de cause, les pensions étaient sans commune mesure avec la part prise par ces soldats dans la libération de notre pays», lit-on dans le document précité.
Dans ce cas, on imagine l’impatience des pensionnés tunisiens de voir la mise en application des modalités pratiques de la “décristallisation”, annoncée dès le mois d’octobre dernier par M. Mekachera, alors en visite officielle en Tunisie. En effet, le décret n°2003-1044 du novembre 2003, pris pour l’application de l’article 68 de la loi de finances rectificative pour 2002 instituant un dispositif de révision des pensions versées aux ressortissants des pays placés antérieurement sous la souveraineté française résidant hors de France, contient trois dispositifs —un principe simple : à pension identique, un pouvoir d’achat égal ; une solution à long terme et une solution complète. Ainsi, la valeur du point d’indice des pensions versées en Tunisie sera dorénavant fixée en appliquant au point français un coefficient déterminé par comparaison des pouvoirs d’achat de la moyenne des deux pays. Cela signifie que les pensions serons multipliées par 2,5 en moyenne et ce avec un effet rétroactif à compter du 1er janvier 1999. Cette augmentation —et le rappel qui en découlera— sera versée automatiquement sans qu’une demande par les anciens combattants ne soit nécessaire, souligne le document du Service des anciens combattants.
Puis, “chaque année, la parité de pouvoir d’achat en Tunisie et en France sera examinée. En cas d’évolution favorable pour les pensionnés, l’augmentation de la pension interviendra automatiquement, lui permettant ainsi de suivre l’évolution du coût de la vie en Tunisie”.
Enfin, “au-delà de la revalorisation des pensions, le dispositif présenté par M. Mekachera et adopté par le Parlement français met également fin aux discriminations d’ordre juridique apparues en 1991 : les veuves des anciens militaires tunisiens pourront ainsi de nouveau bénéficier de réversion.
De même, comme leurs frères d’armes français, les blessés de guerre et les victimes civiles, qui sont nombreuses en Tunisie, pourront faire prendre en compte les éventuelles aggravations et leurs séquelles de blessures”.
On est bien devant une nouvelle mi-figue mi-raisin, car si les 8.500 à 10.000 anciens combattants et victimes civiles et leurs veuves vivant aujourd’hui en Tunisie vont toucher ce pactole, ceux qui sont morts auront subi cette injustice pour toujours. Et c’est bien dommage ! Alors, doit-on dire “mieux vaut tard que jamais !”, ou bien “le plus tôt serait mieux” ? Sans doute ceux qui sont en vie choisiront le premier proverbe, tandis que nous, à la place de ceux qui sont morts, nous choisissons pour eux le second.
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