Aux Juifs, la capitale du chocolat reconnaissante
Bayonne, capitale du chocolat depuis quatre siècles, comme le proclament fièrement des panneaux à chaque entrée de la ville ? C’est grâce aux émigrés juifs portugais qui, fuyant L’Inquisition au XVIe siècle, se sont réfugiés à Bayonne. Parmi eux, des maîtres chocolatiers aux savoir-faire précieux. L’histoire est connue mais « nous voulons rendre hommage à tous les membres de la communauté juive qui, par la force des événements, ont amené le chocolat et les techniques de fabrication ici. Nous en sommes les héritiers », explique Jean-Michel Barate, maître chocolatier de la maison bayonnaise Daranatz, nouveau président de l’Académie du chocolat créée en 1993.
La 20e édition des Journées du chocolat, vendredi 10 et samedi 11 mai, s’intitule donc « Le chocolat, c’est toute une histoire ! L’apport de la “nation juive” à Bayonne ». C’est au tout début du XVIIe siècle, que les Juifs portugais, repoussés par-delà les remparts, s’établissent à Saint-Esprit, sur la rive droite de l’Adour. Ils créent les premiers ateliers de transformation des fèves en chocolat, mets de luxe destiné aux chanoines de la cathédrale et aux habitants fortunés.
Dès le XVIIIe siècle, le chocolat joue un rôle capital dans l’économie bayonnaise et les échanges commerciaux. Les rivalités et jalousies s’exacerbent. À tel point qu’en 1725, une ordonnance dite des Échevins interdit aux Juifs de fabriquer et de vendre du chocolat dans la ville. L’ordonnance est supprimée en 1767 par le parlement de Bordeaux à la demande des marchands. Sans les Juifs, la qualité n’aurait pas été suffisamment au rendez-vous semble-t-il…
C’est « cette histoire mouvementée » entre les Juifs et le chocolat qu’aborderont l’écrivain Michèle Kahn et l’historien Georges Dalmeyda, lors d’une conférence, vendredi 10 mai, à 16 heures, à la synagogue de Bayonne, rue Maubec, exceptionnellement ouverte.
Leur dire merci
Célébré, récompensé, dégusté sur tous les continents, surtout au XIXe siècle… « Le chocolat bayonnais demeure l’autre incontournable de la ville, avec le jambon. On tient à notre titre de première ville chocolatière de France », insiste le maire, Jean Grenet, lors de la présentation, hier matin, au Musée basque, du programme des Journées (lire ci-contre). Et le maître chocolatier Jean-Michel Barate d’insister : « Bayonne et tout le Pays basque se doivent vraiment de dire merci aux juifs portugais ».
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